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"Nabat’’, la tragédie de la guerre dans des scènes ordinaires
Publié le jeudi 11 decembre 2014   |  Agence de Presse Sénégalaise




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Nabat, le long-métrage du réalisateur azerbaidjanais Elchin Musaoglu, en compétition pour la 14e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM, 5-14 décembre), propose un récit intimiste la tragédie peu connue de la guerre dans ce pays du Caucase, dont les frontières partagées entre l’Europe et l’Asie, soulignent les déchirures et les incompréhensions de deux mondes aux identités meurtrières.

La dramaturgie de ce film tire tout le parti possible de la perte des êtres chers, du sentiment d’un complet abandon, de la tristesse de tous les jours qui en résulte, du désespoir amplifié par le souvenir de jours plus heureux, mais surtout de l’exode.

La trame du film tourne autour de Nabat et son mari Iskender, un ancien garde forestier âgé et malade. Le couple vit dans une petite maison isolée à l’écart du village le plus proche. La guerre, qui leur a pris leur fils, s’est installée dans le pays. Les seules ressources du couple proviennent de son unique vache et de la vente de lait que Nabat descend au village tous les deux jours.

L’ombre de la guerre s’étend progressivement sur la région et les habitants abandonnent peu à peu le village. A la mort d’Iskender, Nabat se retrouve à vivre dans un lieu aujourd’hui déserté par les hommes, mais sous le égard d’une louve….

Le réalisateur a pris le parti d’un dialogue minimaliste, préférant privilégier des plans magnifiques, amplifiant la beauté vertigineuse des montages qui constitue la moitié du relief de cette ancienne république socialiste. Un pays perdu sinon oublié, entre l’Arménie et la Turquie à l’Ouest, la Géorgie au Nord-Ouest, la Russie au Nord et l’Iran au Sud.

De fait, l’histoire et la culture de l’Azerbaïdjan – un pays majoritairement musulman – a longtemps souffert de la figure tutélaire de la Russie, de son impérialisme culturel et du socialisme assimilationniste.

Les plans grossissants du film n’ont peut-être pas le pouvoir de nier cette histoire et d’effacer cet héritage, mais le parti pris de l’auteur lui permet d’en dire plus sur son pays et de la mieux faire connaître, une image valant mille mots.

Il parie donc sur l’intime. Des scènes de vie ordinaire d’une famille ordinaire. Un couple symboliques des affres d’une guerre qui n’en finit jamais. Il choisit les sentiments et l’émotion en mettant en scène une mère courageuse pour mieux rendre les affres et l’absurdité de la guerre.

Rien ne semble pour cela plus emblématique que ces pas forcés de Nabat, l’actrice principale, arpentant le chantier à flanc de montagne séparant le village principal de sa maisonnée isolée et suspendue pour demander des comptes au ciel et au destin.

N’est-il pas indiqué de voir toute la tragédie de la guerre dans cette scène où l’actrice principale, sous la pluie, seule, se met à creuser la tombe de son mari qui vient de rendre l’âme. Comme si Dieu avait abandonné la région à la guerre. Le village se dépeuple, mais Nabat ne perd pas foi en la vie, qui se donne comme dernière mission de faire vivre à sa manière l’âme de la contrée.

Elle entreprend de visiter de nombreuses habitations abandonnées, un retour sur les dernières intimités, les traces de fuite, toutes choses qui renseignent sur les stigmates de la guerre, allument les lumières qu’elle peut par le biais de lampes à huile.

Une manière de rallumer l’âme des foyers. Un moyen aussi de rappeler la pleine-vie passée des habitants à travers meubles, lessives, affiches, portraits et autres objets domestiques abandonnés, sur lesquels la caméra s’attarde volontairement.

La profonde tristesse renvoyée par les yeux de Nabat dans ce dernier acte, témoigne plus que tout de ce que les hommes sont à désespérer. D’où ce face-à-face intime, respectueux avec un loup devenue curieusement protecteur.

S’il faut désespérer des hommes et leur préférer la compagnie du loup, la suprême humanité résiderait alors dans la société des animaux, si les hommes ne font rien pour aspirer à une humanité encore plus supérieure.

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