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Enquête Plus N° 1082 du 26/1/2015

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Acte 3 de la Décentralisation: Des experts dénoncent la suppression des districts sanitaires
Publié le mardi 27 janvier 2015   |  Enquête Plus


L’hôpital
© Autre presse par DR
L’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar


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La suppression envisagée des districts de santé ne sera pas sans lourdes conséquences, selon des experts en santé publique. En déphasage quant aux nouvelles orientations de l’Etat, ils tirent, depuis plus d’un mois, la sonnette d’alarme sur les incidences négatives de l’Acte 3 de la décentralisation et de la réforme du district sur le système de santé. Ils ont, à cet effet, produit un mémorandum pour montrer que cette réforme n’est pas la meilleure option pour une impulsion vitale du secteur.



Les experts en santé continuent toujours de manifester leurs inquiétudes face à la réforme des districts sanitaires, conséquence de l’Acte 3 de la décentralisation. Dans cette perspective, ils estiment que ‘’les pouvoirs publics devraient revoir les modalités du transfert de la compétence Santé à des Collectivités locales encore trop politisées. Et ce d’autant que la quasi-totalité d’entre elles disposent de capacités technico-administratives encore embryonnaires et doivent faire l’apprentissage d’un véritable développement local.’’

A travers un mémorandum publié au mois de décembre, à l’issue de différents ateliers sur la réforme des districts, les professionnels de la santé craignent que l’Etat ne soit passé à côté de l’efficience. Outre la nécessité d’un débat de fond sur la réforme du district, il était plus judicieux, à leurs yeux, de maintenir le statut quo à défaut de tirer des enseignements de la politique de la décentralisation commencée en 1996.

En effet, dans le document, ils mettent en exergue les multiples difficultés auxquelles ce secteur fait face suite aux dernières réformes. Elles ont, entre autres, pour noms ‘’ léthargie ou non-fonctionnalité des comités de gestion, absence de mise à disposition partielle ou totale des fonds de dotation décentralisés au niveau des structures sanitaires (districts, hôpitaux), absence de définition des rôles et responsabilités des différents acteurs, non-prise en compte du concept de district sanitaire par les textes de la décentralisation, insuffisance de l’implication des collectivités locales dans les activités préventives et promotionnelles de santé’’.

Vers une faillite totale ?

Dès lors, la décision prise par les autorités d’ériger les centres de santé en établissements publics de santé, ‘’couplée à la volonté de supprimer les districts sanitaires, conduirait à transposer la crise hospitalière au niveau du système de santé local et sonnerait le glas de la stratégie des soins de santé primaires’’.

Avec l’absence d’une évaluation exhaustive de la loi sur la décentralisation, ces techniciens craignent que le secteur de la santé ne s’enlise dans un écheveau de problèmes. Car jusque-là, des ‘’conséquences catastrophiques en termes de santé publique’’ ont été enregistrées avec l’érection des centres de santé de référence de 10 districts sanitaires en Etablissements Publics de Santé (EPS) de Niveau 1, à travers le décret n°2010-774 du 15 juin 2010.

Des difficultés n’ont pas manqué dans les dix districts concernés par ce décret, à Guédiawaye, Rufisque, Touba, Tivaouane, Mbour, Linguère, Kaffrine, Richard-Toll, Sédhiou et Dakar-Sud. Le cas le plus patent est celui de la maternité du centre de santé de Guédiawaye. ‘’Classée première maternité, après fermeture de la maternité de Le Dantec, du point de vue du nombre d’accouchements, elle finit par péricliter.’’

Même scénario du côté de l’hôpital Youssou Mbargane Diop de Rufisque. Lequel malgré son changement de statut n’a connu aucune amélioration de son plateau technique. ‘’Cette décision d’ériger des centres de santé de référence en EPS 1 était d’autant plus injustifiée que le système hospitalier était plongé dans une crise profonde‘’, croient savoir les experts.

Suppression des districts sanitaires

Sur le même registre, les experts de la santé demandent à l’état de mettre la pédale douce dans sa volonté de revoir la configuration des districts sanitaires. Une décision qui ne se justifie pas dans la mesure où ils considèrent que ‘’c’est une aire géographique de proximité, dont la densité du maillage garantit aux populations la proximité du personnel de santé, gage d’équité, en conformité avec la philosophie qui sous-tend la couverture sanitaire universelle’’.

D’ailleurs, la contribution de ces districts a été de taille dans la lutte contre le virus Ebola au Sénégal et dans la mise en œuvre des activités préventives. En guise d’exemple, les professionnels de la santé saluent les réalisations concrètes en termes de vaccination, éradication de la polio, contrôle de la rougeole, suivi pré- et postnatal, planning familial, survie de l’enfant, lutte contre les maladies diarrhéiques, suivi et promotion de la croissance, ….

Par ailleurs, de l’avis des experts, la ‘’séparation des fonctions de soins et de gestion, avec comme conséquence la suppression du cumul des fonctions de médecin-chef de district et de médecin-chef du centre de santé de référence’’ n’est pas sans lourdes conséquences, de même que le remplacement des comités de santé, organes de participation communautaire, par des comités de développement de la Santé présidés par les maires. ‘’Avec cette érection des centres de santé en établissements publics de santé de niveau 1 (EPS 1) dont les conseils d’administration seront présidés par les présidents des conseils départementaux ou les maires de Villes,’’ le secteur sera, à leurs yeux, davantage fragilisé.

Autre grief, le fait de vouloir ‘’privilégier les établissements hospitaliers au détriment du système de santé de district’’ démontre à leurs yeux que ‘’les réformes proposées ne tiennent aucunement compte des leçons tirées de la gestion peu satisfaisante du transfert de la compétence Santé et Action sociale aux collectivités locales, depuis 1996.‘’

La mise en place d’une région médicale en lieu et place

En outre, la création de 45 services départementaux de la santé et de l’action sociale (SDSAS), en lieu et place des 76 districts actuels, ‘’dans le souci de répondre à la nouvelle Collectivité locale qu’est le Département, pose un réel problème de cohérence, mais surtout d’équité en raison de la variabilité de la carte sanitaire et de la disparité des plateaux techniques des structures socio-sanitaires au sein des innombrables communes que compte désormais notre pays’’, souligne le document.

Les experts plaident plutôt pour le maintien des districts actuels. Car ils sont d’avis ‘’qu’une DRSAS ou Région Médicale devrait amplement suffire. Elle jouerait un rôle d’appui et de supervision des districts et servirait d’interface avec le niveau central’’.

Dans ce schéma, ‘’le préfet du département pourrait avoir comme répondant le médecin-chef du district, se trouvant au niveau de la capitale départementale et dont le profil pourrait être décrit de manière à ce qu’il soit le médecin le plus ancien dans le grade le plus élevé’’. On pourrait aussi laisser le préfet interagir avec chacun de ses médecins de districts qui sont tous membres du comité départemental de développement (CDD), pour éviter de multiplier les structures de gestion et de coordination.

Par ailleurs, ‘’le souhait des autorités de faire coïncider les limites de chaque district avec celles du département correspondant va aboutir à la création d’entités surdimensionnées avec des populations entre 500 000 et 1 000 000 d’habitants (Dakar, Thiès), ce qui est contraire aux normes qui fixent le nombre entre 50 000 et 300 000 habitants’’.

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