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Enquête Plus N° 1020 du 10/11/2014

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Le président macky Sall invité de la "Table de la presse": ‘’Ces affaires qu’on m’oppose…’’
Publié le mardi 11 novembre 2014   |  Enquête Plus


Macky
© aDakar.com
Macky Sall démarre sa tournée économique par Saint-Louis
Dakar, le 26 Octobre 2014- Le président de la République, Macky Sall, a démarré sa tournée économique dans la vallée du fleuve Sénégal. La première étape de cette tournée a été marquée par les passages de Mpal et de Saint-Louis.


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C’est sur invitation de la ‘’Table de la presse’’, un cadre mis sur pied par des professionnels des médias, que le Président Macky Sall s’est lui-même déplacé de son Palais pour se présenter à un célèbre restaurant de Dakar hier, et sacrifier au rituel des questions-réponses. Parlant au nom de tous les membres, Issa Sall, un des membres fondateurs, a rappelé l’esprit de cet espace d’échanges, qui est d’instaurer en toute liberté, sans contrepartie aucune, un cadre de discussions libres et sans censure. Trois heures durant, en présence de la dizaine de membres qui composent pour le moment la ‘’Table de la Presse’’, le Président Sall est revenu sur les questions brûlantes de l’actualité : Manifestations annoncées du PDS à quelques jours de la tenue du sommet de la Francophonie, ses relations avec Me Abdoulaye Wade, Abdou Diouf, l’affaire Arcelor-Mittal, la crise au Burkina Faso. Ceinturé par ses proches, dont le Premier ministre Mahammed Dionne, son Directeur de cabinet Mouhamadou Makhtar Cissé, le secrétaire d’Etat en charge de la Communication Yakham Mbaye, le Président Sall, en tenue décontracté, a répondu aux questions des journalistes, comme le veut l’esprit de la ‘’Table…’’ Quelques extraits...



Vous revenez de Ouagadougou. Vous êtes le Président du Groupe de contact de la Communauté (CEDEAO). Comment appréhendez-vous cette mission relativement à l’établissement de la légalité républicaine ? Quelles sont vos chances de réussite ?

Je vous remercie. Ce sont deux sujets importants qui ont réuni les chefs d’Etat de la sous-région à l’occasion du sommet extraordinaire qui a eu lieu à Accra au Ghana. Sommet qui a été précédé par une mission du Président de la Cedeao, John Dramani Mahama du Ghana qui m’avait invité, ainsi que le président nigérian Goodluck Jonathan, à aller sur place pour rencontrer les acteurs, qu’il s’agisse des militaires, de la classe politique (opposition comme majorité), de la société civile et des acteurs religieux et coutumiers en vue de les amener à travailler dans un schéma conforme à la Constitution, afin d’éviter au Burkina Faso des sanctions qui pourraient être très préjudiciables à son développement.

Nous avons rencontré le lieutenant-colonel Isaac Zida ainsi que ses amis qui, aujourd’hui, dirigent le pays. Il est important de préciser que dans le camp du Burkina, il ne s’agit pas d’un coup d’Etat. C’est la démission du Président Compaoré, suite à une insurrection populaire, qui fait se présenter cette situation.

Le gouvernement a été dissout. Et nous nous sommes retrouvés devant un cas inédit où le Président n’est plus là, l’Assemblée nationale a été brûlée alors qu’elle devait assurer la suppléance, les députés se sont sauvés. C’était donc le vide absolu avec une rue en insurrection. Donc la seule force organisée, c’était l’Armée qui a annoncé la prise du pouvoir. Nous nous sommes présentés à Ouagadougou dans ces conditions. Et nous avons pu expliquer aux militaires qu’il n’était pas possible de faire la transition avec l’Armée, selon la communauté internationale.

