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Enquête Plus N° 1046 du 10/12/2014

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Magal de Touba: A l’origine d’un pèlerinage qui fait courir tout le Sénégal
Publié le jeudi 11 decembre 2014   |  Enquête Plus


Le
© Autre presse par DR
Le 131e Magal de Touba sera célébré le jeudi 11 Décembre.
Près de trois millions de pèlérins sont attendus dans la cité religieuse


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Le grand pèlerinage de Touba, communément appelé Magal de Touba, marque le départ, en 1895, du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, en exil au Gabon où il resta sept bonnes années. A l’approche de cet événement qui draine des millions de personnes, Touba s’est déjà transformée en une véritable foire aux bonnes affaires.

Au début, chacun des disciples fêtait chez lui ce jour de jouissance et de grâce, historique, conformément à la volonté et aux directives de Serigne Touba, Cheikh Ahmadou Bamba, qui avait recommandé aux fidèles, dès son retour d’exil, à chaque anniversaire de son départ d’exil au Gabon, de rendre grâce à Dieu, soit en immolant une bête (du poulet au chameau, en passant par la chèvre, le mouton et le bœuf), ou en préparant des repas spéciaux et copieux, à l’honneur des hôtes.

Mais le phénomène a commencé à prendre plus d’ampleur depuis que la communauté mouride a commencé à se réunir pour célébrer le Magal. L’on renseigne que c’est Mouhamadou Fadilou Mbacké, deuxième khalife de la confrérie (de 1945 à 1968), qui a initié la célébration du Grand Magal de Touba telle qu’il est connu aujourd’hui.

Ce fils de Bamba avait demandé aux talibés de se rendre chaque année, le 18e jour du mois musulman de Safar, à Touba pour célébrer ce jour au lieu de le faire d’une manière séparée ou isolée. L’événement a ainsi pris de l’ampleur, amenant les talibés à rivaliser d’ardeur pour répondre aux vœux du khalife. Au fil des ans, le nombre de pèlerins devint de plus en plus difficile à gérer, nécessitant une attention particulière des autorités publiques.

Outre sa dimension spirituelle, le Magal de Touba est aussi un évènement rarement égalé à l’échelle mondiale du point de vue de la mobilisation humaine qu’il provoque. A l’approche de cet événement, tous les chemins mènent à Touba. Gouvernement, entreprises, commerce et même une bonne partie de la diaspora sénégalaise convergent vers la cité religieuse. Avec le Magal, l’activité économique de Dakar prend un répit en faveur de la capitale du Mouridisme qui accueille tous les secteurs d’activité du pays.

Le gouvernement, à travers ses démembrements, mobilise des moyens importants pour permettre que ce regroupement humain se déroule dans les conditions minimales d’hygiène et de sécurité. L’Etat est suivi dans cette cadence par les grandes entreprises de téléphonie, d’agro-alimentaire, des banques, et des services de transfert d’argent. Toutes les sociétés veulent être visibles sur le plan de la publicité. Ces dernières sont obligées de poursuivre la démarche de fidélisation destinée à leur clientèle en essayant de les accompagner et continuer à leur offrir un service de qualité.

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Retombées économiques

Le temps des bonnes affaires

Chaque année, le Magal impacte considérablement, et à bien des égards, sur l’économie locale. L’évènement draine en effet une intense activité économique, tant au niveau micro que macro. S’agissant des recettes que génère le Magal, un conseiller municipal, interpellé sur la question, soutient que c’est une importante manne financière que la municipalité ramasse en période de Magal. ‘’La mairie a fait une délibération sur ‘’la publicité magal’’ et ce sont des centaines de millions qui peuvent entrer et que nous sommes en train de traiter avec les sociétés qui entrent à Touba durant les quinze jours avant le magal et les quinze jours après le magal. Actuellement, les grandes sociétés sont en train de s’acquitter de leur devoir », explique-t-il. Ce n’est pas simplement au niveau de la publicité que la mairie tire des revenus, elle en gagne aussi au niveau du droit de stationnement. Mais, précise-t-il, ‘’pour prendre en charge la collecte des taxes de stationnement, nous avons recruté du personnel provisoire, monté des brigades qui surveillent tout cela et sont tous payés’’.

