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Le Soleil N° 13332 du 3/11/2014

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Djiby Ndiaye, directeur général Aner : « Il faut des mini-centrales solaires pour impulser l’électrification rurale »
Publié le mercredi 5 novembre 2014   |  Le Soleil




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Le directeur général de l’Agence nationale pour les énergies renouvelables (Aner), Djiby Ndiaye, est convaincu que l’atteinte des objectifs en électrification rurale passera nécessairement par l’installation de mini-centrales solaires. Il annonce plusieurs projets pour rendre autonomes les infrastructures communautaires de base en énergie et la mise en place d’un mécanisme de financement afin de permettre aux ménages de bénéficier de kits solaires à moindre coût.

Monsieur le directeur général, l’Etat mise beaucoup sur les énergies renouvelables pour réduire le déficit énergétique au Sénégal. Où en êtes-vous avec cette politique de promotion des énergies renouvelables ?
L’un des objectifs qui a abouti à la création de l’Agence nationale pour les énergies renouvelables, c’est la réduction de la facture pétrolière. C’est également la diminution des gaz à effet de serre. Ce que nous attendons des énergies renouvelables, c’est de participer au mix énergétique recommandé par le président de la République. Il sera composé d’énergies fossiles mais aussi de charbon ou encore de gaz. Il y aura également de l’hydroélectricité, du solaire ou de l’éolien. Dans ce mix, l’énergie renouvelable va occuper 20 % de la production d’électricité. Un comité d’agrément a été créé pour accueillir des offres spontanées de projets des énergies renouvelables. Un certain nombre de projets a été sélectionné. Au total, 10 contrats de production et de vente d’électricité ont été ciblés. La Senelec est en train de suivre ces contrats pour la mise en place de ces projets. Parallèlement à cela, l’agence est en train de développer des projets, d’en réaliser dans le monde rural par voie solaire. Nous travaillons aussi à rendre les hôpitaux autonomes en fourniture d’électricité par l’installation d’unités centrales solaires. L’agence veut aussi inciter les ménages à installer des poteaux solaires pour prendre en charge leur consommation.

Il n’en demeure pas moins que le coût des équipements et des infrastructures reste encore élevé pour les Sénégalais. Que faut-il faire à ce sujet ?
Nous avons tenté, en un moment, de préparer un décret sur les installations fiscales pour amener l’Etat à renoncer à différentes taxes liées à l’importation des équipements de production d’énergie renouvelable. Cela a été très compliqué. D’abord, parce que nous appartenons à l’Uemoa. Nous sommes liés à une communauté sur les taxes et les droits de douanes. Il s’y ajoute le fait que le Sénégal vient, récemment, de mettre sur place un nouveau Code des impôts. La direction des douanes disait qu’il n’était pas très simple de modifier un code, après l’avoir adopté en moins d’une année et demi. Aussi, certains membres de la commission ont appelé à l’harmonisation des taux de taxe dans l’espace Uemoa. Le Sénégal ne peut pas se permettre de fixer ses propres taux. Or, il serait mieux de faire baisser les coûts pour inciter les gens à davantage utiliser le solaire. Malgré tout, les coûts ont beaucoup baissé par rapport aux années précédentes. Mais il faut admettre que ce sont également des installations très rentables. Quand vous investissez dans le solaire, le retour sur investissement peut se faire au bout de cinq ans maximum. C’est donc un investissement rentable. Ces installations (panneaux solaires) ont une durée de vie de plus de vingt ans. Pour l’onduleur, par exemple, c’est au bout de 10 à 15 ans. Les batteries ont des durées de vie de plus de sept ans. Ce sont des installations qui sont économiquement très rentables par rapport au coût. Nous sommes en train de réfléchir sur la mise en place d’un mécanisme de financement qui permettrait de soutenir les ménages afin qu’ils bénéficient de ce genre d’équipements.