Et pour cela, qu’ils devaient nous aider, aider la Cedeao, l’Union africaine et les Nations unies à dépasser cette situation (...). Nous avons pu lever le principe de la suspension de la Constitution qui devait ensuite permettre au Conseil constitutionnel burkinabé de déclarer la vacance du pouvoir et d’appeler les forces vives à une large concertation afin qu’une personnalité civile éminente de la société puisse émerger sur consensus et choisie par les Burkinabé. Je pense que d’ici quelques jours, ce président de transition sera trouvé (…). Donc nous essayons d’aider et la CEDEAO m’a fait l’honneur de me choisir. J’ai l’intime conviction que nous allons arriver à une transition apaisée.

Et l’épidémie Ebola alors ? Puisque le sujet a aussi été abordé à la même occasion. La CEDEAO a demandé que les frontières soient ouvertes. Quelles sont les dispositions qui ont été prises pour faire face à cette nouvelle donne ?

S’agissant maintenant de la crise née de la fièvre Ebola, vous savez que le Sénégal a été félicité, au même titre que le Nigeria pour la manière dont ce dossier a été pris en charge. Il est vrai d’ailleurs que nous n’avons pas beaucoup communiqué là-dessus. Nous avons privilégié l’action à la parole. Tous les moyens ont été mis à la disposition du ministère de la Santé. J’avais instruit le ministère des Finances de mettre tous les moyens qu’il faut car si Ebola devait se développer, plus aucun projet n’était viable (…).

Et nous sommes heureux de noter que Mamadou Aliou Diallo est sorti indemne de cette maladie (…). Nous continuons à nous mobiliser parce qu’Ebola est malheureusement dans la sous-région. Nous n’avons pas mis moins de 600 millions de francs Cfa dans la gestion de cette crise (…). Mais le Sénégal n’a jamais manqué d’être solidaire. J’ai précisé lors du sommet que le premier médecin qui a été infecté en Afrique, c’est un médecin sénégalais qui travaillait pour l’Oms. Il travaillait en Sierra Léone et a été traité en Allemagne. Ensuite nous avons eu ce cas que tout le monde connaît, qu’on a traité, guéri. Nous avons même mis à sa disposition un avion qu’on surnomme maintenant dans la sous-région ‘’avion Ebola’’(…)

Nous avons ouvert un corridor humanitaire pour permettre l’intervention de tous les pays qui veulent agir sur ce périmètre touché (…). Depuis plus de 10 jours, nous avons levé l’interdiction sur la voie maritime. Nous allons lever progressivement l’interdiction sur la voie aérienne où nous avons plus de contrôle…Donc sur Ebola, le Sénégal va aller dans le sens de la recommandation de la CEDEAO. Il faudra cependant être vigilant à la frontière terrestre, maritime et aérienne.

Quel est l’état des lieux pour le prochain sommet de la Francophonie prévu du 4 au 6 décembre prochain ?

Le Sénégal a eu l’honneur d’être choisi après le Sommet de Kinshasa. Nous voulions que lorsque le président Diouf quitterait la tête de l’OIF, que ce soit ici, que cela se fasse ici chez lui. Cela correspondait à quelques mois de mon élection. C’est dans cet élan que la communauté francophone, à l’unanimité, a décidé d’organiser le sommet de la Francophonie à Dakar. J’ai alors réuni mes équipes pour qu’on puisse faire face à deux défis : défi de l’organisation et défi de la maîtrise des coûts pour éviter de tomber dans certains travers, comme ce fut le cas dans un passé récent. J’avais décidé qu’il fallait une infrastructure qui rentrerait dans le cadre de notre politique touristique.

Et les délais étaient extrêmement limités, 15 mois seulement. L’infrastructure a pu se faire en 11 mois par une entreprise de référence bien connue dans le monde. Grâce à la détermination de notre équipe et aux moyens que nous avons mis en œuvre, cela a pu se faire. Il fallait d’abord que l’Etat mise sur Diamniadio, qu’il montre que ce pôle urbain, nous le voulions. Et c’est le premier investissement du pôle urbain de Diamniadio avant que le secteur privé ne vienne apporter sa contribution à travers ce vaste réseau de 15 mille logements en construction (...).

