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Sud Quotidien N° 6211 du 10/1/2014

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Casamance- Incident du Bâteau Aline Sitoe Diatta: L’arbre qui cache la forêt du désenclavement
Publié le vendredi 10 janvier 2014   |  Sud Quotidien


Bateau
© Autre presse
Bateau Aline Sitoé Diatta
Le bateau assure la navette entre Dakar et Ziguinchor


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Le bateau Aline Sitoé Diatta a rebroussé chemin le mercredi 8 janvier dernier avec ses passagers à destination de Ziguinchor, pour accoster à la Gare maritime internationale de Dakar d'où il est parti la veille. Une «houle dangereuse» avec des vagues de plus trois mètres à l'embouchure du Fleuve Casamance a provoqué la destruction et le déplacement de balises renseignant sur les zones de navigabilité. Cette situation réactualise la question du dragage du fleuve Casamance dont le financement a été pourtant scellé depuis 2010.

Les mauvaises conditions météorologiques à l’embouchure du fleuve Casamance, le mercredi 8 janvier dernier, avec la présence d’une «houle dangereuse» avec des vagues dépassant les trois mètres de hauteur, ont contraint le bateau Aline Sitoé Diatta qui assure la desserte maritime Dakar-Ziguinchor, à faire demi-tour sur Dakar. Cet incident est une première.

Depuis sa mise en eau, en 2008 au Sénégal (pour les navettes commerciales), c’est la première fois qua pareille situation se produise: à cause des mauvaises conditions climatiques, Aline Sitoé Diatta en partance pour Ziguinchor où il devrait accoster le mercredi matin, a rebroussé chemin avec à bord, en plus des membres de l’équipage, tous les voyageurs et leurs bagages. Fort heureusement ils sont arrivés à bon port hier, jeudi matin vers 06h.

Si l’on en croit Abdou Salam Kane, directeur d’exploitation et commercial auprès de la direction du Consortium sénégalais d'activités maritimes (Cosama), structure en charge de l’exploitation et de la gestion de ce navire, c’est aux alentours de huit-heures du matin que le navire est arrivée à hauteur de l’embouchure du fleuve Casamance où la houle faisait monter des vagues à plus de trois mètre (de hauteurs). Cette houle qui a duré 10h a provoqué la disparition de nombreuses bouées sur le chenal. Face à cette situation que le Commandant de bord de trouvé, selon lui, «plus sage de faire retourner les passagers à bord du navire jusqu’à Dakar, après une longue attente de près de huit tours d’horloge en plein mer d’un retour désespérer à la normale».

Cependant, il convient de rappeler que si cet épisode provoqué par les conditions météorologiques constitue une première depuis que ce bateau a commencé ses navettes commerciales entre la capitale sénégalaise et la région méridionale du pays, Aline Sitoé Diatta n’en est pas à son premier incident au niveau de l’embouchure du fleuve Casamance. C’est la deuxième fois que ce navire rencontre des problèmes au niveau de cette zone où le fleuve Casamance se jette dans l’océan Atlantique en raison de la profondeur des eaux qui ne répond pas aux normes.

En 2012 déjà, ce navire qui avait à son bord 375 passagers dont 15 enfants ainsi que 14 bébés, 44 tonnes de marchandises dont 11 véhicules et 5 motos, avait accusé un retard de plus de quatre heures suite à son enlisement dans les sables marins à l’entrée de cette zone. Il a fallu moult tentatives du Commandant de bord qui, par ses moyens propres, a réussi à faire libérer Aline Sitoé Diatta des sables. Le navire avait finalement accosté au port de Ziguinchor avec un grand retard. Plus de peur que de mal.

Les informations recueillies au niveau du plan de sonde du bord indiquaient clairement que le navire a échoué en plein milieu du chenal, sur un banc de sable isolé à la position sus évoquée. Ce constat avait fait sortir de sa réserve le Commandant Seydou Diallo, Directeur général du Cosama: «le dragage du fleuve Casamance est la solution» pour éviter pareil incident, avait-il prévenu. Aujourd’hui, comme en 2012, la question du dragage du fleuve Casamance est plus que jamais d’actualité surtout en ce sens que le pic des houles est prévue entre le mois de février et mars. Mieux, l’arrivée des deux nouveaux bateaux Aguène et Diambone dont la date de réception est fixée pour le mois de juillet au plus tard, selon Abdou Salam Kane, directeur d’exploitation et commercial du Cosama, devrait pousser les autorités à accélérer la cadence pour leur mise en eau dans de bonnes conditions, au grand bonheur des populations.
Plus que des promesses, des actes

L’incident qui a obligé le navire en route vers Ziguinchor à faire demi-tour, a été géré de la façon la plus sage et rappelle au bon souvenir le «Projet ORIO» dans le cadre duquel le dragage du fleuve Casamance devrait être effectif.
D’un coût provisoire d’environ 32 millions d’euros, soit près de 21 milliards de F Cfa, le programme de dragage du fleuve Casamance, une composante du «Projet ORIO», entre la coopération Hollandaise des Pays-Bas et la République du Sénégal, à travers le ministère de l’Economie maritime, via l’Agence nationale des Affaires maritimes (Anam) a été accepté le 21 septembre 2010. Il prévoyait notamment le dragage de ce fleuve de l’embouchure au port de Ziguinchor (soit 200 kilomètre) à une profondeur de 7 mètres sur une largeur de chenal de 400 mètres. Soit 1 350 000 m3 de sables à draguer. Toujours dans le cadre de ce projet, il était également prévu la réalisation des outils modernes d’aide à la navigation sur le chenal et une zone d’hydrocarbures d’une capacité de stockage pouvant satisfaire les besoins de la région naturelle de la Casamance et ceux des pays limitrophes (Guinée Bissau, Guinée Conakry et Gambie). 
DRAGAGEDU FLEUVE - Les études d’impacts retardent le démarrage des travaux

Plus de trois ans après, force est de constater qu’aucun grain de sable n’a été extrait des profondeurs de ce fleuve encore moins la réalisation des outils modernes d’aide à la navigation sur le chenal et une zone d’hydrocarbures d’une capacité de stockage pouvant satisfaire les besoins de la région naturelle de la Casamance et ceux des pays limitrophes, comme prévu dans le projet.

