Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Senegal    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Quotidien N° 3514 du 18/10/2014

Abonnez vous aux journaux  -  Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Politique

Entretien avec... Boubacar Albé Ndoye, maire de Rufisque-Est : «L’Acte 3 de la décentralisation est une grosse déception»
Publié le lundi 20 octobre 2014   |  Le Quotidien




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le maire de Rufisque-Est s’est dit «déçu» par l’Acte 3 de la décentralisation. Boubacar Albé Ndoye attire l’attention du ministre en charge des Collectivités locales sur le fait que sa commune ne recouvre pas les taxes versées par la Sococim qui est dans «son» périmètre géographique, mais à la ville. Le premier adjoint au maire de la ville de Rufisque revient également dans cet entretien sur les raisons de son choix pour Daouda Niang contre Badara Mamaya Sène.
Votre coalition And liggey ci dëgg vous a reconduit avec brio à la mairie de Rufisque-Est et vous pouviez prétendre à la mairie de la ville de Rufisque. Alors pourquoi n’avez-vous pas postulé pour la ville ?
Durant la campagne, nous avons fait beaucoup de promesses à nos communes car, avec l’Acte 3 de la décentralisation, nous allions hériter des communes fortes avec toutes les ressources locales. Et ma commune serait une des plus nanties de la ville de Rufisque. Cela m’aurait permis de répondre totalement aux aspirations de la population lors de la campagne. Nous pensions que c’est en restant au niveau de cette commune que nous pourrions respecter nos engagements. Cependant, ceci ne nous a pas empêché de travailler, d’identifier des personnalités qui, au niveau de la ville, pourraient coordonner les actions de l’ensemble des mairies. Et je pense que c’est un objectif qu’on a pu atteindre parce qu’on a choisi quelqu’un comme Daouda Niang qui a fait l’unanimité. On a pu l’élire et moi, je suis son premier adjoint. Au départ, il n’avait pas envisagé de postuler à la ville parce que le Pds est sorti avec deux conseillers. Il s’agit d’une personnalité de la commune de Rufisque-Est, mais qui a quand même été à tous les combats politiques dans la ville, quelqu’un de très respectable, un inspecteur de l’éducation, qui a aussi géré des institutions de re­nom comme l’Icp avec beaucoup de milliards. Donc, nous avons pensé que c’est quelqu’un qui pourra, pour la transition, manager une équipe de jeunes Rufis­quois qui aspirent vraiment à re­construire la ville. Nous souhaitons que cela se réalise comme nous l’avons supposé et actuellement cela se passe bien. Il y a beaucoup de Rufisquois qui ne sont pas des politiciens mais de la société civile qui, maintenant, se sont en­gagés pour le développement de la ville.

Quelle a été la principale cause de la défaite de Badara Mamaya Sène ?
La ville de Rufisque est composée de trois communes et lui (Badara Mamaya Sène) a eu le mérite de gagner le nord alors que les deux autres ont été gagnées par la coalition And liggey ci dëgg que je dirigeais et le Pds à l’ouest par le maire Alioune Mar. D’un commun accord, avec Alioune Mar, nous avons convenu qu’il est temps que Rufisque se départisse des pratiques politiciennes et qu’elle soit gérée d’une manière collégiale par des Rufisquois. Mais Badara Mamaya Séne n’avait pas ce profil. Nous avons vu ce qu’il a fait de sa gestion durant ces cinq ans avec une gestion solitaire, qui a complètement mis à genoux la ville. Voilà pourquoi on ne pouvait pas le proposer à ce poste-là.

Et c’est ce qui vous a poussé à soutenir Daouda Niang ?
C’est pourquoi nous avons identifié quelqu’un qui a la sagesse, l’honnêteté et l’intégrité. Daouda Niang a quand même géré des milliards mais on ne lui connaît pas des villas ou des voitures lui appartenant. Maintenant, Dieu seul sait ce qui va se passer mais en tout cas notre ambition, le maire Mar, la coalition et moi, c’est au moins, dans cinq ans, que Rufisque puisse se tourner résolument vers le développement. Nous ne voulons pas d’un maire qui ne fait que de la politique, mais d’un homme exclusivement au service des Rufisquois. Et je me réjouis de la dynamique de tous les acteurs politiques de la ville, adversaires lors des Locales, qui se sont tous engagés main dans la main avec nous dans ce projet. D’ailleurs, la majeure partie d’entre eux sont des conseillers spéciaux dans la ville ou dans les communes.

Albé Ndoye est-il courtisé par l’Apr en direction de la Présidentielle ?
Courtisé ? Non. Mais je dis que beaucoup de leaders de l’Apr souhaiteraient avoir un mouvement comme le nôtre à leurs côtés. Cela ne manque pas, effectivement il y a des gens qui nous sollicitent. Mais pour le moment, nous sommes là en train de travailler. Nous allons vers un mouvement qui sera dans un premier temps départemental. Nous sommes en train de travailler avec beaucoup de personnalités en ce sens, beaucoup de leaders de partis, de la société civile. En effet, nous pensons que pour faire de la politique, il faut un ancrage à la base, dans la commune, dans le département et après, nous allons discuter avec d’autres qui ont la même vision au niveau de chaque département du Sénégal. Mais pour le moment, nous en sommes au niveau local. Il y a beaucoup de gens qui adhèrent à ce mouvement en gestation.

