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Sud Quotidien N° du 8/11/2013

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Khalifa Sall décidé à aller jusqu’au bout
Publié le samedi 9 novembre 2013   |  Sud Quotidien


Khalifa
© AFP par DR
Khalifa Sall, maire de Dakar


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Même s’il faut en payer le prix politique, Khalifa Sall, le maire de Dakar, avec l’appui l’équipe municipale et le préfet de Dakar, n’entend pas fléchir dans son opération de désengorgement de la capitale et de déguerpissement des marchands et autres tabliers occupant anarchiquement les rues de Dakar. Réunis en conseil municipal avant-hier, jeudi 7 novembre 2013, les élus locaux ont annoncé, en plus des marchés Tilène et des Hlm, le déguerpissement des tabliers des Allées du Centenaire. Prétextant que le commerce est leur gagne-pain, les marchands ambulants rechignent à obtempérer.

Connue jadis pour une ville cosmopolite, Dakar a perdu son lustre d’antan. La capitale sénégalaise souffre de plusieurs maux dont l’occupation anarchique de l’espace et des voies publics par des marchands ambulants et autres tabliers, etc. Toutes les places, avenues et autres trottoirs sont aujourd’hui accaparées par les marchands qui rendent difficile la circulation des voitures et des piétons et la vie des riverains. Des excroissances renvoyant une mauvaise image d’une capitale qui «étouffe», il n’en manque pas dans cette ville. On se croirait dans un souk hebdomadaire rural.

C’est pour y remédier et permettre à la capitale sénégalaise de «respirer» que la mairie de Dakar s’est engagée dans une vaste opération de désengorgement des voies publiques et une meilleure organisation des commerces et marchés. Ainsi, après la fermeture du bâtiment central du marché Sandaga (qui a pris feu une semaine après la mesure) l’heure est au relogement des commerçants concernés par l’arrêté préfectoral. La ville de Dakar, à qui il revient l’application de cette mesure, s’engage au-delà à poursuivre son opération de désengorgement et de libération des artères de la capitale de tous les occupants illégaux entamée il y a quelques mois et ce d’ici le mois de décembre prochain, délai de rigueur.

Mieux, lors de la réunion du conseil municipal de la ville de Dakar qui s’est tenue avant-hier, Khalifa Ababacar Sall, le maire de la capitale a réaffirmé sa détermination de ne pas fléchir dans sa volonté de «relooker» Dakar, quitte à en payer le prix politique. Pour le premier magistrat de la ville, «la décision sera exécutée sans faiblesse" parce que, a-t-il souligné, "on ne peut pas faire du sentimentalisme là dessus». Le maire de Dakar se veut formel, les commerçants qui squattent le marché Sandaga et à l’entour, le marché des Hlm 5, Tilène et les Allés du Centenaire, vont devoir bientôt plier bagages d’ici au mois de décembre.

Cette décision plonge déjà les principaux concernés dans le désarroi. Les occupants des trottoirs ne savent plus à quel saint se vouer. Au niveau des Allées du Centenaires, aux marchés Tilène et Hlm, le constat est partout le même.
«China town» en sursis

En cette fin de matinée de vendredi 8 novembre, les Allées du centenaire présentent leur décor habituel. Le «Marché chinois» grouille de monde. Les marchands étalent leurs produits et guettent le moindre pas d’un client. Cette place très fréquentée fait partie de celles à «assainir» par la mairie de Dakar. La sentence est tombée avant-hier. La mesure sonne comme un coup de massue pour ces jeunes hommes et femmes qui y gagnent leur vie.

Le déguerpissement plonge Modou dans un désespoir total. Trouvé devant son étal de chaussures, il soutient, pour s’en désoler, «on nous a demandé de quitter avant le 15 décembre. Ce qui m’étonne. Qu’est ce que nous allons devenir. Je n’ai pas été à l’école, et je n’ai aucun métier. Le commerce est notre gagne pain».

Ce même sentiment est partagé par Amy. Cette vendeuse de bracelets déplore la décision des autorités de la ville de Dakar en ces termes: «Que Dieu nous préserve de Khalifa Sall («Yalla nagnu yalla moussal si Khalifa Sall» en wolof), qu’il nous laisse en paix. Nous n’avons que cette activité. Si on quitte qu’est ce que nous allons faire», coupe-t-elle, avant même la fin de la question.

Une autre place, même désespoir. Au marché Tiléne, «le réveil» est comme celui des jours ordinaires. Les étals installés depuis les premières heures de la matinée s’étendent sur toute la chaussée. Les piétons se faufilent entre les tables. Les marchands occupent les trottoirs, obligeant piétons et automobilistes et autres véhicules hippomobiles à se partager la chaussée. D’autres automobilistes ne trouvent pas mieux que de stationner tout bonnement sur la route, compliquant du coup la circulation.
Tilène et Hlm: pas question de déguerpir, sans au préalable…

Malgré tout ce désordre, le mot d’ordre est clair ici, il n’est pas question de déguerpir. «On ne peut quitter, on n’a pas autre part où aller. Il faut qu’on nous laisse travailler», a laissé entendre Moussa en plein étalage de sa table de ceinture. Son voisin d’à coté, Malick va plus loin en déclarant que «si la mesure est effective ce sera très difficile pour nous. Mais on ne peut pas enfreindre à la loi. J’espère au moins qu’on nous dira où aller».

Cap sur le marché Hlm, un autre lieu concerné par la mesure des autorités municipales. Très fréquenté en période de fête, il ne perd pas aussi de son ambiance habituelle. Le marché grouille de monde. Même décor que tous les autres marchés visités précédemment. Tous les trottoirs sont occupés. Automobilistes et piétons se disputent les deux axes routiers, créant des embouteillages infernales. Les usagers de la route devront prendre leur mal en patience. Ici, les véhicules avancent à peine, laissant leur fumée polluante s’échapper. Un vacarme insupportable.

Bref, Hlm est «surpeuplé», mais les commerçants établis sur la chaussée ne comptent pas quitter le lieu. Assis sous sa table remplie de vaisselle, Mor pense qu’il est hors question de déguerpir. « Ce que nous gagnons ici, on ne peut pas l’obtenir ailleurs. Nous ne sommes pas aux USA, encore moins en Europe. Nous sommes en Afrique, donc qu’on nous laisse en paix avec nos étals. C’est notre seule source de revenus», martèle-t-il.

Ibrahima BALDE
et Fatou NDIAYE (Stagiaire)

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