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Le Soleil N° 13037 du 8/11/2013

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Centre de formation Anne Marie Diokh : Le manque de moyens plombe les grandes ambitions
Publié le vendredi 8 novembre 2013   |  Le Soleil




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Anne Marie Dioh, ancienne internationale de basket, inculque les valeurs de la balle orange à ses protégés à l’’école de basket qui porte son nom. Bâtie autour de fortes valeurs morales, cette structure peine cependant à prendre son envol faute de moyens financiers conséquents.

Au terrain de basket de Liberté 2 situé en face de Dakar Sacré-Cœur, règne une ambiance inhabituelle en cette matinée de samedi. Les jeunes pensionnaires du Centre de basket Anne Marie Dioh qui en ont fait leur terrain d’entraînement s’essaient à des phases de jeu plus ou moins désordonnées avec des passes imparfaites, des dribbles ratés ou encore des lancer francs mal ajustés.

« Ils sont restés longtemps sans s’entraîner », justifie Anne Marie. À la fin de l’année scolaire, les pensionnaires du Centre AMD avaient pris congé des parquets pour n’y revenir qu’en novembre. Par une méthode d’enseignement qui allie passion et rigueur, Anne Marie inculque à ses poulains, âgés entre 7 et 17 ans, des valeurs solides du basket. Penda Sow, élève en classe de CM2, ne dit pas autre chose. « J’ai vu les vraies valeurs du basket grâce à ce centre. J’ai surtout été fascinée par les dribbles des « Lionnes » ainsi que par leur façon de jouer».

Ayant débuté sa carrière à la Jeanne d’Arc, Anne Marie Diakh dit partager son « expérience avec les enfants, afin qu’ils puissent prendre la relève». Sur ce parquet, la ferveur juvénile affleure et attire les riverains. Les passants s’arrêtent par moments et repartent après un court instant de « magie ». Une magie qui s’invite tout autant dans le cœur d’Anne Marie que ses élèves voient comme une seconde maman.

« Je suis leur maman. Je leur donne des conseils sur le basket, mais aussi sur la vie tout court. J’ai des élèves en âge de puberté, donc ce n’est pas évident qu’ils empruntent le droit chemin, s’agissant surtout des filles. Ainsi, j’appuie leurs parents afin que ces jeunes puissent faire une carrière sans faute et avancer dignement dans la vie. Je fais donc en sorte qu’ils soient dans des conditions meilleures que celles que j’ai connues », souffle-t-elle avec douceur et patience. Cependant, derrière cet air très sensible se cache une enseignante très à cheval sur le règlement intérieur.

Le respect des heures d’entraînement, le port de la tenue ou encore le respect des anciens constituent des point sur lesquels l’ancienne internationale ne badine pas. En effet, plusieurs catégories se côtoient dans ce centre : minimes, cadets, juniors et séniors. La tâche est donc lourde, mais le plaisir de voir les pensionnaires accomplir des prouesses prédomine. « On espère inculquer à ces enfants de nouvelles choses. Ce n’est pas une tache facile, c’est vrai ; mais on essaie de nous adapter à chaque enfant. Certains sont doués de naissance et d’autres ont un niveau d’assimilation très lent, mais nous leur offrons un enseignement sur mesure pour éviter que les enfants moins bons se fassent piétiner par les autres. C’est comme à l’école ».

Une école aux milles maux…

Pour mettre sur pied ce centre de basket, il a fallu à Anne Marie remuer terre et ciel. Créée le 4 juillet 1999, la structure a bénéficié de la générosité des frères du collège Sacré-Cœur qui lui ont prêté leur terrain de basket est quelque peu usé avec beaucoup de crevasses. « Ce n’est pas facile d’assurer la tenue de mon centre parce qu’il n’y a pas assez de moyens. Ma volonté et celle de mon mari qui m’accompagne partout où je vais, sont les seuls piliers de ce centre de basket », dit, d’une voix tremblotante, l’ancienne joueuse de la JA. Entourée d’une dizaine de techniciens du basket, la fondatrice du centre AMD se dit fière de tenir tant bien que mal son pari. Chez elle, ce ne sont pas les ambitions qui manquent, c’est seulement les moyens qui ne suivent pas.

Allier sports et études constitue l’une des priorités majeures des dirigeants de ce centre. Anne Marie ne rate jamais l’occasion de vérifier les résultats scolaires de ses protégés.
« Je m’enquiers personnellement, chaque trimestre, de ce que les enfants que je forme font à l’école. Si le résultat n’est pas satisfaisant, le concerné est temporairement renvoyé ». Cette disposition, elle la prend dans le cadre de sa politique de soutien aux parents sur le plan éducatif. « On espère former de futurs basketteurs, mais aussi des cadres », soutient-elle. Nanette Ndour, l’un de ses protégés, élève en classe de terminale, a son avis sur le mariage sports-études.

« En jouant au basket, je me sens libre, je suis capable d’exprimer toutes mes émotions quand je tiens le ballon. Surtout qu’ici, on est en famille. J’espère allier sports et études, et plus tard jouer en équipe nationale. Ce n’est pas difficile, il faut juste savoir comment gérer son temps, car j’aimerai devenir comptable plus tard». Hélas, Anne Marie Diokh peine à avoir un site approprié à l’enseignement proposé. Le seul revenu repose sur le montant que versent les enfants en guise d’inscription et de mensualité.

Ce qui, d’après elle, « n’arrive pas à faire tenir l’école ». Cette situation, pour le moins préoccupante, la pousserait même à puiser dans ses propres ressources et d’accepter l’aide financière de certains parents « pour des conditions d’apprentissage plus décentes. Malheureusement, nous n’avons pas de subventions ni de l’Etat, ni d’un quelconque organisme». Une aide qui, selon elle, serait « bien méritée », en guise d’« hommage aux anciennes basketteuses » qui ont mouillé le maillot pour défendre les couleurs nationales.

Fatou Oulèye SAMBOU (Stagiaire)

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