Du côté du ministère de l’Economie maritime, notamment à l’Agence nationale des Affaires maritimes (Anam), organe chargé de la réalisation du projet qui devrait ouvrir le port de Ziguinchor aux grands bateaux de transport de marchandises, ce retard est due à l’exécution des études de faisabilité de ce projet. «Ce projet avance très bien avec la coopération Hollandaise des Pays-Bas. Le fleuve Casamance n’a jamais été dragué. Il fallait donc des études assez approfondies et arriver à un schéma ou un modèle qui puisse permettre de contenir tous les effets consécutifs à ce dragage», informe une source à l’Anam.

A son avis, le dragage n’est pas sans conséquence sur le comportement du fleuve. «Car ce travail est une opération qui n’est pas sans conséquence sur le comportement du cours d’eau. Mais je peux vous assurer que le projet est aujourd’hui à un niveau très avancé et les travaux de dragage vont être lancés dans les tous prochains jours puisque nous avons fini ces études», rassure la même source contactée à l’Anam. Et de préciser, par ailleurs, que le lancement des documents d’appel d’offres se fera «incessamment» en vue de sélectionner des entreprises qui vont se charger d’extraire les 1 350 000 m3 de sables le long des 200 km reliant l’embouchure au port de Ziguinchor.

Outre ces dispositions, notre source a tenu aussi à rassurer quant à la reprise des activités du bateau Aline Sitoé Diatta. D’après elle, des mesures à court termes ont été prises par l’Anam pour permettre la reprise des navettes prévue demain samedi. «Le balisage a été fortement endommagé par le mauvais temps. Les bouées qui indiquent le chemin, le passage sécurisé au niveau de l’embouchure et du fleuve ont disparu à cause de l’intensité de la houle. Nous avons dépêché une mission des phares et balises pour remettre le plus rapidement possible le dispositif du balisage. Cette mission restera sur place jusqu’à ce que tout redevienne normal. Nous resterons toujours en veille tant que les conditions de la météo l’exigent».
EN ATTENDANT L’ACQUISITION D’UN SECOND BATEAU - Prendre son mal en patience

A l’image du projet de réalisation des travaux de dragage du fleuve Casamance, l’acquisition d’un second bateau constitue aussi une des promesses faites aux populations de la région Sud du pays par les autorités publiques et qui tarde à se réaliser.

Annoncé en premier lieu par l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, suite à l’audience qu’il a accordée à une délégation du Collectif des cadres casamançais, la livraison de ce navire avait était prévue pour fin décembre 2010 d’abord, ensuite le 20 décembre 2011. Débarquer du pouvoir le 25 mars 2012, soit trois mois après l’expiration du délai fixé, le pape du Sopi est parti avec sa promesse.

Avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, c’est Pape Diouf, alors ministre de la Pêche et des Affaires maritimes qui est monté au créneau pour remettre sur la table cette question du bateau, le mercredi 26 septembre 2012, sur le plateau du journal télévisé de «20H» de la télévision nationale, en annonçant une commande de deux bateaux par l’Etat du Sénégal. Ces derniers seraient en construction à Séoul, en Corée du Sud et seraient livrés dans deux ans, donc en 2014.

Aujourd’hui, du côté du Cosama, on continue de croire à ce deadline du ministre chargé de la Pêche et des Affaires maritimes. Les deux bateaux baptisés Aguène et Diambone (figures mythiques de la fraternité entre Diolas et Sérères), sont «en construction à Busan (Corée du Sud). Nous sommes partis les visiter», a rassuré Abdou Salam Kane, directeur d’exploitation et commercial du Cosama. Il ajoute qu’une délégation sénégalaise a même pris part à la cérémonie de mise à l’eau du navire Aguène, à Busan, il y a de cela quelque mois. Ce dernier serait en finition, a-t-il indiqué.

Selon lui, Diambone, le second bateau, a aussi été mis à l’eau la semaine dernière, précisant que les deux navires seront à Dakar au plus tard au mois de juillet. Le directeur d’exploitation et commercial du Cosama a annoncé l’envoi dans les deux prochains mois, d’une équipe de marins sénégalais en Corée pour se familiariser avec les deux bateaux d’une capacité de 212 places chacun et de fret de 450 à 500 tonnes, avant leur arrivée à Dakar.

En attend, les populations vont continuer à prendre leur mal en patience. La transgambienne cahoteuse et problématique, accroît la nécessité voire l’urgence d’une voie de contournement de la Gambie par Tamba. Le navire Aline Sitoé Diatta qui reste le seul moyen véritable de communication vers le Sud n’est pas toujours accessible. La demande étant supérieure à l’offre, il faut acheter son billet plusieurs jours voir des semaines à l’avance, surtout en période de fêtes ou de grands événements, pour s’assurer de voyager à bord de ce navire à date prévu.

Quid de l’avion? Non seulement le trafic aérien n’est pas régulier parce que battant de l’aile, mais l’avion est hors de portée des bourses pour l’écrasante majorité des populations. Autant de problèmes qui font du désenclavement de la Casamance une urgence, une super priorité, au-delà de la recherche d’une paix définitive dans cette région méridionale.

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