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Sud Quotidien N° 6505 du 10/1/2015

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Modernisation des daaras au Sénégal: Un projet de loi mal perçu par les acteurs
Publié le lundi 12 janvier 2015   |  Sud Quotidien


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© Autre presse par DR
Des enfants talibés (les disciples) mendiant dans les rues, au Sénégal


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La question de la modernisation des daaras divise l’Etat et tous les acteurs concernés (arabisants et familles religieuses). Pour aider les Sénégalais à mieux comprendre le contenu du projet de loi et les enjeux alentour du Projet d’appui à la modernisation des daaras (Pamod), Sud Quotidien revisite pour vous les différentes positions par les textes.
Le Sénégal veut moderniser l’enseignement et le fonctionnement des «daaras» (écoles coraniques). Dans son rapport de présentation du projet de loi fixant les conditions d’ouverture et de contrôle des «daaras», Sérigne Mbaye Thiam, ministre de l’Education nationale, partant du constat d’une «absence d’un cadre d’harmonisation et de coordination de multiples actions spontanées, menées de manière éparse, sans situation de référence et dans des conditions d’apprentissage souvent précaires», a émis la nécessité de changer leur mode de fonctionnement.

Le ministre de l’Education nationale a également relevé «une absence de formation pédagogique initiale et continue des maîtres coraniques, une absence de programmes et de médium d’enseignement harmonisés, des insuffisances dans la planification et la gestion des activités pédagogiques, mais aussi le manque de fonctionnalité de leurs locaux, respectant rarement les normes d’hygiène et de salubrité».

C’est bien dans le souci de pallier ces insuffisances, que l’Etat a estimé «nécessaire», à la suite de l’adoption du projet de loi portant statut du daara (qui est source de polémique), «de mettre en place un dispositif règlementaire régissant les conditions d’ouverture et de contrôle des daaras afin de disposer d’un cadre formel et organisé, d’uniformiser les démarches et d’assurer aux apprenants de meilleures conditions d’études pour des enseignements-apprentissages de qualité».

Statut du daara et scolarité

Dans les dispositions générales, au chapitre premier du projet de la loi portant «statut» du daara, il est stipulé: est «daara», toute institution islamique qui scolarise des apprenants âgés de 5 à 18 ans pour la mémorisation du Coran et l’éducation religieuse. A l’article 2, il est précisé que «la scolarité dure huit ans et se déroule en trois étapes: une première étape de trois ans consacrée à la mémorisation du Coran, une deuxième étape de deux ans, alliant mémorisation du Coran et programme des classes de Cours d’Initiation (Ci), de Cours préparatoire (Cp) et de Cours élémentaire-première année (CE1), et une troisième étape de trois ans réservée au programme des classes de cours élémentaire-deuxième année (CE2), et de Cours moyen-première année (CM1) et de Cours moyen-deuxième année (CM2)».

Ouverture et fonctionnement du daara

Au chapitre 2 dudit projet de loi, il est déclaré à l’article 3 que «l’ouverture de tout daara doit être précédée du dépôt auprès de l’administration compétente, d’un dossier de déclaration préalable dont la composition est fixée par décret». Il est également signalé que «le daara peut fonctionner dès l’accomplissement de cette formalité dont la preuve est apportée par la production d’un récépissé de dépôt de déclaration». Le chapitre 4 apporte des clarifications sur la prérogative du daara de librement «recruter son personnel de direction et son personnel enseignant». Toutefois, «les conditions et les titres exigibles pour servir dans les daaras sont fixés par décret», relève le texte. A l’article 5 dispose que «le daara doit respecter les programmes officiels dont les contenus sont fixés par décret».

De l’appui et des subventions des daaras

Le chapitre 3 traite de la question des appuis, subventions et primes accordées aux daaras. L’article 7 mentionne que «le daara autorisé par l’Etat peut bénéficier d’un appui matériel, de cantines scolaires et de tout autre avantage nécessaire à son fonctionnement dans la limite des crédits inscrits à cet effet dans le budget du ministère chargé de l’Education. Les modalités d’attribution de l’appui sont fixées par arrêté du ministre chargé de l’Education».