Par ailleurs, ce sommet de la Francophonie est placé sous le signe de la jeunesse et de la Femme. Il s’agit de réfléchir sur la problématique ‘’Femmes et Jeunes, vecteurs de paix et acteurs de développement’’. Il faut répondre aux attentes de la jeunesse africaine car nous sommes des pays avec des populations extrêmement jeunes. L’Afrique est engagée dans une voie de la démocratisation. Il faut stabiliser les Constitutions et assurer une plus grade stabilité (…). Au sommet, nous parlerons aussi de la succession du Président Diouf. Il y a beaucoup de candidatures mais nous essayerons de trouver des consensus. Ce sont tous ces problèmes qui seront discutés dans le cadre du prochain sommet, dans moins de trois semaines.

Me Abdoulaye Wade sera-t-il invité en tant qu’ancien chef d’Etat à cette manifestation ? Quid de la manifestation prévue par le Parti démocratique sénégalais (PDS) ?

Nous sommes en démocratie et nous avons des institutions. L’autorisation d’une manifestation ne relève pas du président de la République. C’est le ministère de l’Intérieur au sein duquel vous avez des autorités administratives dont le préfet qui s’occupent de ce genre de questions. Lorsqu’à la veille d’un Sommet de la Francophonie où vous attendez une cinquantaine de chefs d’Etat et de gouvernements, plus de 1 000 journalistes du monde entier qui viennent dans notre pays, pensez-vous dans ces conditions-là qu’on puisse être là à gérer des manifestations politiciennes ? Je ne le pense pas. Nous avons des défis sur le plan de la sécurité et les questions de terrorisme sont là. Tout le monde suit ce qui se passe dans la sous-région. Aucun pays, y compris ceux qui sont très avancés, ne sont pas à l’abri du terrorisme.

La Police travaille d’arrache–pied depuis plusieurs mois (…). Au nom de la liberté de manifester, on ne peut pas laisser perturber un sommet de cette nature (…). Cela n’a rien à voir avec la liberté de manifester. Ils peuvent le faire à suffisance après le sommet. Ce sont là mes orientations et je crois bien que le gouvernement va les suivre. A trois semaines, on est en vitesse de croisière pour la sécurisation… J’ai vu dans la presse des responsables libéraux dire : il y a eu le mois d’octobre du Burkina, il y aura le novembre du Sénégal. Ce sont des illusions parce que le Sénégal est une démocratie. Qu’on laisse travailler ceux qu’on a choisis.

Sur l’autre question évoquée, à savoir si le Président Wade sera oui ou non invité, je crois qu’il n y a aucun problème là-dessus. Me Abdoulaye sera naturellement invité. On ne peut pas ne pas l’inviter. Il l’a été lors du dernier sommet du NEPAD que j’ai organisé. Mais il est libre de venir ou pas.

Récemment, du pétrole a été découvert au Sénégal. Où est-ce qu’on en est exactement ? Le gouvernement a aussi été accusé d’avoir géré le dossier d’Arcelor-Mittal. On vous reproche d’avoir mal géré ce dossier, relativement à la transparence du processus. Quelle réponse apportez-vous à ces critiques ?

Le pétrole a été découvert dans la partie eau profonde de notre mer, du côté de Sangomar. Nous sommes là dans l’offshore profond. Des indices, c’est certain, ont été trouvés. Les gisements, également, sont déterminés, plus ou moins, avec des espoirs très importants en matière de réserves. Mais vous savez, le pétrole, pour pouvoir parler avec certitude de quantités prouvées de réserves, il faut un certain nombre de dispositions particulières. Donc, un premier forage peut atteindre le gisement, il faut d’autres forages de développement autour, il faut des tests, une infinité de tests sur les différentes caractéristiques etc. Il y a tout un tas de considérations techniques et tous ces paramètres feront à partir de maintenant l’objet d’évaluations.

