Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Senegal    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Enquête Plus N° 1083 du 27/1/2015

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Procès Karim: La nébuleuse Ahs presque à nu
Publié le mercredi 28 janvier 2015   |  Enquête Plus


Le
© aDakar.com par DF
Le procès de Karim Wade s`est ouvert à Dakar
Dakar, le 31 Juillet 2014 -Karim Wade, le fils de l`ex- président de la république du Sénégal, a fait face aux juges de la Cour de Répression de l`Enrichissement Illicite (CREI). Ancien ministre durant le règne de son père, Karim Wade est accusé de s`être enrichi de façon illicite.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le brouillard épais qui embrumait les personnages gravitant autour de Ahs s’éclaircit peu à peu. Les charges des témoins ont levé un coin du voile sur ceux qui se cachent derrière les pseudonymes ou noms de code dans les interactions de la société qui aurait couvert le détournement de 19 milliards dans l’affaire d’enrichissement illicite et de corruption.



HQ1 et HQ2, Albert et Abraham, Pouye et Aboukhalil

Mamadou Pouye continue de s’arc-bouter sur sa position. Il ne connaît pas Albert Paye. Mais jusqu’à quand ses dénégations vont-elles tenir ? Les témoignages convergents et accablants des anciennes personnalités d’Aviation handling services (Ahs) l’ont confondu un peu plus. Après Coumba Diagne, qui a déclaré que c’est Mamadou Pouye qui se cache derrière ce nom, les témoins qui se sont succédé à la barre, hier, ont noirci le tableau pour le prévenu. Dans leurs dépositions, des connivences troublantes ont été établies dans les démarches de Ahs. D’après leurs déclarations, la boîte est un véritable trou noir financier où se sont côtoyés beaucoup d’individus qui ont essayé de couvrir leurs arrières en se dissimulant derrière des appellations fictives.

L’ancien directeur des opérations, Noël Deconinck, et le directeur sécurité environnement sûreté à Ahs, Cheikh Tidiane Ndiaye, ont été formels sur le rôle joué par Ibrahim Aboukhalil et Mamadou Pouye dans cette société. Ces derniers auraient utilisé les dénominations HQ1 et HQ2, pour couvrir leur passage dans la société Ahs. ‘‘Ce sont des noms de code. Je les ai connus pour la première fois, en leur adressant des mails. Le directeur général d’ADGE, Wolfgang P., m’a dit que HQ2 s’appelle Albert alors que c’est Mamadou Pouye que je ne connaissais pas ; Abraham Rosenthal se cachait derrière HQ1. En réalité c’était Ibrahim Aboukalil’’, a-t-il confié. Une véritable patate chaude pour Mamadou Pouye.

Des identités qui étaient tellement protégées que, selon les témoins, quand les deux HQ devaient embarquer ou débarquer, les agents sénégalais des différentes stations des Ahs (Niger, Guinée Equatoriale, Ghana…) étaient confinés dans des locaux. ‘‘Tentative de dissimulation ?’’ demande l’assesseur Magatte Diop. Absolument !’’ répond Cheikh Tidiane Ndiaye. ‘‘HQ (headquarter) n’est pas un nom de code dans les manuels de l’association internationale du transport aérien (IATA) et de l’organisation de l’aviation civile internationale (OACI). Pour moi, les véritables chefs de Ahs étaient HQ 2 (Pouye) dans l’ordre, et HQ 1. Tous les autres directeurs généraux étaient des marionnettes. Quand j’ai cherché à savoir qui ils étaient, j’ai reçu une lettre de blâme de Menzies Afrique. Le directeur était un figurant, il ne pouvait prendre aucune décision.

On comprend maintenant que les deux HQ étaient les vrais administrateurs’’, ajoute Noël Deconinck. Mamadou Pouye a essayé de limiter la casse en prenant le contre-pied de l’ancien directeur des opérations. ‘‘Ce n’étaient pas des marionnettes parce qu’ils avaient des pouvoirs. C’est bien eux qui travaillaient mais il y avait des limites d’intervention dans le budget. Je ne suis pas au-dessus des différents directeurs généraux qui sont passés. La réalité, c’est que dans une société privée, on agit comme on veut’’, s’est défendu le prévenu.

Témoin plus prudent, mais tout aussi accablant, Balla Dièye, superviseur senior des passagers à Malabo, recevait l’ordre de vérifier si les nommés Pouye et Abraham Rosenthal étaient présents dans les vols Air France. Son chef à Ahs Guinée Equatoriale, Serge Demolin, lui demandait de ne pas faire le traitement de ces deux passagers. ‘‘Leurs passeports, je n’y ai jamais touché. Mon travail s’arrêtait au contrôle, pas au départ ni l’arrivée à Malabo. Avant l’atterrissage, on nous appelait pour nous dire de ne pas faire l’arrivée. Il y avait quelque chose qu’on nous cachait. Je ne sais pas, et je n’ai jamais cherché à savoir’’, déclare le témoin. Le seul point positif, pour le prévenu, réside dans le fait que le témoin a déclaré n’avoir jamais vu l’un des trois mis en cause.

