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Sud Quotidien N° 6427 du 3/10/2014

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Récurrence des divorces au Sénégal: Tous responsables
Publié le vendredi 10 octobre 2014   |  Sud Quotidien




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Les nombreux cas de divorces sont liés à plusieurs facteurs : incompatibilité d’humeur, manque de confiance, absence de projet clair, le pouvoir de l’argent, inadaptation de nos valeurs à celles occidentales etc. Autant de causes qui font que les unions ne durent que le temps d’une rose. Les belles familles, au-delà des conjoints, sont aussi indexées comme cause de l’instabilité des ménages. Tous responsables ! Sud pose le débat.

Si les beaux parents évoquent le manque d’éducation des jeunes filles mariées pour expliquer les problèmes au sein des ménages, ces dernières indexent une certaine jalousie que les belles mères manifestent envers elles surtout quand le mari de fils montre un très grand sentiment d’amour à l’égard de sa conjointe. Un comportement qu’elles ne manifestent pas souvent en présence de leur fils, soutiennent certaines personnes interrogées.

Pour cette dame (qui a préféré garder l’anonymat), la soixantaine sonnée : «de notre temps, nous avions bénéficié d’une bonne éducation et l’on s’habillait de façon décente. Nous vouions un grand respect à l’égard de toute personne âgée. Ce qui n’est pas le cas pour les nouvelles générations, car elles ne respectent même pas leurs propres parents. Ces nombreux divorces sont liés à un problème d’éducation et les parents doivent jouer leur partition», dit-elle. Ce que confirme cette autre interlocutrice qui s’est abstenue de décliner son identité : «Les divorces sont légion et pour preuve, à 34 ans, tu vois des gens contracter trois mariages et ce sont les enfants qui en pâtissent, faute de repères », se désole-t-elle. Un homme qui suivait la discussion ne s’est pas empêché de donner son avis sur la question : «la faute est partagée. Il y a des hommes qui aiment les aventures avec toutes les belles femmes qu’ils rencontrent. D’autre part, les femmes, pour la plupart, sont matérialistes et tiennent à leur liberté. S’y ajoute le caractère autoritaire de certains hommes qui considèrent la femme comme une œuvre d’art », déplore-t-il.

La faute aux maris

Certaines femmes rencontrées estiment que ce sont les époux, de par leur comportement «irresponsable», qui favorisent cette tension entre l’épouse et sa belle-mère. «Lorsque la tension éclate, l’époux ne prend pas son courage à deux mains pour tenter de ramener la belle-mère à la raison. Au contraire…», dira Soukey Sow. Ce que confirme F. Ba : «ma belle-mère a créé une tension permanente dans mon ménage, pourtant je lui voue un profond respect. Mais, le comportement parfois irresponsable de mon mari a mis le feu au poudre », dit-elle.

Un choix difficile et impossible

Mais les hommes qui sont ainsi indexés, s’en défendent. M. Diouf un employé dans une entreprise de la place soutient : «avant de rencontrer et d’épouser ma femme, il n’y avait que ma mère à mes côtés pour me soutenir. Elle est tout pour moi et elle a tout fait pour moi. Tout ce que je suis devenu aujourd’hui c’est grâce à elle. Je ne vais donc pas me permettre ou admettre que quelqu’un lui manque du respect ou lui fasse du mal, y compris ma femme. Sinon, je vais devenir le pire des ingrats ». Toutefois, dit-il, « Je ferais de mon mieux pour que quand un problème survient entre ma femme et ma mère, de le résoudre le plus simplement possible sans que personne ne se sente lésée. Ainsi, je ferais comprendre à ma mère que mon épouse est sa fille et vice-versa».

«On ne doit pas, à chaque fois, vouloir accuser les maris quand des problèmes de cette nature surviennent. Si ma famille n’est pas en parfaite harmonie avec ma femme, je ne peux qu’arranger la situation à travers le dialogue. Aussi, je ferais connaitre à chacun sa place», dit M. Ndao, un père de famille qui vient d’être admis à faire valoir ses droits à la retraite.

M. Ndiaye, taximan partage la même vision. Selon ce dernier, «il y a des belles familles qui sont très difficiles à satisfaire. Personne ne peut vivre avec elles, tellement elles sont compliquées. Il y a des belles mères qui ne tolèrent rien à leurs belles filles alors qu’elles devraient les considérer comme leurs propres enfants pour faire régner la paix et la bonne ambiance dans les foyers. Mais aussi pour aider leur fils à être dans la tranquillité et loin du stress». Et d’ajouter : «Nous avons une position difficile parce que quand notre femme et notre mère ont un problème, on est très mal à l’aise. Pour la simple raison que qu’on ne peut prendre une décision pour éviter d’être accusé de prendre partie»
Le conducteur suggère cependant aux hommes, dans ce genre de situation, de s’armer toujours de patience et de retenu pour éviter de dire ou de faire quelque chose qu’ils pourront regretter.

Le chauffeur, en personne expérimentée, ne nie pas le fait qu’il y ait des hommes faibles de caractère qui se laissent manipuler facilement par leurs femmes ou leur mère. Il ajoute même que quelque fois ce sont les hommes qui créent aussi les problèmes car, voulant mettre leurs épouses au-dessus de tout le monde. «Et ça peut créer des divergences dans une famille».

Pour Oustaz Alioune Sall, «C’est au mari de combattre ce phénomène en amenant son épouse à changer de comportement. Mais, avant toute chose, il doit bien choisir la femme avec qui il veut fonder son foyer ».