Vous savez, un forage pétrolier comme ça, c’est 125 millions de dollars (62 milliards Cfa), pour un seul forage. Parce que vous êtes à 1 100 m de hauteur d’eau, pour atteindre le premier sédiment, avant d’aller à 4000 m de profondeur. Donc ce sont des forages extrêmement coûteux, qui ne peuvent être réalisés qu’après un lot d’études et d’évaluations.

C’est cette phase-là qui va démarrer maintenant et au bout d’un an et demi, nous donner vraiment une cartographie, une photographie très précise sur le volume du gisement, sur son caractère économique et autre. Mais déjà, ce qu’il faut saluer, c’est que nous savions qu’il y avait du pétrole au Sénégal. Rappelez-vous qu’au large de la Casamance, depuis plus de 30 ans, dans le Dôme Flore, il y avait déjà une maturation de la roche, avec du pétrole lourd très difficilement exploitable. Mais également, en offshore, du côté de Thiès, à Gadiaga précisément, on a eu du gaz. Donc notre bassin sédimentaire est un bassin qui a généré du pétrole.

Maintenant, il nous fallait tomber sur un gisement important et je pense que ce sera le cas très bientôt, avec ce gisement de Sangomar qui devra permettre, avec l’aide de Dieu, de faire rentrer le Sénégal dans le club des pays producteurs de pétrole, une fois que tout cela va être fait. Je crois que nous sommes sur la bonne voie et qu’il faut souhaiter que les travaux se terminent. Il faut savoir aussi que ce sont des compagnies pétrolières qui investissent ; les Etats font la promotion de leur bassin sédimentaire, en disant voilà les caractéristiques de notre bassin, voilà ce que nous pensons être l’histoire de ce bassin et voilà la règlementation, le code pétrolier, les dispositions du pays pour attirer ces compagnies qui doivent justement investir dans l’exploration, dans le forage et demain dans la distribution.

Maintenant, il y a des lois universelles, sur le type de contrat pétrolier, contrat de partage de production, contrat de concession. Nous avons choisi le contrat de partage qui est universel. Donc une fois que le pétrole est découvert, on sait déjà à peu près ce que seront les parts de chaque entité, l’entité nationale et les entités pétrolières ; donc sur ce plan, il n’y a pas de problème. En plus, le Sénégal a adhéré à l’initiative ITIE.

C’est moi qui ai engagé notre pays et nous sommes dans la voie d’une candidature, depuis un an, nous sommes donc suivis par la communauté internationale, des pays qui sont d’accord sur l’initiative pour la transparence des industries extractives et minières. Cela suppose que nous devons déclarer toutes les ressources tirées de l’industrie extractive, nous devons également mettre à la disposition de l’opinion, la communauté internationale, tous les contrats signés. Cet exercice de transparence, c’est avec mon gouvernement que cela a été engagé au Sénégal.

Et l’affaire Arcelor-Mittal alors ?

Arcelor-Mittal a obtenu le permis minier du fer de Falémé en 1987 alors qu’il y avait une compagnie qui était là, qui était titulaire du permis. On a renvoyé la compagnie par des méthodes cavalières pour donner ça à Arcelor-Mittal. Arcelor-Mittal, depuis 2008, n’a pas investi et, à partir de 2010-2011, le gouvernement d’alors, après avoir chassé l’autre compagnie qui a porté plainte devant la chambre arbitrale, le Sénégal a été condamné à payer 75 millions de dollars, ce qu’on a caché aux Sénégalais. C’est avec l’alternance de 2012, dans les passations de service qu’on l’a su. Jamais auparavant on n’avait dit aux Sénégalais qu’on avait payé 37 milliards et demi pour une méthode cavalière qui avait été faite de renvoyer une compagnie pour donner ça à Arcelor-Mittal.

C’est par les passations de services que cette information est sortie, que nous avons donc compris que notre pays est condamné à payer 37 milliards et demi, que nous continuons à payer. Nous avons encore 22 milliards et demi à payer à la compagnie Kumba Resource. Entre-temps ce contentieux s’est poursuivi et nous-mêmes, notre gouvernement a poursuivi l’action de l’Etat ; et nous sommes allés avec Arcelor-Mittal jusqu’en décembre 2013, où la décision est tombée pour dire que l’Etat a des droits pour retirer la licence à Arcelor-Mittal. Donc nous avons gagné sur ce plan-là et j’ai annulé la convention d’Arcelor-Mittal et l’Etat a repris la concession du fer.

