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Sud Quotidien N° 6484 du 15/12/2014

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Enseignement numérique des cours de philosophie: Les syndicats restent sceptiques
Publié le mardi 16 decembre 2014   |  Sud Quotidien


élève
© Autre presse par DR
élève dans une école primaire de la ville de Dahra


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Les syndicats d’enseignant, notamment le Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss) et le Cadre unitaire des enseignants du Sénégal (Cuse) restent sceptiques sur la nouvelle initiative de leur ministre de tutelle de jauger le déficit de professeurs en philosophie. Mamadou Lamine Diante et Oumar Waly Zoumarou déplorent l’adoption, sans partage et sans concertation, d’une telle mesure avec les syndicats enseignant, comptables des résultats des élèves au baccalauréat. Ils invitent Serigne Mbaye Thiam à trouver des solutions structurelles pour venir à bout de ces déficits persistants de professeurs en philosophie et aussi des filières scientifiques.

«La solution est de recourir aux ressources numériques. 30 vidéos et des cours numériques ont été produits par le ministère. Dans les prochains jours, nous devons recevoir tout le matériel multimédia. Il s’agit de 240 classes numériques et 2000 tablettes ont été déjà commandées ».

En parlant ainsi le ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam jette les orientations de sa nouvelle démarche pour venir à bout le problème persistant du déficit de professeurs, notamment en philosophie. Il s’exprimait mardi dernier à l’occasion du vote du budget de son département, pour la gestion 2015, qui a été adopté. Il a été arrêté à la somme de 370.742.561.060 FCfa contre 366 milliards FCfa en 2014, soit une augmentation de 3.927.543.020 en valeur absolue et 1,07% en valeur relative.
A noter que 86,39%, soit 320, 27 milliards FCfa représentent les salaires des fonctionnaires et la rémunération des corps émergents.

Cette initiative saluée certes par les députés connait toutefois quelques poches de résistances de la part des syndicats d’enseignant. Ils sont montés au créneau pour dénoncer le manque de concertation et de partage de cette nouvelle démarche, afin de mesurer sa pertinence. Pour Mamadou Lamine Dianté, «cette innovation doit être partagée d’autant que cette discipline est très sensible si l’on sait que les élèves la découvrent en classe de terminale».

Le Secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen et secondaire du Sénégal (Saemss) estime que l’innovation doit être partagée et adoptée par les enseignants pour mettre les élèves sur la même ligne de départ et espérer à l’arrivée être soumis aux examens du Bac.

«L’échec ou le succès de cette initiative serait de la responsabilité du ministère de l’Education nationale. Même si l’Inspection générale de l’Education nationale aurait validée ce projet, la Fastef doit assurer la tutelle», a-t-il précisé.

Le coordonnateur du cadre unitaire des syndicats d’enseignants voit cette démarche comme un manque de vision de la part du ministre de l’Education. Omar Waly Zoumarou l’invite à «trouver des solutions structurelles en lieu et place de celles conjoncturelles pour maitriser cette équation du déficit. Il s’agit d’augmenter les capacités du département de philo en faculté des Lettres».

«On se demande même s’il maitrise les enjeux. Est-ce qu’il capable avec ces vidéos de pouvoir trouver des tablettes à des élèves pour l’enseignement philosophique. Il va envisager la même formule pour les filières scientifiques en manque de professeurs», s’inquiète M. Zoumarou.

Serigne Mbaye Thiam, rappelons-le, avait indiqué que le déficit de professeurs est une question qui ne peut être réglée en deux ans. Il explique que l’année dernière, lorsque tous les sortants de la Fastef, en philosophie, ont été affectés, il y’avait encore un déficit de 57 professeurs dans le système. «Après un appel à la candidature, nous avons reçu 27 dossiers, les 14 ont démissionné parce qu’ils ne voulaient pas là où on a les avait amenés».

LES PREALABLES D’ABORD

Malgré la validation des cours par l’Inspection générale de l’Education nationale (IGEN), certains observateurs avertis du système éducatif estiment que les cours numériques doivent faire l’objet d’un regard minutieux d’une équipe techno-pédagogue. Cette dernière, selon eux, se chargera d’accompagner le professeur à mettre son cours sous une forme la plus apte à être digéré par l’élève. En termes clairs : le techno-pédagogue est capable de mettre en adéquation l’objectif pédagogique du professeur avec l’outil technologique dont il dispose.

Le ministère de l’Education nationale a mis sur pied un projet de ressources numériques pour tenter de venir à bout le déficit criant de professeurs dans les établissements, notamment les lycées. Il s’agit pour les autorités académiques de permettre à un certain nombre de professeurs en mathématiques, philosophie, sciences physiques de délivrer des cours numériques.

Ce sont des cours dont les maquettes ont fait l’objet d’un travail de la Division radiotélévision scolaire (Drts) avant de les soumettre aux Inspecteurs généraux de l’éducation nationale (Igen) pour validation.

«Ces produits sont destinés aux classes de terminale par rapport aux urgences. Ils seront démultipliés pour l’ensemble des lycées du Sénégal avec un dispositif de visionnage. Les lycées en déficit seront prioritaires. Les censeurs organiseront des séances de visionnage avec un professeur pour échanger avec les élèves », explique une source à la Drts.

Pourtant certains observateurs croient dur comme fer que les préalables n’ont pas été réglés avant la mise sur pied d’une telle démarche du ministère en charge de l’Education. Pour eux, ce schéma nécessite un packaging pour rendre le cours dans un format plus digeste. D’où la nécessité, indiquent-ils, de mettre sur pied une équipe techno-pédagogue qui aide le professeur à mettre son cours sous une forme la plus apte à être digérée par l’élève.

Anticiper sur les questionnements de l’élève pour lui donner le cours sous le meilleur format. Les enseignants ont leur expertise matière. Pédagogiquement, ils connaissent les objectifs fixés. Le techno-pédagogue est capable de mettre en adéquation l’objectif pédagogique de l’enseignant avec l’outil technologique dont il dispose.

«L’exposition des élèves par rapport à la technologie n’est pas un problème pour ceux des villes. En revanche, la plupart des élèves qui souffrent du déficit de professeurs, sont au niveau du monde rural. Par conséquent, ils n’ont pas de familiarité avec la technologie, nous fait savoir un professeur de philo. Pour notre interlocuteur, l’élève de terminale est attendu à avoir des compétences à la problématisation, la conceptualisation et l’argumentation. Voilà les trois compétences requises pour le Bac».

«Dans ce dispositif de formation, les élèves peuvent-ils acquérir des connaissances ? Ce sera difficile de mettre en œuvre. Le professeur fait de l’initiation puisque la matière est nouvelle pour les élèves de Terminale», poursuit le prof de philosophie.

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