Mais aussi, structuré et innovant qu’il puisse être, le projet est décrié par certains acteurs qui le dégagent en touche. Certains représentants des daaras rejettent en bloc ledit projet de loi. Invité de la rédaction de Sud Fm hier vendredi 9 janvier 2015, Mouhamed Lamine Fall, un des acteurs du collectif des maitres coraniques détracteurs du texte, a laissé entendre que la loi ne passera pas. «Je peux vous assurer que cette loi ne passera pas. Nous avons l’aval des chefs religieux car vous avez entendu la déclaration de Touba et de Thiénaba. Nous sommes sous leur tutelle. Nous sommes leurs bras sur le terrain. C’est pourquoi lorsque l’Etat avait commencé sa tournée nous avions laissé faire pour savoir quelle sera la position des chefs religieux», a-t-il laissé entendre.

Mouhamed Lamine Fall a, par la même occasion, fustigé la position des Ongs sénégalaises. «A chaque fois, elles dramatisent les situations sociales pour pouvoir tirer le maximum possible de financements de l’extérieur. Comme les daaras sont censés être des regroupements vulnérables alors, elles tirent sur ça pour avoir le maximum de profits de ceux qui les financent à partir de l’extérieur», déplore-t-il entendre.

Et de poursuivre : «Nous savons que les Ongs tirent à chaque fois sur la sonnette d’alarme pour s’alimenter. Nous avons l’impression que ce projet de loi est un texte qui est conçu par les Ongs. Nous pouvons prendre tout en charge mais nous avons besoin de partenaires. L’Etat doit être un partenaire, il ne doit pas se positionner comme quelqu’un qui donne des ordres ». M. Fall, qui tient à rappeler que « les daaras sont des structures privées qui n’appartiennent pas à l’Etat », a soutenu qu’ils ne sont « pas prêts à céder les daaras à l’Etat dont le système éducatif a échoué».

Pour lui, étant donné qu’ils ont constaté par eux-mêmes, l’échec du système scolaire du primaire jusqu’à l’université, ils ne vont jamais leur confier leurs enfants. « C’est l’échec total. Et ils veulent que nous leur confiions ce que nous avons de plus cher. Or, les structures qui produisent les hommes les plus célèbres de ce pays sont les daaras. Leur système est en faillite, par conséquent nous ne leur confierons jamais nos enfants. C’est impossible», a-t-il conclu.

Projet d’Appui à la Modernisation des Daaras (Pamod) ; Un programme cher au chef de l’Etat

Avec ses sept chapitres subdivisés en dix-neuf articles, le projet de loi est inscrit dans la politique éducative du président de la République, Macky Sall. Au cours de la cérémonie de lancement du projet d’appui à la modernisation, le chef de l’Etat avait déclaré en novembre 2013 que «le projet novateur d’appui à la modernisation des daaras (Pamod)… est une réponse concertée et efficace à la problématique de l’éducation à travers la promotion des saaras».

Selon Macky Sall, «ce projet, d’une durée de cinq ans et d’un coût de 20 millions de dollars (10 milliards de F Cfa), est une initiative de l’Etat du Sénégal, fortement soutenue et financée par la Banque islamique de développement (Bid), avec une importante contrepartie du gouvernement ».

Le président de la République, annonçant à l’occasion que «le projet de loi portant statut du daara et les projets de décret d’application sont déjà élaborés et introduits dans le circuit d’adoption», s’était déjà félicité du «processus inclusif et participatif qui a permis d’aboutir au consensus de tous les acteurs, avec l’implication remarquable des familles religieuses, des maîtres coraniques et de leurs associations».

Macky Sall a relevé, par la même, que « le gouvernement accorde un grand intérêt au succès du projet précurseur d’appui à la modernisation des daaras». Pour le président de la République, « l’innovation pédagogique de taille que représente l’organisation, pour la première fois au Sénégal, d’un Baccalauréat arabe, ainsi que la réalisation prochaine du projet d’Université arabo-islamique, s’inscrivent dans la perspective de modernisation de notre système d’éducation, d’apprentissage et de formation professionnelle».

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