L’Etat a dit : maintenant, nous allons vous attaquer, parce que, pendant 5 ans, vous avez gelé notre gisement, sans investissement important, sauf des travaux d’exploration additionnelle qui ont été faits et qui sont évalués à 50 millions de dollars (sondages, études de laboratoire, etc.). Nous avons donc engagé une nouvelle procédure de dédommagement. Arcelor a dit d’accord. Mais nous avons dit, comme ils ont mis 5 ans pour arriver à cette décision, nous allons encore poursuivre. Mais je dois vous dire que quand je suis arrivé, Arcelor a essayé de trouver un arrangement avec le Sénégal pour rester, ce que nous avons refusé. Nous leur avons dit : vous sortez et si demain, vous voulez revenir, ce sera dans de nouvelles conditions.

Maintenant, sur l’arrangement sollicité, oui, nous sommes ouverts, si on est prêt à donner un dédommagement conséquent. Nous avons commencé les discussions, ils ont fait différentes propositions qui ont été rejetées, jusqu’au moment où ils sont arrivés à 150 millions de dollars (75 milliards Cfa). Nous avons accepté à 75 milliards, plus 25 milliards qui équivalent aux études, donc 100 milliards. Sur cette base, nous avons accepté d’éteindre le contentieux et de ne pas aller au tribunal.

Voilà exactement ce qui s’est passé. Arcelor a eu le feu vert de son conseil d’administration et moi j’ai autorisé le gouvernement, dans ces conditions, d’accepter la transaction et de clore ce dossier. Voilà ce qui a été fait. Maintenant, ceux qui prétendent qu’il y a de la corruption, ils doivent avoir quand même la responsabilité maintenant de prouver ce qu’ils disent, autrement, c’est de la diffamation. Si donc, à travers le monde, des situations leur permettent d’attester, moi je dis qu’ils sont les bienvenus. Ils n’ont qu’à prouver à la face du monde. Insinuer, alors que par leur action, le Sénégal est encore en train de payer 37 milliards et demi, c’est grave. Aujourd’hui, nous sommes en train de négocier avec des entreprises pour la relance du fer de la Falémé. Voilà exactement ce qui s’est passé. Donc quelqu’un qui a quelque chose à dire n’a qu’à le dire et à le prouver, parce que nous sommes en démocratie.

Le prouver où ? Envisagez-vous des poursuites judiciaires?

Non, c’est-à-dire que pour le moment, ce qui est dit est purement politicien. Le jour où maintenant quelqu’un dira : moi j’ai des preuves de corruption, à ce moment, s’il ne donne pas des preuves et qu’il accuse, il va se justifier devant le tribunal. Je ne peux pas laisser des gens aussi accuser gratuitement notre gouvernance, alors que le Sénégal est aujourd’hui jugé très positivement pour sa gouvernance. Si on attaque, j’espère qu’il y a un dossier, sinon, ce n’est pas acceptable et ce ne sera pas accepté.

Votre ancien collaborateur Moubarack Lô met en cause votre capacité à assurer l’assurance en riz en 2017…

Dites-moi simplement comment vous allez faire pour assurer l’autosuffisance en riz en 2017… J’aurais voulu que vous posiez votre question autrement au lieu de personnaliser le débat. Au niveau où je me situe, je ne peux pas polémiquer. La politique d’autosuffisance alimentaire n’a pas été décidée ex-nihilo. Il faut quand même savoir que le Sénégal regorge d’experts dans ce domaine. L’un des meilleurs experts au monde dans le riz, Pape Abdoulaye Seck, qui a dirigé l’Institut Africa Rice, je lui ai demandé de démissionner, de venir s’occuper du département de l’agriculture et particulièrement, l’une des missions dont je l’ai chargé, c’est l’autosuffisance en riz en 2017.

