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L'Observateur N° 3090 du 9/1/2014

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Relations tendues entre le président de la République et son premier ministre - Comment le «feu» a été attisé
Publié le jeudi 9 janvier 2014   |  L'Observateur


Aminatata
© Autre presse
Aminatata Touré
Premier ministre du Sénégal


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Les premiers éléments de la «brouille» entre Macky Sall et Aminata Touré sont révélés. L’affaire cache des enjeux et livre les secrets d’une bataille aux multiples ramifications.

Les griefs de Macky. Au début, c’était juste de petites incompréhensions qui n’avaient pas réellement affecté les relations entre le chef de l’Etat et son Premier ministre. Macky Sall ne digérait pas d’être mis devant le fait accompli sur certains dossiers pilotés par le chef du Gouvernement. Non plus, le président de la République ne comprenait pas que certaines de ses positions relatives à la campagne agricole, au Projet du Sénégal émergent, ne soient pas partagées par son Premier ministre. Pourtant, malgré ces petites divergences, les deux responsables s’accommodaient de cette situation. La confiance dans la collaboration n’a pas souffert de ces écarts. Macky et Mimi gèrent en douce. Jusqu’à ce qu’une volonté du Premier ministre ne fasse exploser la situation.

Quand Mimi voulait le départ de deux ministres du Gouvernement. Le «différend» entre le chef de l’Etat et son Premier ministre a été amplifié par la proposition faite, depuis quelque temps, par Mimi Touré, de retoucher l’attelage gouvernemental qu’elle dirige. Mais, pour des considérations géopolitiques, Macky Sall tarde à donner suite à la proposition de sa première collaboratrice. Le Premier ministre s’accommode mal de la présence de deux membres de son équipe. Si d’aucuns parlent d’antécédents ayant des allures de rivalités dans la préséance alors qu’ils étaient tous ministres dans le gouvernement d’Abdoul Mbaye, d’autres parlent d’incompétence brandie par le Premier ministre, et même de manque d’initiatives pour suivre la cadence du gouvernement. Aussi voudrait-elle les faire remplacer par deux hauts cadres. Informé des tractations du chef du gouvernement, l’un des ministres en question s’est investi pour son maintien en ratissant large dans tous les milieux susceptibles de faire fléchir éventuellement le chef de l’Etat, s’il était amené à entériner son limogeage. Ses parrains ont, à leur tour, activé des faucons établis dans l’entourage présidentiel, lesquels ont même mis à contribution des chefs religieux ayant l’oreille du Président Sall pour qu’ils puissent le travailler à corps.

Obligé de s’en ouvrir à quelques responsables de son parti et à ses conseillers en la matière, l’affaire a fuité. Pour autant, le Président et son Premier ministre n’en sont pas à une situation de tiraillement, même si Macky Sall ne soit pas dans les dispositions de donner une suite favorable à la proposition de Mimi Touré. Une position présidentielle qui aurait froissé le chef du Gouvernement, mais qui se garde de trop tirer sur la corde. Les relations entre les deux têtes de l’Exécutif se refroidissent. Devant cette situation, des conseillers de la Présidence de la République, de la Primature et des personnes influentes dans le système cogitent sur le modus operandi à adopter pour mettre un terme aux «supputations» qui commencent à tirer vers une brouille ouverte. Pendant ce temps, les deux ministres dont la tête est réclamée par Mimi Touré profitent de cette occasion pour solder des comptes. Un plan est ourdi pour communiquer à outrance sur la brouille, une manière de pousser Macky Sall et Mimi Touré à la rupture. A ces «frustrés», s’ajoutent la colère d’autres membres du Gouvernement qui se plaignent de la pression morale «inutile» que le Premier ministre exerce sur eux au nom «d’une prétendue accélération de la cadence» promise à la sortie de sa première audience avec le chef de l’Etat en tant que chef du Gouvernement.

Ces faits qui ont frustré le Premier ministre. D’ailleurs, lors des discussions informelles avec le chef de l’Etat, le Premier ministre s’est aperçue que, lorsqu’elle donne des directives aux ministres du Gouvernement, certains s’en réfèrent presque toujours au président de la République lui-même, ou au moins à certains conseillers à la Présidence, avant de se résoudre à exécuter les instructions du chef du Gouvernement, s’ils n’ont pas réussi à les faire reconsidérer en haut lieu. Mimi Touré aurait supporté cette situation sur plusieurs dossiers avant de commencer à manifester des signes de désapprobation de cette conduite de membres de son équipe. La réplique apportée, consistant en une attitude de fermeté vis-à-vis des auteurs des faits, aura été à la dimension de la frustration subie, sans grand bruit.

Pourquoi les responsables n’ont pas défendu Mimi. L’affaire connaît aussi une dimension politique. Le «feu» est attisé par les doux soufflements des «adversaires». Le manque d’implication affiché de Aminata Touré dans le fonctionnement et le renforcement de l’Alliance pour la République lui coûte des critiques très vives. D’ailleurs, certains responsables lui dénient même son appartenance au parti de Macky Sall. D’autres rappellent qu’entre les deux tours de la Présidentielle, elle avait soutenu dans la presse n’être pas un membre du parti, mais plutôt une personnalité convaincue par le programme de Macky Sall. Cet éloignement du Premier ministre du terrain politico-politicien peut aussi expliquer le silence «bavard» des responsables du parti devant le lynchage médiatique dont elle est victime. Depuis que les sorties se multiplient contre elle, aucun «grand» responsable du parti n’est monté au créneau pour prendre sa défense. A la place d’un soutien, c’est plutôt la suppression de la Primature qui est agitée dans le cercle de l’Apr.

Le Palais dans un dilemme. Cette incompréhension entre Macky Sall et Mimi Touré a fait l’objet d’une discussion à la Présidence de la République. Certains conseillers sont d’avis que les contours de l’affaire devraient être évoqués en Conseil des ministres, insérés dans un contexte plus général de la réunion hebdomadaire, pour aplanir les incompréhensions. Une proposition battue en brèche par un pôle de ministres-conseillers s’y est opposé, arguant que l’Alliance pour la République (Apr) avait des alliés dans le Gouvernement et que l’affaire, même si elle n’est point une dualité au sommet de l’Etat, devait être gérée en cuisine interne entre «apéristes». La réunion du Conseil des ministres de ce matin pourrait faire la lumière sur certaines zones d’ombre. A moins d’une reconsidération tardive de la position de la Présidence de la République.

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