Ces témoignages ont mis Mamadou Pouye dans une position tellement inconfortable que la partie civile et le parquet spécial se sont contentés de demander aux témoins de ‘‘confirmer les déclarations faites devant la commission’’.

Mamadou Seck dégage en touche

Le ministre des Transports, en poste en novembre 2002, a nié avoir subi des pressions pour l’octroi de l’agrément à Ahs. C’est lors de la confrontation avec la directrice de l’aviation civile devant la commission, qu’il dit même s’être rappelé cette question. Mamadou Seck a déclaré avoir reçu une demande en bonne et due forme de la part de la direction de l’aviation civile. Ignorait-il que la directrice, Aminata Diop Sall était l’objet d’une pression énorme pour que la procédure soit finalisée en quinze jours ? ‘’Le dossier a été instruit, s’il n’y a pas d’observations, je signe.

Elle a dit avoir subi des pressions mais je me souviens qu’au total, elle a repris le dossier et a signalé que c’était normal. Alors des pressions ? C’est possible ! Au total, ce que j’ai retenu, c’est qu’elle a résisté aux pressions. Elle m’a envoyé un dossier en bonne et due forme que j’ai signé’’, déclare l’ancien président de l’Assemblée nationale. Même si Karim Wade lui a présenté ‘‘ses amis d’enfance, Mamadou Pouye et Ely Manel Diop’’ pour les aider, l’ex-ministre a été formel. ‘‘J’interviens selon les règles et les lois. Quand j’ai dit que je les aidais, ce n’est pas en tordant les lois et règlements’’, se défend-il. La nécessité de casser le monopole de Sénégal handling services (Shs), héritière de Air Afrique, et d’introduire la concurrence, est l’autre raison qui a dicté le choix de donner l’agrément à Ahs. Mais de l’avis de Léon Michel Seck, gestionnaire de vol à Shs, les pratiques irrégulières des dirigeants supposés de Ahs étaient fréquentes.

‘’Karim Wade lui-même a eu à exercer des pressions sur Shs lors du pèlerinage à La Mecque de 2011. Il a prétexté que nous n’avions pas de licence d’exploitation. Il a demandé à ce que Shs dégage alors qu’il savait qu’il n’y avait que deux sociétés d’assistance au sol’’, confie M. Seck. Le gestionnaire a également dénoncé le dumping de Ahs pour gagner des parts de marché. Des compagnies aériennes ont ainsi préféré signer avec Ahs qui avait volontairement baissé ses tarifs en deçà du prix plancher au désavantage de Shs.

Les rumeurs selon lesquelles Karim Wade a contraint le propriétaire de CSTT/AO Lamine Guèye, actionnaire à Shs, à céder ses actions à Joseph Diop pour que Ahs entre dans le capital de Shs sont manifestement infondées. En tout cas, le prévenu Mamadou Pouye a réussi à faire se rétracter M. Seck de ses déclarations à la commission de la CREI : ‘‘Le nommé Lamine Guèye ne m’a jamais tenu de tels propos’’, a déclaré Léon Michel Seck.

Thavashnee Moodley épaule son mari

Le témoignage de la femme de Mamadou Pouye a retenu toutes les attentions. Des coups d’œil furtifs entre la Cour et le box des accusés où est assis son mari. Ce dernier qui avait l’habitude de saluer systématiquement les témoins, a tapoté l’épaule de son épouse avant de s’asseoir à côté de l’interprète. Teint clair, élancée, Thavashnee qui parle anglais n’a pas eu besoin, par moments, d’interprète. S’exprimant assez clairement dans la langue de Molière, elle a réussi à placer : ‘‘J’ai confiance en mon mari, je ne connais pas plus honnête que lui.’’

Une déclaration qui fait suite à la question du président de savoir si elle avait vu les statuts de Menzies, société-mère des Ahs, dans laquelle son époux détient 10 % des actions. Cette femme au foyer, mariée à Mamadou Pouye depuis 2000, a déclaré que les seuls virements bancaires dont elle avait connaissance concernaient les sommes relatives à l’entretien du foyer. Concernant l’identité controversée du prévenu, elle confirme ne pas connaître Albert Paye, ni l’adresse mail imputée au prévenu. Elle a abondé dans le même sens que les déclarations de son époux à savoir qu’elle l’appelle Pape, mais est au courant que, depuis son business school de Paris, il se faisait appeler Albert. Un petit nom qu’elle utilise fréquemment pour le taquiner.

 Commentaires