Alors, tous les experts de la SAED, de l’agriculture, des agroéconomistes, mais surtout les producteurs, ceux-là qui sont sur le terrain et qui produisent le riz aujourd’hui, ont fait le constat que l’ancienne politique qui a été faite, qui s’appuyait uniquement sur l’agriculture irriguée, n’était pas le choix que nous, nous avons, à travers le PRACAS (Programme d’accélération de la cadence agricole au Sénégal) et qui s’appuie sur le volet autosuffisance en riz, en disant qu’il faut changer de paradigme. Nous avons la vallée et sur la vallée, nous avons 240 000 ha potentiellement, sur lesquels 120 000 ha ont été aménagés ; et sur les 120 000 aménagés, seuls 70 000 ha sont en exploitation et de façon jusque-là artisanale.

Donc, l’objectif, c’est de dire, même si nous nous limitons à ces 70 000 ha, avec les rendements que nous avons dans la vallée du fleuve, qui sont parmi les rendements les plus élevés au monde et les experts japonais l’ont dit, ont reconnu que nos rendements sont meilleurs que ceux du Japon en matière de production de riz. Ne serait-ce qu’avec les 70 000 ha actuellement exploités, si nous faisons la contre-saison, donc les deux productions, nous arriverons à atteindre les 600 000 tonnes (900 000 tonnes de paddy blanc), rien qu’avec ces 70 000 T.

Or, nous ne nous arrêtons pas sur les 70 000, puisque nous avons une ambition plus grande. Donc cette année puisque nous avons commencé, 10 000 nouveaux hectares sont en cours de réalisation par le gouvernement du Sénégal. Avec l’Inde, nous avons 63 millions de dollars, donc nous mettons encore 10 000 ha, plus les 4000 que le MCA a faits dans la vallée de Galenca. Donc nous avons tout de suite là le potentiel de 25 000 ha qui vont s’ajouter aux 70 000. Alors vous multipliez ça par le rendement de 6,5T voire 7T/ha fois deux, vous verrez le potentiel qu’on a dans la vallée.

Nous allons poursuivre la même politique dans la vallée de l’Anambé, qui n’a pas le même potentiel, mais surtout, ce que nous avons dit et qui est important, c’est qu’il faut 40% de cultures pluviales pour le riz et 60% de cultures irriguées ; le reste est un débat d’experts, je pense que le directeur général de la SAED s’est suffisamment expliqué sur la question. Mais pour moi, ce qui est important, c’est ce qui va se faire sur le terrain ; le vrai débat est sur les productions que nous attendons et toutes les mesures sont prises en amont. Or, les semences, pour la première fois nous sommes autosuffisants en matière de pré-bases de semences certifiées ; nous allons veiller pour que l’engrais soit octroyé dans les meilleurs conditions, c’est pourquoi nous avons annulé la dette paysanne pour 13 milliards, pour leur permettre de pouvoir se rendetter en intrants.

Nous sommes en train de régler la mécanisation et c’est par la mécanisation que la double culture pourra être faite, car la moisson se fera très rapidement. Donc, le débat est sur ce que nous faisons ; il n’est pas sur ce que X ou Y pense. Je pense que même si, par extraordinaire, en 2017 nous sommes à 90% de l’objectif, c’est gagné, puisque le Sénégal a toujours importé du riz.

Donc, ayons un esprit positif, faisons en sorte que ceux qui y croient ne soient pas découragés par un débat politicien de bas niveau ; faisons en sorte que les Sénégalais, vous comme moi, que tout le monde ait envie d’aller trouver du riz, d’avoir son périmètre avec son village, de développer cette dynamique des coopératives agricoles et c’est cela qui peut faire avancer le Sénégal, mais certainement pas les débats d’intellectuels ici à Dakar, qui n’ont aucune portée sur la réalité. Moi je préfère vraiment engager un combat réel, sur le terrain, avec ceux qui veulent produire, les accompagner et mettre des moyens à la disposition du gouvernement, pour que cette ambition politique devienne une réalité.

