Attendu au Champ de courses où il a l’habitude de faire des déclarations fracassantes, Serigne Moustapha Sy, guide moral des moustarchidine, a partagé une révélation de son père. Il a annoncé qu’un grand malheur va s’abattre sur le Sénégal. Sans plus de précisions.
(Envoyé spécial à Tivaouane) - Au lendemain du gamou, le Champ de courses de Tivaouane a été envahi par des milliers de fidèles moustarchidine. Hier, les préposés à l’organisation ont mis les petits plats dans les grands avec une organisation impeccable. Emmitouflés dans leurs plus beaux habits, étincelants de blancheur, les talibé ont toute la matinée guetté l’ombre de l’actuel khalife des tidiane. Jusqu’au bout, ils ont espéré la présence de Cheikh Ahmed Tidjane Sy Al Makhtoum. En vain !
Finalement, Serigne Moustapha Sy a assuré l’intérim de son père dans cette Agora des moustarchidine. Dans un discours très ésotérique et axé sur l’interrelation que l’âme entretient avec les organes de l’individu, le Prophète (Psl), la pureté et la discipline entre autres, il a tenu en haleine pendant 2 heures le public. Conquis par le phrasé éloquent et pédant du fils du khalife des tidiane, les fidèles multipliaient les salves d’applaudissement. Même si certains avaient du mal à se hisser à son niveau de langage pour décortiquer son message.
A l’image du pater, Serigne Moustapha Sy a dévidé l’avenir du Sénégal. Devant un auditoire médusé, il soutient que plusieurs dangers guettent le Sénégal. Il avance que son père et guide Serigne Cheikh Tidjane Sy lui a fait une révélation : «Il m’a dit qu’un grand malheur va s’abattre sur le Sénégal et que c’est au détour de cette catastrophe que le pays va connaître un vrai développement.» Interloqués, les fidèles tendent davantage les oreilles : «Des hommes de la dimension de Serigne Cheikh ont l’œil rivé sur le Sénégal et les talibé et font d’énormes sacrifices pour protéger le pays.» Ceux qui s’attendaient à des déclarations volcaniques ont sans doute déchanté.
«Je ne suis pas le porte-parole de Serigne Cheikh»
Dans son traditionnel face-à-face avec les talibé, Serigne Moustapha a tenu à apporter des précisions sur cet évènement organisé au Champ de courses. Avec la réconciliation de la famille Sy, plusieurs fidèles croyaient que la célébration en ordre dispersé était révolue. Racontant à ses disciples une anecdote, Serigne Moustapha Sy donne son point de vue à l’assemblée sans heurter les sensibilités : «Une personne est venue me voir pour me dire : «Maintenant que la famille s’est réconciliée est-ce que vous allez continuer à organiser le gamou au champ de courses ?» Certainement il voulait savoir mon opinion mais je lui ai répondu de manière très simple : c’est Serigne Cheikh qui m’avait donné l’ordre de le tenir ici. C’est pourquoi je le fais toujours et s’il me demande de ne plus tenir le gamou ici, je vais le faire.»
Par ailleurs, le guide moral des Mouchtarchidine a fait savoir à ses talibé que la réconciliation de la famille Sy ne peut pas remettre en cause la tenue du gamou à son lieu habituel. A ses yeux, on ne peut pas fermer cette université où s’abreuvent toutes ces personnes. Cette précision est réconfortée par les fidèles qui tiennent à cet évènement comme à la prunelle de leurs yeux. «Depuis 1998, cet évènement se tient sur les lieux. Je n’ai raté aucune édition. Sa mission consiste à former des milliers de gens. Croyez-vous que ce sont uniquement des tidiane qui viennent ici ? Ces gens que vous voyez avec des blocs-notes et stylos prennent des notes parce que vous ne verrez nulle part les enseignements dispensés par Serigne Moustapha. Qu’on nous laisse notre gamou ! Ça n’a rien n’à voir avec ce qui se passe ailleurs», commentent en chœur les talibé.
Dans son speech, il a longuement insisté sur les déclarations attribuées ces derniers temps à Serigne Cheikh Tidjane Sy. Dépositaire unique de la confiance de son père, Serigne Moustapha Sy avance : «Il ne démentira pas, un moment viendra où les gens sauront que rien de tout cela n’est vrai.» Au détour d’une anecdote, il livre à ses talibé le contenu d’une discussion avec une personnalité sur la question du porte-parole de Serigne Cheikh. «Une personnalité m’a demandé un jour si j’étais le porte-parole de Serigne Cheikh Tidjane Sy. Je lui ai répondu : non. Il n’ose pas faire de moi son porte-parole. Ce n’est pas son rôle.» En définitive, il a demandé aux moustarchidine de s’entraider et de cultiver la solidarité en évitant la calomnie.
