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Le Quotidien N° 3509 du 13/10/2014

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Cheikh Mbow (Cosydep) sur Ubi tey Jang tey : «Nous pensons avoir alerté, mobilisé, conscientisé,...»
Publié le mardi 14 octobre 2014   |  Le Quotidien


élève
© Autre presse par DR
élève dans une école primaire de la ville de Dahra


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Au terme de l’initiative Ubbi Tey, Jàng Tey, l’un des initiateurs fait le bilan à mi-parcours de l’opération. Le coordonnateur national de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) en l’occurrence, tire en effet un bilan satisfaisant de cette action citoyenne. Cheikh Mbow en appelle néanmoins aux sceptiques dans cet entretien, pour qu’ils ne sous-estiment pas «les efforts faits par les uns et les autres».
Pourquoi l’initiative Ubbi Tey, Jàng tey ? Etait-il pertinent de la poser cette année ?
Je voudrais d’abord rappeler le contexte et les motivations de l’opération, dénommée Ubbi Tey, Jàng Tey, traduite dans d’autres langues nationales et signifiant «pour un démarrage effectif des cours dès le 1er jour de la rentrée».
Nous avons constaté les faibles résultats scolaires durant cette décennie en plus de l’inefficience du système éducatif : beaucoup de ressources injectées pour très peu de résultats. Cette situation inquiétante nous invite à adresser les déterminants essentiels de la qualité parmi lesquels, le temps d’apprentissage. En outre, le calendrier scolaire est régulièrement amputé du fait des nombreuses fêtes, des grèves cycliques d’enseignants et d’élèves, mais pire, du démarrage toujours tardif des cours, … chaque année, les écoles, particulièrement du public, perdent un voire deux mois, avant que le démarrage des cours ne soit effectif. La Cosydep et ses partenaires ont ainsi décidé de ne pas croiser les bras, en posant la problématique du quantum horaire mais, dès l’entame de l’année. Mieux, nous avons compris la nécessité de passer aux actes après toute la longue période de réflexion autour des Assises de l’éducation en apportant, de manière autonome et responsable, notre contribution. Voilà ce qui nous a amenés à engager la campagne de mobilisation nationale autour de l’opération dénommée : Ubbi Tey, Jàng Tey.
Par ailleurs, nous restons convaincus que, dans un pays en construction, un devoir de prise d’initiatives s’impose : être dans la conception, la créativité, l’originalité. Maintenant, notre objectif n’a jamais été de réussir cette opération, sur l’ensemble du territoire et dans la première année, parce qu’il y a des contraintes objectives qui se posent et qui exigent des solutions structurelles ; je pense aux abris provisoires par exemple.
Vous avez fini de dérouler l’initiative Ubbi Tey, Jàng Tey pour cette année, si vous aviez un bilan à tirer, quel serait-il ?
L’enjeu était de poser et de soutenir le débat afin que chaque acteur prenne conscience de ses responsabilités. Les échanges nous ont permis de nous saisir davantage des contraintes, des facteurs bloquants, des conditions, des préalables, … tout ceci met chaque acteur face à ses responsabilités. Il s’agit aujourd’hui de réfléchir autour de tous ces «oui mais, difficile parce que», pour arriver à lever les contraintes soulevées.
Tenant compte de nos objectifs au départ, nous considérons alors que le bilan est satisfaisant. Nous pensons avoir absolument alerté, mobilisé, conscientisé… Mainte­nant chaque acteur doit s’évaluer et poser les actes qui s’imposent. Nous n’avions pas le droit de ne pas jouer pleinement notre rôle d’alerte et de veille.
Un élan exceptionnel de changement a été noté de la part des acteurs avec, le 8 octobre, une forte présence des enseignants, des efforts louables du ministère, la mobilisation de parents et d’élèves, … Les absences notées l’ont été surtout du côté des principaux bénéficiaires ; nous voudrions lancer un appel aux élèves et à leurs parents, car si le temps d’apprentissage s’améliore, ce sera à leur profit.
Il ne faut pas qu’on sous-estime les efforts faits par les uns et les autres, il faut continuer à nourrir cette ambition et l’inscrire dans le cadre d’un processus. Si nous maintenons notre détermination et que chaque catégorie d’acteurs fasse face à ses responsabilités, à très court terme, nous arriverons à résoudre cette difficulté.
Nous n’allons pas nous en limiter à la campagne de cette année ; nous ne resterons jamais les bras croisés et continuerons à prendre des initiatives au bénéfice de l’éducation et de la formation. Nous refusons d’être dans la réaction, dans la répétition d’actions classiques ou dans la quotidienneté. Les véritables débats doivent être suscités, c’est de cette façon que les problèmes les plus difficiles se résolvent.
Nous appelons tout le monde à la vigilance et informons qu’on va évaluer ce processus. Au sortir de l’évaluation, nous allons certainement nous accorder sur des actions durables pour un suivi continu du quantum horaire avec des avis citoyens périodiques. Ces actions nous permettront d’augmenter le taux d’adhésion et d’effectivité ; petit à petit, on arrivera à améliorer les résultats.
Est-ce que réellement l’initiative a emporté l’adhésion de tout le monde ?
Notre objectif, c’était de faire en sorte que Ubbi Tey, Jang Tey ne soit pas que l’affaire de la Cosydep ou du M23. Il fallait l’élargir aux autres acteurs et partenaires significatifs que nous remercions. Les acteurs se sont bien appropriés du concept : ministre, gouverneurs, préfets, Ia, Ief, syndicats, parents, élèves, élus, …
