Cités dans les ‘’ mémoires’’ pour avoir joué d’une manière ou d’une autre un rôle dans la première alternance, Djibo Ka, Mbaye Jacques Diop, anciens barons socialistes, ont livré leur part de vérité.
A peine paru, le livre de l’ancien président de la République ‘’Adbou Diouf, Mémoires’’, suscite déjà polémiques. Entre révélations et confidences, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) étale ses états d’âme avec un fort sentiment de ‘’déception’’ et de ‘’trahison’’ de ses anciens camarades du Parti socialiste (PS). Parmi ces personnalités dont le nom reste encore gravé dans la mémoire de Diouf, il y a Djibo Leyti Ka.
Souteneur du candidat du Ps, contre toute attente, face à son challenger Abdoulaye Wade, au second tour de la présidentielle de 2000, le leader du Renouveau démocratique (URD) n’a pu renverser la tendance. Ce que Diouf n’arrive toujours pas à comprendre. ‘’Le pourcentage de mes voix n’a pas bougé entre les deux tours. Je totalisais 41,31% au premier et 41,59% au second. Bien sûr, j’avais fait appel à Djibo Kâ, car c’était la seule alliance qui nous restait ; il n’y avait pas d’autre chose à faire, mais je sais que lui, il n’a pas pu amener toutes les voix qu’il avait derrière lui, parce qu’il avait fait une première déclaration disant qu’il m’avait regardé droit dans les yeux pour me demander de partir car il était le seul à oser me dire qu’il fallait que je parte’, relate Diouf dans son livre de 388 pages.
Avant d’ajouter : ’’Il en est résulté que son soutien n’était plus guère crédible, et beaucoup de gens l’ont ainsi quitté. De plus, son ralliement à ma candidature a notamment fait partir de mon camp beaucoup de cadres du Ps qui ne l’aimaient pas et qui pensaient que je lui avais promis le poste de Premier ministre’’. Ce point de vue est battu en brèche par Djibo Kâ qui renvoie la balle à Diouf.
‘’Il (Abdou Diouf) peut le dire maintenant parce qu’il n’est plus au pouvoir’’, réplique le leader l’URD. Si Diouf se sent déçu, dit-il, ‘’il n’a qu’a s’en prendre à son parti ; C’est le PS qui a fait perdre Diouf’’. D’ailleurs, le député de l’Assemblée nationale et leader de l’URD dit avoir ‘’pris des risques’’ en appelant à voter pour l’ancien président socialiste. ‘’Il y avait des gens qui disaient : l’alternance ou la mort. (Malgré tout), j’ai reçu mandat de mon parti pour le soutenir ; mais Diouf était impopulaire. Mais je l’assume’’, dit Djibo Kâ.
‘’Diouf n’a pas respecté la vérité historique’’
En effet, la déception de Diouf est moins liée à sa défaite qu’à la défection de ses camarades de parti entre les deux tours de la présidentielle 2000. Parmi ceux-là, Abdou Diouf cite Mbaye Jacques Diop, ancien maire de Rufisque. Mais le concerné s’en défend et livre sa version des faits. ‘’Nous n’avons trahi personne ; ce sont ceux-là qui nous ont trouvé dans le parti où nous avons vécu pendant 46 ans, qui ont cherché à nous bousculer’’, réagit l’ancien président du Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales CRAES).
Mbaye Jacques Diop pense que Diouf ‘’n’a pas respecté la vérité historique’’ car, il n’a pas quitté le PS pour rejoindre le candidat Wade au premier tour de la présidentielle de 2000. Que s’est-il donc passé ? ‘’Je lui (Diouf) ai écrit avant le premier tour pour l’alerter et lui faire comprendre que nous allions tout droit au mur avec Tanor comme directeur de campagne. Il ne m’a pas répondu’’, confie l’ancien baron socialiste. S’estimant victime d’un ‘’tort’’ que son parti lui a porté’’, Mbaye Jacques Diop adressa une deuxième lettre à Diouf, cette fois, pour lui notifier sa démission du PS entre les deux tours.
‘’Après ma démission, je ne suis allé nulle part contrairement à ce qui a été écrit. Je suis resté avec ma base’’. A preuve, indique-t-il, ‘’Wade m’a téléphoné ; il est venu chez moi (pour que je rejoigne le PDS), je n’ai pas donné suite (à sa requête). A l’issue du scrutin, nous avons gagné tous les bureaux de vote après avoir mis tous mes moyens‘’. Moralité ? ‘’Je voulais montrer à Abdou Diouf qu’il avait tort d’avoir fait de Ousmane Tanor Dieng le numéro 2, de fait, du parti socialiste.
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