Que pensez-vous de l’Acte 3 de la décentralisation ? Est-ce une déception pour vous ?
En effet, on est un peu déçus de l’Acte 3 dans la mesure où jusqu’au moment où je vous parle, je ne sais même pas sur quel pied danser. On ne sait même pas où on en est. Sur la dévolution du patrimoine de la ville, ce n’est pas encore réglé. Idem pour les textes dans lesquels il y a d’énormes confusions. Par exemple, pour les taxes sur la Sococim, qui est implantée dans notre commune, nous n’en tirons aucun franc. Ce qui devait changer avec l’Acte 3. Donc, effectivement, c’est une grosse déception pour moi. On croyait que la commune allait engranger toutes ces ressources pour son développement parce qu’on a parlé du développement à la base. En réalité, avec l’Acte 3 de la décentralisation, les villes ne devraient même pas exister. Mal­heureusement elles se retrouvent avec beaucoup plus de ressources que les communes. Ce qui veut dire que la réforme a échoué, en tout cas sur la première mouture du texte puisque c’est la ville qui risque d’être plus forte que les communes.

Où sont versées alors les taxes de la Sococim ?
Elles sont supposées être versées à la ville mais, pour le moment, il n’y a rien de clair. Dans les textes, ce sont des patentes qui reviennent aux communes et aux villes. Mais dans le cas où il existe sur le même périmètre une ville et une commune, les taxes pourraient revenir à la ville. Pourtant, il y a un paragraphe qui dit que les patentes à usage commercial doivent rester aux communes. Effectivement, les patentes de la Sococim sont à usage commercial parce que l’usine fabrique du ciment qu’elle revend, les camions viennent acheter comme cela se fait dans les magasins. Pour le moment, on ne peut rien dire puisqu’il n’y a pas une attribution bien définie. Toutefois, nous attirons l’attention du ministre sur le fait qu’il y a cet aspect qu’il faut revoir pour ne pas plomber le développement des communes. C’est bien que la ville puisse bénéficier de ce qu’on tire de la Sococim mais je pense que la commune doit être en première ligne parce qu’abritant l’entreprise. Nous ne pouvons pas comprendre qu’une commune comme Bambilor puisse bénéficier des patentes des industries comme la société de Rufisque alors que nous qui logeons cette société n’en bénéficions pas. C’est un paradoxe et l’Etat doit y réfléchir pour y remédier, voire faire des dérogations pour en faire bénéficier les communes. Les patentes qui viennent de ces industries doivent impérativement être logées dans les communes.

Avez-vous mené des démarches pour corriger cette incohérence ?
C’est un combat qu’on va mener car il y a trop de ressources entre les mains de la ville. Evidemment, lors de la visite du ministre des Collectivités locales à l’occasion de l’inauguration du siège du Conseil départemental de Rufisque, un maire a évoqué cette situation et le ministre n’a pas pu y apporter des réponses. Je pense que c’est une situation qui mérite davantage de réflexion et qu’on corrige ce paradoxe qui est un frein au développement de nos communes.

Qu’avez-vous à dire à l’endroit du ministre en charge des Collectivités locales puisse que vous vous dites déçu par l’Acte 3 ?
Nous avions beaucoup d’espoir avec l’avénement de l’Acte 3 parce que, en tant que commune d’arrondissement, nous avons vécu des moments très difficiles dans notre cohabitation avec la ville. Et quand nous avons parcouru l’ensemble des textes de l’Acte 3, nous avons nourri beaucoup d’espoir fortifiés par le souhait qu’avait le président de la République pour des communes très fortes. Mais actuellement, nous sommes dans le doute et je lance un appel au ministre. Ils ont un très bon projet ; il faut, en dehors des considérations politiciennes, qu’ils prennent leur courage à deux mains et qu’ils mettent en œuvre le vrai projet de l’Acte 3. Au départ, il y a eu beaucoup de gens qui fustigeaient la réforme pour leurs propres intérêts. Le ministre et, au-delà, l’Etat, ont fait un recul sur le projet à chaque fois que des gens ont crié. Je pense qu’il faut être courageux. Le projet qui a été proposé aux Sénégalais était bon. Le développement doit se faire à la base. Aujourd’hui, les villes doivent être là pour mutualiser les efforts des communes et coordonner les actions mais elles ne doivent pas être plus riches que les communes. Ce n’est pas possible. C’était un bon projet mais qui risque d’être une coquille vide.

Quel est le problème de l’Acte 3 à votre avis ?
Peut-être que c’est de l’impréparation de la réforme. Il y a aussi un déficit de communication parce que les acteurs à la base n’ont pas été associés au projet. L’ambition est là mais ils n’ont pas su assez partager avec les acteurs.

 Commentaires