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2013, année de promesses, d’interrogations et de défi
Publié le mercredi 1 janvier 2014   |  Agence de Presse Sénégalaise


Le
© AFP par SEYLLOU
Le président Macky Sall rend hommage aux soldats de la paix sénégalais tués au Mali
Jeudi 19 decembre 2013. DAKAR. Le président Macky Sall a rendu hommage hommage aux soldats de la paix sénégalais tués lors d`une attaque dans la ville malienne de Kidal (Nord-Est du Mali)


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Le dernier grand événement culturel de l’année 2013 a sans doute été la tenue, le 17 décembre, de l’assemblée générale constitutive de la Société civile de gestion collective des auteurs, artistes-interprètes, producteurs et éditeurs du Sénégal (GECAPES), acte fort s’il en est, dans un vaste champ de promesses certaines, d’immenses défis et de multiples interrogations.

Erigée au rang de "priorité" dans la politique culturelle du président Macky Sall, "protecteur des arts, des lettres et des artistes", la création de cette société correspond aussi à une revendication des créateurs depuis la promulgation de la Loi sur le droit d’auteur et les droits voisins, le 25 janvier 2008.

Il reste, après l’élection des membres du conseil d’administration, une mise en œuvre effective des statuts pour que "les artistes vivent réellement de leur art", slogan que le ministre de la Culture à très souvent répété au cours de l’année, le tenant du chef de l’Etat lui-même.

Cette année 2013 avait démarré sous de bons auspices, par le triomphe du cinéma sénégalais à la 23e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), au cours de laquelle les réalisateurs sénégalais ont reçu 11 distinctions, dont le grand prix, l’Etalon d’or de Yennenga.

Alain Gomis, auteur du film "Tey", est monté sur la plus haute marche du podium, ce qui n’était jamais arrivé à un cinéaste du Sénégal, depuis la création du FESPACO en 1969 et l’institution d’une compétition en 1972. S’y ajoutent le troisième prix du meilleur long-métrage pour "La pirogue" de Moussa Touré, le prix du meilleur acteur et de nombreux prix spéciaux.

Ces performances ouvrent des perspectives nouvelles pour le septième art sénégalais, surtout avec la décision du président de la République de faire voter, dans le budget 2014, la création du Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (FOPICA). Ce fonds doit être doté d'un budget de un milliard de francs CFA destiné exclusivement à la production.

De cette manière pourra être amorcée une politique permettant un financement national des produits sénégalais pour des producteurs qui jusqu'ici doivent essentiellement leur existence à des capitaux et soutiens étrangers de diverses natures. Encore faudrait-il, pour que ce fonds réponde aux attentes, que sa gestion soit transparente et profite à des projets sérieux, pertinents et réalisables.

En 2013, de nombreux festivals et rencontres artistiques – dont l’agenda mérite d’être organisé et structuré au bénéfice de tous les promoteurs et du public – ont été organisés. Le Grand Théâtre a accueilli des humoristes ivoiriens, burkinabè et sénégalais, ainsi que le Ballet Béjart de Lausanne. Youssou Ndour a renoué avec la scène (le 21 juin au CICES, et le 12 octobre à Bercy). Pape Diouf et le duo Pape & Cheikh ont continué sur leur lancée de 2012.

Mais ces noms déjà bien connus n’arrivent plus à masquer un renouvellement de plus en plus marqué de la scène artistique, tant au niveau des acteurs que des propositions artistiques novatrices : il y a Jack et les Takeifa, Hampathé Blues, et surtout Alibeta et les Nomades, qui offrent un spectacle-fusion dans lequel la musique se mêle harmonieusement au théâtre, à la danse, au conte, et s’affirme comme une véritable identité artistique.

Le Théâtre national Daniel Sorano, sous l’impulsion de son nouveau directeur général Massamba Guèye, renoue avec une programmation régulière et diversifiée. En bonne place dans le bilan 2013 de cette institution culturelle créée en 1965, la sortie du premier disque de son Ensemble lyrique traditionnel.

Par ailleurs, le souci des artistes de voir le temps qui s’écoule entre deux éditions de la Biennale de l’art africain contemporain (Dak’Art) être "meublé" connait un début de solution avec l’organisation, en cette année 2013, d’un séminaire sur les métiers des arts visuels et d’un symposium sur la sculpture africaine.

Ces points plus ou moins encourageants de l’année culturelle ne doivent cependant pas occulter les nombreux problèmes qui empêchent le secteur de la culture de connaitre un rayonnement à la hauteur du réel potentiel créatif. Ce sont là autant de défis à relever pour que la pratique des arts s’accompagne de la création d’une plus-value à la fois intellectuelle, politique et économique.

Le ministère de la Culture a déroulé tout au long de l’année 2013 un programme dit de "promotion de la diversité culturelle", dont on s’interroge encore sur les motivations réelles, les objectifs et l’impact sur la vie des acteurs. On voudrait tuer le Festival national des arts et cultures (FESNAC), manifestation au cours de laquelle s’exprime la diversité des expressions, qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

Les autorités du département de la Culture n’ont presque pas communiqué sur le chantier du statut de l’artiste ou de la relance du commissariat aux expositions à l’étranger, les deux autres "axes prioritaires" d’une "politique culturelle" dont le péché originel est de n’être qu’annuelle.

L’année 2013 n’a pas non plus apporté d’esquisse de réponse à la lancinante question de la formation. L’Ecole nationale des arts, qui ne s’est pas adaptée à l’évolution du milieu et à l’émergence de nouvelles formes et de nouveaux acteurs, est aujourd’hui dépassée dans sa forme actuelle. Les structures privées (associations d’acteurs et institutions), qui essaient de prendre en charge la formation, sont soumises aux préoccupations idéologiques de leurs bailleurs, essentiellement étrangers.

La diffusion et la circulation des artistes et de leurs œuvres sont aussi des impératifs cruciaux qu’une véritable politique culturelle devrait prendre en charge. A l’exception des ouvrages scolaires, les livres vont rarement au-delà de Dakar. Les grands spectacles musicaux, théâtraux ou chorégraphiques sont aussi dakarois pour l’essentiel. L’animation culturelle des centres régionaux publics doit être impulsée, pour que la culture de masse, telle qu’imaginée déjà au début des années 1960, puisse prendre forme.

ADC/ESF

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