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Enquête Plus N° 1085 du 29/1/2015

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3eme session des assises 2014: Des trafiquants chargés comme des mules
Publié le vendredi 30 janvier 2015   |  Enquête Plus


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Hier, lors de la troisième journée des Assises, Michael Offia Kalu (34 ans) et Orondobo Diwere, (43 ans), deux Nigérians, ont été reconnus coupables de détention, trafic international de drogue et de contrebande. Ils ont été condamnés tous les deux à 10 ans de travaux forcés et 5 ans d’emprisonnement pour contrebande et à de fortes amendes.



Dans le dictionnaire des trafiquants de stupéfiants, la ‘’mule’’ peut être décrite comme est une espèce migratrice, transfrontalière, dotée d’une forte capacité à dissimiler de la cocaïne et d’un sens aigu de l’esquive qui la rend insaisissable pour ses prédateurs que sont le ‘’limier’’ et le ‘’Gabelou’’. Malgré toutes ces qualités, nos deux ‘’mules’’ Michael Offia Kalu et Orondobo Diwere, deux Nigérians jugés pour trafic international de cocaïne n’ont pas pu échapper au piège tendu par les douaniers postés à l’aéroport international Léopold Sedar Senghor.

Michael Offia Kalu a été interpellé le 29 juillet 2009 avant son départ pour l’Espagne et soumis à un lavage d’estomac qui a permis la découverte de 16 boulettes équivalentes à 180 grammes de cocaïne. Quelques mois plutôt, 21 boulettes, soit 300 grammes de cocaïne, avaient été découvertes dans la ‘’panse’’ de Diwere Orondobo, en partance pour Madrid, à la suite d’un test urinaire. Après leur procès, ils ont été reconnus coupables de détention, trafic international de drogue et de contrebande. Ils ont été condamnés tous les deux à 10 ans de travaux forcés et 5 ans d’emprisonnement pour contrebande et à 27 millions de francs d’amende, avec confusion des peines, pour le premier Michael Offia Kalu. La même peine a été prononcée dans l’autre affaire concernant Diwere Orondobo avec 45 millions de francs d’amende.

‘’Je prends régulièrement de la cocaïne pour soigner mon asthme’’

Devant la barre, Michael Offia Kalu a reconnu les faits, mais contesté le délit de trafic. ‘’Les 180 grammes de cocaïne que j’avais avalés étaient destinés à un usage thérapeutique. En effet, depuis quelques années, je souffre d’un asthme sévère avec souvent des crises aigues. Ainsi, je prends régulièrement de la cocaïne pour me soigner’’, a-t-il argué devant le président du tribunal. Sur ces paroles, une clameur sourde a traversé la salle d’audience. Des murmures ont résonné, depuis le fond de la salle.

Cette réponse a laissé le président sans voix, après un court silence, il est revenu à la charge : ‘’Qui vous a dit que la cocaïne était un remède contre cette maladie ? ». ‘’C’est un médecin du nom de Badora, basé en Italie, où je vis depuis plusieurs années qui me l’a recommandée. Depuis, j’en consomme pour soulager mon mal », a-t-il dit, en tournant son regard vers le traducteur. « Est-ce que vous avez pu obtenir une ordonnance de ce docteur? ». Il a secoué sa tête en signe de négation, arguant qu’il s’agissait seulement de recommandations de la part du spécialiste italien. Sur l’origine de la drogue, il a révélé au tribunal avoir obtenu la drogue chez un nommé Babacar Sy, qui s’est présenté à lui comme est un policier. Ce dernier lui a offert les 100 grammes de cocaïne, en échange d’un ordinateur portable qu’il avait promis de lui envoyer une fois rentré en Italie avec sa compagne qu’il était venu retrouver au Sénégal.

Prenant la parole, l’avocat général a révélé que la vente de cette drogue aurait rapporté à Michael Offia Kalu, la somme de 9 millions de FCFA. Il a requis, lors de sa plaidoirie, 10 ans de travaux forcés et 27 millions d’amende pour trafic international de drogue. L’avocat de la défense a ensuite pris la parole pour souligner que les tests chimiques attestent de la présence en faible quantité de traces de cocaïne dans les boulettes ingurgitées, ce qui est insuffisant, pour alimenter un trafic. L’avocat a réclamé une application bienveillante de la loi pour ce cas d’usage personnelle de drogue.

Déchéance sociale

Son compatriote Diwere Orondobo, dans l’autre affaire, ne souffrait pas de maladie, mais de déchéance sociale. Soudeur de profession vivant en Espagne, il est venu à Dakar sur proposition d’une femme qui lui a promis 2 000 euros, s’il ramène les boulettes, lors de son voyage retour en Espagne. ‘’Mon père était gravement malade et j’avais besoin d’argent pour payer son hospitalisation. Ce qui m’a poussé à accepter la proposition de cette dame que je ne connaissais pas‘’, a-t-il déclaré avec une pointe de regret.

Devant ses aveux, l’avocat général a demandé la peine maximale, pour ce cas avéré de trafic international : soit 10 ans de travaux forcés et 45 millions de francs d’amende. L’avocat de la défense a souligné la détresse sociale du Nigérian pour susciter la clémence de la cour envers son client. Étant entendu que l’accusé ne présente aucun antécédent judiciaire, avant cette affaire. C’est sur cette dernière intervention que la cour s’est retirée pour délibérer sur les deux affaires.

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