Les syndicats s’étaient engagés à mobiliser leurs membres, ce qui a contribué à la présence massive des enseignants le jour de la rentrée. Les enseignants sont à féliciter ; ils ont ainsi confirmé leur détermination et leur engagement pour la qualité du système.
Le ministère a aussi fait des efforts appréciables, de par les mesures diligentes sur l’affectation des enseignants, l’orientation des élèves, mais aussi la levée de la contrainte liée aux frais scolaires. L’Etat devra faire davantage d’efforts sur les questions complexes sans lesquels on ne pourra réussir l’opération dans la durée et sur l’ensemble du territoire. Je pense aux 27% d’abris provisoires, à l’environnement des apprentissages, à la disponibilité des matériels et supports, à la participation effective des élus locaux, …
Le service civique et des organisations communautaires ont accompagné les actions d’amélioration des espaces scolaires. Nous avons vu beaucoup d’organisations mobilisées à rendre leurs écoles salubres et accueillantes.
Des leaders politiques et associatifs, les parents d’élèves et des structures d’élèves ont soutenu publiquement la campagne.
Les médias ont été saisis, ils ont rendu compte de l’initiative et ont stimulé les débats autour des enjeux.
Donc, en amont, nous pensons avoir saisi les acteurs significatifs, ils doivent renforcer leur détermination face aux grands enjeux et aux réticences compréhensibles. Tout le monde n’est pas armé à faire face aux questions difficiles et aux pratiques ancrées.
Si on n’est pas pressé, si on n’a pas d’autres agendas, si on épargne l’école des jeux d’acteurs et de positionnement, si on reste engagé et concentré autour du quantum horaire, on est sûr de pouvoir solidairement mettre la pression qui permette de relever ce défi.
En parlant de découragement, avez-vous un message à lancer à ces gens qui doutent de la faisabilité d’une telle initiative, dans un pays comme le Sénégal ?
J’ai été satisfait de voir que personne n’a réfuté l’idée. Tout le monde sait que c’est une exigence pertinente et incontournable. Le Sénégal est obligé de prendre définitivement cette option ; maintenant, chacun pose des contraintes et des conditions. Si nous voulons faire du Ubbi Tey, Jàng Tey, une réalité et dans le temps, nous devons travailler à faire face à ces contraintes. La première étape est de reconnaître les quelques bons résultats, les bonnes pratiques et les bonnes initiatives enregistrées. Des acteurs ont fait des efforts qu’il faut encourager, la discussion a été très passionnée. Le Sénégal a eu une belle opportunité de discuter largement des contraintes, des goulots d’étranglement du système éducatif, des déterminants de la qualité ; nous en sommes très contents. Il s’agit aujourd’hui, avec une bonne capacité d’écoute, de capter et de bien saisir les messages pour mieux agir. Ubbi Tey, Jàng Tey de l’année prochaine doit se préparer dès à présent, à partir d’actes pertinents. Le cas échéant, le taux d’adhésion de même que le taux d’effectivité seront améliorés.
En termes de perspectives pour l’année prochaine, qu’est-ce que vous changeriez dans l’approche ?
A mon avis, il faut renforcer la communication. Par exemple des enfants ne sont pas allés à l’école, parce que certainement, leurs parents ont eu des problèmes liés aux frais d’inscription. Or le ministre avait sorti une lettre circulaire affirmant que les frais scolaires ne doivent pas être un frein à l’opération. Je pense qu’il fallait beaucoup communiquer sur cette lettre circulaire pour mobiliser davantage les parents d’élèves. Nous saluons sous ce rapport nos antennes régionales, qui ont fait un travail de terrain remarquable. La deuxième leçon, c’est que cette opération doit être une parfaite réussite pour les écoles qui ne sont pas sous des contraintes objectives. La troisième leçon, c’est qu’il faut maintenir le rythme du débat pour une attention particulière sur le quantum horaire. La quatrième leçon, c’est qu’une campagne de cette envergure ne devrait pas être entamée que durant les vacances scolaires. Pour une première année, on peut comprendre, puisqu’on voulait simplement poser le débat, mais pour la prochaine année, il va falloir s’y prendre bien plus tôt, aux mois d’avril et mai par exemple. La capacité d’anticipation de tous les acteurs sera requise.
Pourquoi avoir choisi le wolof et non le français, pour dénommer l’initiative ?
C’est vrai que cette problématique a été posée depuis les tournées de mobilisation, mais nous l’avions réglée. En effet, le concept a été traduit dans la plupart de nos langues nationales. Nous avons demandé à nos antennes d’utiliser la langue locale. Par exemple, le pulaar à Matam, le sereer dans le sine, etc. Il faut préciser que l’utilisation des langues nationales a été dictée par les cibles principales de la campagne. Nous voulions parler aux communautés pour qu’elles se mobilisent à rendre leurs écoles fonctionnelles, s’organisent pour inscrire leurs enfants, interpellent les acteurs directs sur leurs responsabilités.
Mobiliser à partir des langues nationales, c’est aussi rappeler que l’école appartient aux communautés ; ce que les leaders ont d’ailleurs compris a travers les dénominations des associations, partis, émissions, campagnes, …. Seulement la presse devra faire plus attention dans la transcription.

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