Pour beaucoup de Sénégalais, l’énergie renouvelable demeure un luxe. Par quelle approche comptez-vous procéder pour qu’elle devienne beaucoup plus accessible ?
La législation est très souple sur ce plan. Nous avons un cadre juridique et réglementaire bien détaillé et bien clair. Il y a la loi d’orientation sur les énergies renouvelables qui nous concerne. Cette loi a déjà deux décrets d’application un pour les privés, dont nous venons de parler, et un autre pour les consommateurs simples : les ménages, les Pme et Pmi qui veulent installer leur propre consommation. Nous avons voulu mettre en place un troisième décret, mais nous avons butté sur les décrets précédents. Cela n’a malheureusement pas pu être mis sur place. Tout de même, le cadre est déjà bien détaillé. Le décret d’application pour les privés est très clair, mais les gens doutent aussi. Car on ne peut pas se lever du jour au lendemain et procéder à l’installation d’une centrale, cela ne peut pas se passer de la sorte. Il y a une organisation, une procédure pour y arriver. Nous avons, pour gagner du temps, autorisé de recevoir des offres spontanées avec une commission d’agrément chargée d’étudier les offres. Les études qui sont techniquement et financièrement rentables ont été retenues par la commission. L’ensemble des dossiers retenus a été transmis à la Senelec. Quelques contrats ont été signés dans ce cadre. Nous ne pouvons plus recevoir d’offres spontanées, car le délai a été dépassé.
Nous avons arrêté, depuis 31 décembre 2013, de recevoir les offres. Maintenant, ceux qui veulent encore en bénéficier doivent passer par des appels d’offres. C’est la loi, c’est le décret. Il faut aussi laisser les premiers bénéficiaires développer, s’ils buttent sur des difficultés, nous en tirerons des leçons. Mais nous sommes désormais tenus de passer par les appels d’offres. Il ne s’agit pas d’avoir simplement de l’argent, il y a une procédure à suivre, une étude à faire sur les tarifs proposés. Les conclusions doivent être remises à la commission de régulation du secteur de l’électricité. Elle est d’ailleurs chargée d’organiser les appels d’offre. Cela permettra d’encadrer les prix de vente de l’électricité à l’Etat. Il y a, effectivement, des procédures à respecter.
Quel est l’apport de l’Aner dans l’électrification rurale ?
Je vais vous parler de quelques uns de nos projets. Il y a des villages qui sont isolés et enclavés qui ne sont pas du tout électrifiés parce que le coût des installations est souvent très élevé. Imaginez, un village de 300, 200 ou même 100 habitants qui se trouve à 10 km du réseau électrique. Tirer une ligne vers ce village revient à dépenser six à sept millions de FCfa par kilomètres. Rien que pour tirer la ligne sur 10 km, cela nécessite 70 millions de FCfa au moins. Il y aura ensuite un réseau de distribution pour alimenter 200 personnes. Je reconnais qu’ils ont droit à l’électricité. Mais, le coût demeure très élevé, il faut, dès lors, trouver d’autres moyens. La solution, ce sont les mini-centrales solaires qu’il faut mettre à la disposition de ces populations rurales. Même s’il faut reconnaître que l’électrification rurale est de la compétence de l’Aser, nous ne pouvons pas alimenter les ménages dans le monde rural. Nous faisons la promotion du solaire dans ces villages qui n’ont pas d’électricité. Ils disposent souvent d’écoles, de centres de santé, de lieux de culte ; nous allons les aider à électrifier ces lieux. Dans ce cadre, un programme va incessamment démarrer, il permettra d’électrifier les écoles, les postes ou cases de santé, les mosquées ou les églises et peut-être même les « daara ».
Nous avons ciblé 120 infrastructures sociales de base dans ce projet. Il y a plusieurs postes de garde qui ont été électrifiés dans le parc Niokolo Koba. Nous nous sommes engagés à les électrifier par voies solaires. L’appel d’offres a été lancé et les travaux vont commencer d’ici à la fin de l’année.
Nous avons également d’autres projets de kits solaires pour les postes frontaliers de douanes, de police, de gendarmerie. Nous n’oublions pas les cases des tout-petits dans les villages reculés. Plus d’une trentaine de cases des tout-petits seront électrifiées. Le contrat est signé et les travaux vont démarrer très bientôt. Il y a également les postes de santé de ces villages, les Collège d’enseignement moyen (Cem) aussi, pour, au moins, permettre d’y installer des ordinateurs, des imprimantes, des photocopieuses entre autres matériels. Le financement est là, l’appel d’offres a été lancé et l’entreprise est déjà choisie. Nous avons même signé le contrat d’exécution. Cela va constituer un programme pilote.
Dans le Plan Sénégal émergent (Pse), nous avons prévu d’étendre ce programme à 1.000 villages répartis dans les 45 départements du pays. Dans chaque département, les 20 villages les plus enclavés et qui ne sont pas électrifiés seront choisis. Ce sera fait à partir de kits individuels qui seront installés dans chaque village capable de prendre en charge le centre de santé, l’école et la case des tout-petits etc.

Sur quoi comptez-vous davantage vous appuyer pour mener à bien cette opération?
Tout d’abord, il y a l’éclairage public par voie solaire. Nous venons de boucler une installation de 1.611 lampadaires solaires dans 11 communes de la banlieue de Dakar et dans six autres communes à l’intérieur du pays. La réception va se terminer d’ici à la fin de la semaine. Ces lampadaires sont déjà installés et sont fonctionnels. Cela n’est en réalité qu’une phase pilote. Le programme consiste à installer, à terme, 70.000 lampadaires.
Nous voulons démarrer une seconde phase à partir de 2015. Cela va contribuer à la baisse des factures d’électricité des collectivités mais également à renforcer la sécurité des populations dans ces villes. C’est un programme cher au président de la République. C’est également un programme du Pse. Nous allons le développer à partir de 2015. Des offres allant dans ce sens ont déjà été reçues. Nous sommes, en réalité, en train de chercher des financements. Pour le moment, nous avons reçu des propositions. Elles seront transmises à la tutelle qui fera le nécessaire avec les autorités. Aussi, il y a l’électrification des infrastructures sociales et communautaires dans le monde rural.
Pour l’électrification rurale, nous sommes à un taux de 25 %, ce qui revient à dire que beaucoup de villages ne sont pas encore électrifiés. L’Aser est train de travailler dessus pour au moins porter le taux à 60 % d’ici à 2016, avec le ministre de l’Energie et les autorités gouvernementales. Dans ces villages, seront au moins électrifiées, les infrastructures communautaires. Des offres allant dans le sens de ce programme ont également été reçues. Nous allons les étudier.
Des hôpitaux et des universités qui consomment beaucoup d’électricité, sont concernés. Nous voulons rendre autonomes ces différentes structures. Dans chaque université ou hôpital, nous pouvons installer une mini-centrale solaire avec une puissance pouvant satisfaire la demande.

L’Etat avait initié un projet de financement des ménages pour l’acquisition de kits solaires. Où en êtes-vous avec ce projet ?
Le projet existe toujours et consistera à installer des kits solaires dans certains ménages. A mon avis, c’est le projet le plus important, malheureusement, les ménages sont souvent confrontés à un problème de financement. Il faudra trouver de bons mécanismes de financement pour les accompagner.

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