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Sud Quotidien N° 6395 du 26/8/2014

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École sénégalais: Les raison de la spirale d’échecs massifs
Publié le mardi 30 septembre 2014   |  Sud Quotidien


Serigne
© Autre presse par DR
Serigne Mbaye Thiam, Ministre de l`Education nationale


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L’année scolaire 2013/2014 s’en va laissant derrière elle, la désolation et la désillusion chez bon nombre de parents et d’élèves. A l’image des années précédentes les résultats aux examens de fins d’années ont été catastrophiques. Aussi bien au baccalauréat qu’au Bfem et au certificat de fin d’études élémentaires, la tendance baissière se maintient, atteignant dans certaines localités des records de faiblesses inférieurs à 20% notamment pour le CFEE. Comme raison à cette situation de «déliquescence», des problèmes structurels, mais aussi matériels et ressources humaines sont évoqués par les acteurs.

Pour cette année le pourcentage national au baccalauréat toutes séries confondues n’a pas excédé les 35%, idem pour le certificat de fin d’études élémentaires et le Bfem encore plus catastrophiques.

Et paradoxalement, les deux dernières années scolaires ont connu une relativement accalmie avec moins de grèves des enseignants et des élèves. Un fait, qui, pour certains acteurs de l’école, vient battre en brèche l’alibi du déficit du quantum horaire et des grèves cycliques souvent avancé pour expliquer les mauvaises performances de l’école sénégalaise malgré une pluie de milliards.

C’est pourquoi de plus en plus de voix s’élèvent pour dire qu’il est temps de se pencher sur les véritables raisons de ces contre performances «afin d’arrêter ce cycle d’échec massif» selon la COSYDEP.

Cheikh Mbow et ses camarades constatent «la poursuite d’un cycle durant lequel, l’examen du baccalauréat s’est singularisé entre 2001 et 2013, par des taux de réussite extrêmement faibles, qui ont toujours varié entre 34 et 50%».
Cette échec massif touche également le Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) avec un résultat «désastreux de 33%».

Ceux du Bfem sont dans les mêmes proportions. Autant de faits qui constituent selon cette organisation «les preuves de la déliquescence indiscutable que vit notre école».

Plusieurs raisons sont évoquées pour expliquer cette situation. Des professeurs interrogés indexent un certains nombre de facteurs comme les effectifs pléthoriques, le manque de matériel pédagogique, mais aussi des décisions administratives inadaptées concernant le passage des élèves.

En effet, selon M. Mbodj professeur de lettres dans un collège de Dakar, «ces mauvais résultats ne sont que le reflet du pilotage à vue dans le système éducatif.»

A l’en croire aujourd’hui le grand problème dans l’école sénégalaise c’est d’abord les effectifs pléthoriques «quand les apprenants dans une classe dépasse les quatre-vingt (80) élèves (en banlieue de Dakar ils sont jusqu’à 120 parfois en 6ème et 5ème). Comment peut-on demander à des enseignants d’avoir un encadrement et un suivi adéquats ?», se demande-t-il.

Absence de manuels officiels

Une situation aggravée par l’absence de manuels officiels pour les programmes et les contenus d’enseignements. «Avant, pour chaque discipline et pour chaque niveau, il y avait un manuel identique pour tous les élèves. On avait les livres du programme africain et malgache IPAM ou la collection Hatier par exemple de la sixième à la première. Aujourd’hui, tous les programmes ont été renouvelés mais ce renouvellement n’est pas accompagné de supports didactiques. Au contraire, le ministère organise des séminaires par ci et par là avant de demander aux enseignants de se débrouiller en s’appliquant la méthode de la pédagogie des grands groupes. Cela est une utopie car même là, on a besoin de matériel ordinateurs, rétroprojecteurs…sans oublier que dans certains établissements il n’y a pas d’électricité. C’est le cas dans les abris provisoires. C’est pourquoi, on assiste à une prolifération de fascicules faits par des professeurs d’une même discipline et dont les contenus ne sont pas toujours adéquats. Alors, les manuels officiels étaient faits sous la supervision d’inspecteur généraux de l’éducation dans chaque discipline», renchérit M. Daouda Ndiaye professeur de sciences de la vie et de la terre.