Et la première Dame ?
Mon épouse, quant àJe crois qu’on doit à la vérité de reconnaître qu’aucun membre de ma famille n’a d’influence sur la marche de l’Etat. Mon jeune frère (Aliou Sall, maire de la ville de Guédiawaye) m’a dit qu’il est plutôt handicapé par le lien de parenté. Parce que je lui avais conseillé de ne pas prendre une charge publique. C’est vrai qu’il était un agent de l’Etat, mais cela aurait été mieux s’il avait rejoint le privé. Il est allé faire de la politique et Dieu a fait qu’il est sorti vainqueur des joutes électorales à Guédiawaye, par la volonté des populations.

Mon beau-frère Mansour Faye, qui est ministre aujourd’hui, ceux qui sont dans le parti (Alliance pour la République) savent qu’il est parmi les premiers militants de la première heure. Son engagement dans le parti, son abnégation, ses efforts et son sacrifice font qu’il méritait amplement d’être dans le premier gouvernement. Je n’ai pas voulu et je lui ai confié la Délégation à la Solidarité. Et il est allé à Saint-Louis et ce n’était pas gagné d’avance. Il s’est battu et il a gagné. Mais Saint-Louis, comme Thiès du reste, a l’habitude d’avoir des ministres dans le gouvernement. Et lorsque ceux qui y militent gagnent les élections locales, pourquoi n’en ferais-je pas des ministres ? Parce que c’est mon beau-frère ? Donc, à part ces deux-là, vous n’en verrez pas d’autres.

Mon épouse, quant à elle, si je cherche des militantes, elle fait partie des toutes premières. Elle m’a soutenu nuit et jour, publiquement et en privé. Surtout au niveau du parti, mais aussi auprès de tous ceux qui voudraient accéder à moi et que mon agenda ne me permet pas de rencontrer. Mes responsabilités ne me permettent pas de gérer ce que le Sénégal considère comme très important : les rapports humains, avec les autres. C’est elle qui me supplée à ce niveau. C’est très important. Depuis plus de 10 ans qu’on est ensemble, est-ce qu’on l’a entendue quelque part ? Donc ceux qui font des critiques doivent être objectifs, se baser sur des faits. Mais parler de dynastie, c’est un langage de politicien.

En tout cas, les décisions prises au niveau de l’Etat, vous n’y verrez jamais l’influence de ma famille. Parce que je respecte l’Etat et j’y crois ferme, parce que je sais que c’est ce que tout le monde partage. Et un Etat faible, c’est une catastrophe pour un pays. Donc on ne badine pas avec l’Etat, pour des intérêts de famille ou de parti. C’est ça la vérité et la réalité. Ceux qui parlent peuvent le faire, mais cela ne changera rien à la vérité. En tout cas, pour mon épouse, je sais qu’elle m’épaule et dans un domaine social, sans intérêt économique, un domaine qui ne bénéficie qu’aux populations nécessiteuses. Il faut donc qu’on l’assiste dans cette mission en faveur des démunis.

S’il y a une opinion bien chevillée sur le rôle présumé de la Première dame, c’est peut-être dû au fait que toute le monde attendait une sanction contre Mbagnick Ndiaye qui n’est jamais tombée…

J’ai failli être emporté moi-même par la vague de l’opinion. J’ai bien failli prendre une décision. Mais Dieu m’a donné la force de me retenir. Vous savez, si la première dame connaît Mbagnick Ndiaye, c’est grâce à moi. C’est quelqu’un de bien, de digne. Je le connais très bien. Cela aurait créé un drame si on avait pris certaines décisions. Avec le recul, je pense que cela aurait été une erreur de le limoger du gouvernement pour une déclaration qui serait passée inaperçue dans le cadre d’un meeting par exemple. Voilà ce que je peux dire sur l’affaire Mbagnick Ndiaye, en toute sincérité.

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