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Le Quotidien N° 3496 du 26/9/2014

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Douze ans après la tragédie : Le Joola n’est pas encore enterré
Publié le samedi 27 septembre 2014   |  Le Quotidien


Le
© Autre presse
Le naufrage du bateau "Le Joola" a eu lieu dans la nuit du 26 septembre 2002 faisant officiellement 1863 victimes.


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Le gouvernement du Sénégal semble oublier tout doucement ce qui est arrivé aux larges des eaux gambiennes il y a douze ans aujourd’hui. Le drame le plus important de l’histoire de la navigation maritime n’a jamais eu de responsables du côté sénégalais. Les pouvoirs publics ont ouvert le parapluie pour protéger tous ceux qui étaient dotés d’une quelconque autorité sur ce navire, en décidant de sacrifier sciemment les victimes et leur mémoire. Dès lors, des questions qui auraient dû trouver une réponse depuis une décennie continuent de hanter les esprits.
Douze ans après la tragédie la plus mortelle de l’histoire de la marine, aucune autorité militaire ou civile n’a eu à faire les frais de cette bavure dont les conséquences se font encore sentir au sein de certaines familles qui ne cessent de pleurer la mort de proches ou d’amis. D’abord, du côté de l’Armée, le général Babacar Gaye était la première autorité indexée dans ce dossier du Joola. En tant que chef d’Etat-major général des armées et supérieur hiérarchique du commandant de bord et du personnel militaire embarqué, le général Gaye avait la charge de veiller sur tous les dossiers dont la gestion revenait à l’Armée nationale. En lieu et place, il a obtenu une promotion qui a laissé perplexe plus d’un, en ce qui concernait l’objectivité des critères de nomination. Et l’on se rappelle qu’au moment d’envoyer des secours aux naufragés du Joola, le général Gaye avait réquisitionné l’unique avion capable de servir dans les opérations de sauvetage parce qu’il devait faire un tour dans la région de Saint-Louis. Cela avait choqué l’opinion à l’époque, au vu de l’ampleur de la tragédie et de la lenteur à apporter les secours. Mais son nom n’a été qu’au début d’une longue liste dans laquelle celui de plusieurs hautes personnalités de ce pays à l’époque du naufrage figurait.
Pis, l’indemnisation proposée par l’Etat du Sénégal s’accompagnait d’un engagement explicite de la part de l’indemnisé de ne jamais intenter une action quelconque en justice contre lui. En effet, il octroyait dix millions à chaque victime et rescapé, ainsi qu’aux familles, mais ces bénéficiaires devaient signer un papier attestant qu’ils n’engageraient aucune poursuite contre le gouvernement, comme l’a confirmé un rescapé. Question : Qu’y avait-il de si grave à dissimuler dans ce dossier du Joola pour que le gouvernement de Wade décide de protéger ses arrières d’une manière aussi agressive et opportuniste ?
Les conditions dans lesquelles le bateau naviguait étaient loin d’être des plus optimales. Surcharge, anarchie, vétusté, tels sont en résumé les maux qui gangrénaient le Joola et qui ont finalement eu raison de lui. Et ceux qui le géraient en étaient informés. D’ailleurs, n’é­taient-ils pas tous au courant que le Joola ne fonctionnait qu’avec un seul moteur au lieu de deux ? Ils savaient également que les prix des billets ne pouvaient nullement permettre de recouvrer tous les frais effectués pour l’entretien du bateau et le paiement de son personnel. D’où l’explication de la surcharge, qui ne pouvait être entretenue que par le personnel de bord. Eux seuls disposaient en effet d’un tel privilège.
Quoi qu’il en soit, dans cette affaire, les Africains sont la risée du monde, à cause de l’iniquité devenue habituelle dans le traitement de certains dossiers judiciaires d’envergure. Depuis la date funeste du 26 septembre 2002, aucune action de la part d’autorités sénégalaises n’a permis d’élucider les circonstances du naufrage le plus meurtrier de toute l’histoire de la navigation civile. Le capitaine du bateau, Insa Diarra, est parti, soit dans l’au-delà, soit sous d’autres cieux. Le doute persiste. Aucun effort sérieux n’a nulle part été entrepris pour essayer de lever le mystère de cette disparition. Et on en est toujours là, douze ans après.

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