Quand l’argent ne fait pas le bonheur

Par ailleurs, la logique économique impacte la santé du couple. Des parents poussent souvent leurs filles à se marier avec un homme riche ou dont la situation financière est à même de prendre en charge les besoins de la conjointe. Le luxe prenant le pas sur l’amour, le ménage vacille et débouche souvent sur le divorce. Cette femme, la trentaine, confesse sous le sceau de l’anonymat: «moi, mon premier mariage remonte d’il y a dix ans, c’est-à-dire lorsque j’avais 20 ans. J’ai vécu le pire de ma vie avec un homme qui pourrait être mon père et cela à cause de ma mère qui est une matérialiste, une mondaine. Cinq années de sacrifice que j’ai eues à supporter pour les caprices de ma mère. C’est vrai que j’avais tout le luxe que la vie pourrait m’offrir, mais le bonheur du mariage et l’amour, je viens de les connaitre dans mon mariage actuel. Mon homme n’a pas tout l’or du monde, mais, nous vivons avec ce que nous avons dans le respect et la dignité. Nous nous aimons et nous n’avons pas besoin de richesse pour le prouver.

Actuellement, il est ma famille puisque les miennes m’en veulent pour avoir divorcé, mais Dieu merci, je m’en sors très bien». Le récit n’est pas allé à son terme, à cause de l’émotion qui a étreint notre interlocutrice. Tenaillée qu’elle est, entre le rejet d’une famille qui refuse de comprendre le pourquoi de son divorce, alors que son ex mari avait tout l’or du monde et les cinq ans de calvaire vécus dans un ménage d’où s’est exilé tout fondement amoureux. Elle a choisi, à la place du luxe insolent, l’amour et le respect mutuel.

Se marier à bas âge solidifie le ménage

Le mariage est conçu comme l’union par laquelle un homme et une femme consentent à fonder un foyer. Pour Oustaz Alioune Sall: «dans une certaine époque, le mariage se faisait très tôt. Avant l’âge de 20 ans déjà, les filles étaient épouses et les hommes ne dépassaient pas 22 ans. Ce qui faisait que les deux partenaires étaient tout à fait innocents. Ils n’avaient aucune expérience, ni une notion des loisirs de la vie. Ils se suffisaient de ce que leur recommandaient leurs parents et n’avaient donc pas le temps de faire autre chose. Quand une jeune fille était donnée en mariage à un jeune âge, elle rejoignait d’abord sa tante paternelle qui la gardait avec elle pendant un moment pour renforcer l’éducation déjà reçue chez ses parents. Mais aussi, l’apprentissage des bons comportements qu’une jeune fille doit adopter envers son mari et sa belle famille».

Lorsque l’un des partenaires commettait une erreur, ni les parents du jeune homme, ni ceux de la jeune fille n’étaient au courant. Les deux conjoints parvenaient à régler leur problème à l’amiable sans que personne ne soit mis au parfum de la situation. Malheureusement, cette époque où les «sages» intervenaient dans les ménages est dépassée.

Ce qui est totalement différent aujourd’hui. Ce qu’on voit actuellement, c’est que les gens se marient tardivement après avoir vécu beaucoup de choses. Ils ont le temps de s’habituer amplement à des vies qui engendrent des comportements négatifs comme le matérialisme, l’oisiveté, le mauvais compagnonnage, la liberté etc. Le divorce est donc devenu une solution pour le couple qui ne se donne plus la peine de régler le moindre différend.

L’indiscrétion, l’autre cause du divorce ?

L’autre problème aujourd’hui, dans la plupart des ménages, c’est qu’il n’y a plus de discrétion. Souvent, on remarque que dans un couple, dés qu’il y a une dispute, l’un des partenaires dévoile tous les secrets de l’union ailleurs. Les jeunes filles présentement confient leurs difficultés à leurs amies, de même que les hommes. Alors que ces amis donnent rarement de bons conseils.

Adja Ndiaye est convaincue que «l’indiscrétion peut dans certains cas, gâcher un mariage. Dès fois, par malchance, on s’engage avec quelqu’un qui n’a pas sa langue dans la poche. Une personne qui parle partout et dit n’importe quoi, à n’importe qui, cela peut amener des problèmes dans un ménage». Et de poursuivre : «Il y a des gens qui n’ont aucun savoir vivre et qui n’hésitent pas à vilipender leur conjoint ou conjointe. Ce qui peut en retour le vexer une fois que la rumeur éclate».
Mayoro Gueye est moins catégorique : «L’indiscrétion doit faire partie des choses à éviter dans un mariage, car même si elle ne conduit pas au divorce, elle peut créer des incompréhensions».

De son côté, Seydina Ndiaye, un enseignant dans un établissement de la place tente de nuancer : «Le problème d’indiscrétion n’est pas déterminant dans le cas des nombreux divorces. Dans la tradition africaine, lorsque le couple a des problèmes, chaque conjoint s’en ouvre à son entourage. D’abord, aux membres de sa famille, ensuite à ses amis, enfin aux sages. Et tout cela dans le but de trouver une solution au problème ». Pour M. Ndiaye «Les ménages sont très exposés à l’influence de la société qui se mêle de tout. Quand ça marche, tout le monde en profite, mais quand c’est le contraire tout le monde est aussi au courant». Saliou Faye, expert maritime, lui emboîte le pas : «Il est tout à fait logique et normal qu’en cas de différend dans un ménage que l’un des conjoints se confie à un ami ou un parent pour recevoir des conseils. Dans ce cas, on ne peut pas parler d’indiscrétion». Selon l’expert maritime, la cause immédiate qui peut mettre fin à une union serait plutôt le manque de confiance. «L’absence de confiance est un des motifs déterminants qui peut mettre fin à une relation. Une relation ne peut être sauvée si elle n’est pas basée sur la confiance mutuelle. Les deux partenaires doivent à chaque fois se sentir protégés».

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