Si l’on considère par ailleurs le commerce, il est clair que les acteurs de ce secteur ne connaissent pas de périodes plus fastes dans l’année que la période du grand magal de Touba. En effet, les quinze jours précédant l’évènement, le mythique marché Occas de Touba voit le nombre de ses cantines et marchandises augmenter en flèche, étendant ses tentacules jusqu’aux alentours de la Grande mosquée de Touba, lieu de rendez-vous de milliers de pèlerins qui font des emplettes après avoir visité le mausolée du fondateur du Mouridisme. Des détenteurs de grands magasins aux marchands ambulants, en passant par les propriétaires de cantines, sans oublier les vendeurs de cacahuètes ou d’eau, tous profitent du magal.

Parmi cette catégorie, les vendeurs de matelas sont les plus nantis. Ces derniers se frottent énormément les mains pendant cette période. Leurs chiffres d’affaires peuvent atteindre les quinze ou vingt millions. ‘’On vend plus en période de magal. Car les gens achètent plus de matelas pour leurs hôtes. On parvient à vendre de cinquante mille à soixante mille F CFA par jour, même plus, au fur et à mesure que l’on s’approche de l’événement’’, renseigne un vendeur de matelas.

En ce qui concerne les vendeurs d’eau et de glace, le magal a favorisé l’implantation et l’installation d’unité de production et de fabrique de glace et d’eau traitée et conditionnée dans des sachets. L’un des gérants de ces entreprises, interrogé, indique que l’approche de l’événement nécessite un dispositif spécial pour faire face aux nombreuses commandes. Et d’ajouter que ‘’le chiffre d’affaire est presque multiplié par quatre en période de Magal et le volume de travail doublé’’.

Les bonnes affaires des menuisiers, banques et autres…

Le même constat est fait du côté du secteur informel et des petits métiers. Des menuisiers aux tailleurs, en passant par les mécaniciens et autres artisans, tous profitent gracieusement de l’évènement. ‘’Ce sont les ‘’modou-modou‘’ qui font la plupart les commandes. C’est indéniable que nos chiffres d’affaires augmentent considérablement à l’approche du magal. Car c’est à cette période que les gens changent leurs meubles à cause des hôtes étrangers’’, confie un chef menuisier entouré de ses apprentis.

Mais c’est surtout au niveau des secteurs du bâtiment et de l’électroménager que le magal impacte le plus, économiquement. Cette période reste la période faste des réhabilitations, des rénovations, mais aussi et surtout de l’ameublement et d’équipement des domiciles. ‘’Ça marche vraiment en ce moment. On rend grâce à Serigne Touba. Les commandes concernent le plus souvent la plomberie, les matériaux de construction surtout la peinture, la moquette et les tapis pour l’embellissement et la décoration des maisons. Le magal est véritablement profitable’’, renseigne ce détenteur de quincaillerie au marché Occas.

Les autres secteurs tels que le transport, l’agroalimentaire, les banques et autres services financiers profitent aussi de cet évènement religieux. ‘’ Ce sont des sommes importantes que les ressortissants de la zone qui sont établis à l’extérieur envoient à leur famille pour les préparatifs de l’événement. Une partie de l’argent envoyé est généralement destinée au marabout et le reste devrait servir à acheter du bétail, des condiments et autres matériels pour la restauration et l’hébergement des parents et amis accueillis dans la maison pendant la période du Magal’’, a soutenu un chef d’agence d’une banque de la place.

Cependant, à en croire Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre, président du comité d’organisation du Magal, par ailleurs porte-parole du khalife, Touba, en tant que collectivité, ne profite pas encore de cette manne économique. Mieux, selon le marabout, le magal de Touba participe chaque année à hauteur de 250 milliards F CFA dans l’économie du pays. Donc à son avis, la ville sainte de Touba devrait avoir droit ‘’à une restitution d’au moins cinquante milliards F CFA par an. Et cette manne financière pourrait servir dans la construction d’infrastructures pour une amélioration du cadre de vie de ses populations.

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