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Architecte d’une Francophonie politique, Abdou Diouf quitte la vie publique
Publié le mercredi 26 novembre 2014   |  AFP


Abdou
© Autre presse
Abdou Diouf va quitter la tête de l`Organisation Internationale de la Francophonie
Abdou Diouf va quitter la tête de l`Organisation Internationale de la Francophonie à l`issue du 15e sommet qui va se tenir à Dakar, les 29 et 30 Novembre 2014


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Paris- Médiateur officieux des crises africaines, ardent défenseur de la langue française: le Sénégalais Abdou Diouf va mettre un terme ce week-end à douze années à la tête de la Francophonie et à une longue vie publique.
Abdou Diouf, qui a pris la suite en 2003 de l’Egyptien Boutros Boutros-Ghali, premier secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) en 1997, a ignoré les appels du pied pour un quatrième mandat voire une prolongation de quelques mois lorsque le choix de son successeur est vite apparu à la soixantaine de pays membres comme un vrai casse-tête.
C’est à Dakar, cher à son mentor Léopold Sédar Senghor, l’un des pères fondateurs de la Francophonie à l’aube des années 1970, que Diouf, 79 ans, va quitter la scène lors d’un sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’OIF, dont une large majorité d’Africains.
Son rôle, M. Diouf l’avait d’emblée défini comme "une magistrature d’influence". "C’est le pouvoir de convaincre et non pas de contraindre", soulignait-il.
Ses collaborateurs à l’OIF, basée à Paris, vantent son autorité naturelle et ses qualités de diplomate dans les crises en Afrique, dont il connaît les dirigeants depuis la nuit des temps.
"Les chefs d’Etat disaient: +j’ai un problème, j’appelle Diouf+", rapporte une source au sein de l’organisation. "Et Diouf activait ses réseaux, à la Banque mondiale, l’Agence française de développement..." Il faisait aussi passer des messages entre le Nord et le Sud et recevait à Paris, en toute discrétion, des membres de partis au pouvoir et de l’opposition pour favoriser
un dialogue impossible dans leur pays.
En pleine crise ou lors d’élections difficiles, il envoyait ses émissaires au Burkina Faso, au Mali, en Centrafrique...
"Je suis convaincu qu’il a toujours joué un rôle décisif pour tenter de résoudre la crise centrafricaine depuis longtemps. Je pense qu’après son départ de l’OIF, il peut encore jouer ce rôle, de par sa connaissance du pays et son influence internationale", abonde Martin Ziguélé, président du Mouvement de libération du peuple centrafricain (MLPC), qui se tient à l’écart du régime de transition depuis la chute du régime Bozizé en 2013, pour candidater à la présidentielle l’an prochain.

- ’Tonton Abdou’ -

Pour Nouhou Arzika, figure de la société civile au Niger, l’OIF a, grâce à Diouf, muté "d’une institution purement technique vers une institution à caractère politique, ce qui a été d’un grand apport pour la paix et l’évolution démocratique au sein de l’espace francophone".
"Au Niger, il a beaucoup oeuvré en 2010 en faveur du retour à une vie constitutionnelle normale après le coup d’Etat militaire" qui a renversé le président Mamadou Tandja, rappelle le président du Mouvement du peuple pour la citoyenneté responsable (MPCR).
Abdou Diouf a aussi remis l’usage de la langue française au coeur des débats, inaugurant en 2012 le premier Forum mondial sur la langue de Molière, à Québec. "Nous devons être des indignés linguistiques", avait-il alors plaidé, mettant en garde contre une déliquescence du français, 5e langue la plus parlée, dans les organisations internationales.
A l’inverse, certains regrettent qu’il ait fait de la Francophonie une organisation plus politique que culturelle.
Né le 7 septembre 1935 à Louga (nord) dans une famille modeste, il a étudié le droit à Dakar, avant de faire l’Ecole nationale de la France d’outre-mer, creuset de l’administration coloniale française, dont il est sorti major.
En 1960 à l’indépendance, il est rentré au Sénégal et a commencé, à 25 ans, une carrière de haut fonctionnaire. En 1981, il a succédé au "père de la Nation" Léopold Sedar Senghor lorsque celui-ci a démissionné.
Après avoir présidé le Sénégal pendant près de 20 ans, Abdou Diouf a été battu par son rival libéral Abdoulaye Wade en 2000, élu triomphalement par des Sénégalais en butte à la pauvreté. Sa présidence a aussi été assombrie par le conflit indépendantiste en Casamance, déclenché fin 1982.
Surnommé "la girafe" par la presse satirique en raison de sa haute taille et "tonton Abdou" en Afrique, Diouf a assuré qu’il se retirait des affaires pour se consacrer à "une tâche passionnante: être le chevalier servant de mon épouse".



burs-blb/pgf/ros



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