M. Dramé, conseiller pédagogique itinérant lui indexe la lourdeur des programmes et les hésitations sur le choix de la méthode pédagogique, «les programmes sont trop lourds c’est-à-dire que le nombre de leçons pour chaque discipline est trop grand. On veut privilégier l’entrée par les compétences tout en accordant encore une trop grande importance aux contenus» a-t-il expliqué.

A cela s’ajoute le problème de la ressource humaine. Certains enseignants n’ont pas le bagage nécessaire pour entrer dans les classes. «Un savoir pour pouvoir l’enseigner, il faut le dominer verticalement et horizontalement, mais ce qu’on constate aujourd’hui, c’est un grand nombre d’enseignants même parmi ceux qui sont sorti de la FASTEF, il y a beaucoup de faiblesses pour dispenser des enseignements. On s’en rend compte à l’occasion des évaluations de fin de formation, mais avec le système de la vacation, il est préférable de laisser ces gens-là passer plutôt que de les retenir pour éviter qu’après les autorités aillent recruter des personnels vierges de toute formation pédagogique initiale et les envoyer directement dans les classes pour dispenser des cours. Donc, je crois qu’il faut revoir la formation des enseignants et surtout relever le niveau de leur recrutement», confie ce formateur à l’école normale.

Au delà de ces considérations matérielles, les acteurs pointent un doigt accusateur sur «les incohérences du système» avec le projet «zéro redoublement» et le «maintient des enfants à l’école jusqu’à seize ans».

En effet, des raisons liées à la scolarisation universelle et le besoin de se mettre à jour par rapport à des taux, font qu’aujourd’hui certains estiment que «c’est l’Etat lui-même qui cultive la médiocrité en imposant le maintien des élèves à l’école jusqu’à 16 ans. C’est à croire que l’enseignant n’a plus le pouvoir de décision. Et pourtant, c’est lui qui dispense les cours et procède à des évaluations pour juger du niveau et des aptitudes des enfants. Dans tout système éducatif, il y a un principe de filtre. Mais là, un élève peut être irrégulier, se retrouver avec une moyenne annuelle inférieure à 05/20. Si vous le renvoyez, les autorités vous demandent de le reprendre. On copie des modèles sur les pays développés alors que ces pays ont des issus intermédiaires qui leur permettent d’orienter l’enfant qui a des difficultés dans l’enseignement général vers des filières d’apprentissage professionnel et technique alors que nous nous n’avons pas ces possibilités», peste Mme Mbaye, professeur d’anglais à Rufisque.

Réforme mal maitrisée à l’élémentaire

Au niveau de l’élémentaire, la situation est aussi compliquée avec les effets induits d’une réforme mal maitrisée et consécutifs à l’introduction du nouveau curriculum de base.

Une réforme qui arrive avec un handicap majeur, le manque de formation des instituteurs chargée de la mettre en œuvre, même si les acteurs s’accordent à dire qu’en soit, elle est pertinente. Ils ont été formés selon l’ancienne méthode. Comme le dit la directrice de l’école de élémentaire de Keur Mbaye Fall, « la réforme est très bonne, il faut juste l’accompagner ». En effet, explique Mme Sall «les perturbations et les mauvaises performances sont compréhensibles car elles sont liées aux innovations qui concernent aussi bien les élèves que les maitres avec les différences d’approche dans les méthodes d’évaluation et d’apprentissage. Mais, ces perturbations peuvent être rapidement dépassées avec un appui conséquent de l’Etat en termes de formation et de logistique».

Pour elle, comme pour son collègue de l’école Ndiagne Samb de Rufisque, «il faut revoir la formation et l’accompagner avec des moyens», car explique M. Ndiaye Sarr «l’intrant le plus important dans ce système c’est l’enseignant. Il faut faire de sorte qu’il soit, à même d’exécuter les tâches qui lui incombent. C’est-à-dire qu’il puisse dérouler correctement les enseignements apprentissages dans les meilleures conditions, qu’il dispose du matériel requis et qu’il fasse l’objet d’une bonne formation.»

Heureusement que cette question de la formation des maitres sur le curriculum est désormais prise en charge, au niveau des centres de formation des personnels de l’éducation (CFPE).

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