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Des causes d’ordre culturel expliquent la pratique de l’excision à Dakar et Tambacounda (étude)
Publié le samedi 20 septembre 2014   |  Agence de Presse Sénégalaise




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Plus de 76% des populations interrogées pensent que les causes de l’augmentation de la pratique de l’excision à Dakar et sa persistance dans la région de Tambacounda sont d’ordre culturel, révèle une étude menée dans le cadre d’un programme conjoint UNICEF-UNFPA, pour le compte du ministère de la Famille.

La justification religieuse et le désir de perpétuer la tradition occupent une place importante dans la perpétuation de cette pratique, indique l’étude visant à identifier les causes de l’augmentation de la pratique de l’excision dans la région de Dakar et sa persistance dans la région de Tambacounda.

Inscrite dans le programme conjoint UNICEF-UNFPA, cette étude faisait suite à l’Enquête démographique de santé (EDS) 2011 qui avait fait état de l’augmentation du taux de prévalence à Dakar qui est passé de 17% en 2005 à 20% en 2011, et de la stagnation de celui de Tambacounda autour de 86%.

''L’étude relève aussi que les positions respectives des deux régions cibles, de zone de transit de migrations internationales et de zone frontalière, ouverte aux influences sous-régionales, y sont pour quelque chose'', a dit Mamadou Ndoye, coordonnateur adjoint du Plan d’actions national pour l’accélération de l’abandon de l’excision.

En compagnie d’autres agents du ministère de la Famille, il faisait une présentation de l’étude, lors d’un atelier de partage à la gouvernance de Tambacounda, après une première validation.

Dénommée ‘’la pratique de l’excision chez les populations locales et migrantes à Dakar et à Tambacounda’’, l’étude avait ciblé près de 2.000 femmes dans des ménages urbains de Dakar et Tambacounda. Elle était destinée à identifier les causes de l’augmentation du taux de prévalence à Dakar et de la stagnation de celui de Tambacounda.

Il s’agissait aussi de déterminer la part des migrations dans la persistance de cette pratique dans les deux régions.

''La région de Tambacounda est une zone multiethnique et frontalière avec des pays avec lesquels elle partage plusieurs coutumes. ce qui a une influence notoire dans la pratique de l’excision'', a-t-il relevé.

M. Ndoye a souligné la ‘’particularité’’ de Dakar, qui en plus d’être une zone de transit de migrations internationales, est une capitale où vivent beaucoup de communautés. Pourtant la ville était ‘’vierge’’ en termes d’interventions menées pour l’abandon de l’excision, lesquelles étaient surtout orientées vers les régions de l’intérieur du pays.

Relativisant le taux de prévalence de Tambacounda, il a noté que la méthodologie de l’EDS fait qu’elle mesure des situations passées, ne permettant pas de voir très nettement les avancées qui s’opèrent.

L’étude ciblant la tranche d’âge 15-49 ans qui est mesurée tous les cinq ans, avec souvent les mêmes cohortes qui reviennent, montre un taux de prévalence qui ‘’baisse lentement’’, a-t-il expliqué.

Une étude présentée récemment à Dakar montre qu’ ‘’il y a des progressions (et) il y a espoir’’, a-t-il signalé, ajoutant que l’EDS mixte montre que sur la tranche 0-4 ans ‘’il y a des avancées’’.

Concernant les causes de la persistance de l’excision, la justification religieuse et le désir de perpétuer la tradition, occupent une place importante. La peur de la stigmatisation sociale, notamment ce ‘’sentiment de mépris’’ que les membres de la communauté ont envers la fille non excisée, est très déterminante.

Selon l’étude, ‘’76,4% des populations locales pensent que les causes de la persistance de la pratique de l’excision à Tambacounda et de son augmentation à Dakar sont d’ordre culturel’’.

Cependant 40,8% soutiennent que la pratique est liée à une ‘’volonté de maîtriser et de contrôler la sexualité féminine’’, tandis que 28,5% estiment que la situation actuelle dans les régions cibles est due à la ‘’non application de la loi’’ interdisant cette pratique.

Au total, ‘’17% de la population locale pensent toutefois que cette situation prévaut parce que l’excision est utile pour la femme’’.

L’étude décrit le mode opératoire, rapporte des récits de vie, et revient sur l’organisation ainsi que les rites rattachés à l’excision. Ainsi, 45% des enquêtées ayant été excisées ont rapporté que ce sont les excisées qui rejoignent les exciseuses.

Autre fait nouveau, la ‘’médicalisation clandestine de la pratique’’. Les 5% de la population migrante ayant subi la pratique, ont été excisées par des professionnels de la santé, note l’étude.

L’enquête met aussi en exergue une ‘’forte implication des mères et des grands-mères’’, qui sont les principaux acteurs de la perpétuation de cette tradition. ‘’Bon nombre de filles ont été excisées par leur propre mère’’.

La dimension de la mobilité est très importante relativement à cette pratique. L’étude signale aussi une ‘’périphérisation’’ de l’excision, ce qui signifie qu’elle est beaucoup plus développée dans le monde rural. Tout comme une ‘’sous-régionalisation’’, qui met en évidence le rôle important des pays limitrophes dans la persistance de l’excision.

Quelques recommandations ont été faites, dans le sens du renforcement de la coordination et de la synergie entre les différents intervenants dans la région de Tambacounda. L’étude suggère que soit développées des activités spécifiques à l’endroit des communautés pratiquantes à Dakar et Tambacounda.

Il faut, a poursuivi Mamadou Ndoye, donner plus de place à la composante migratoire, ainsi qu’aux mères et aux grands-mères, dans les stratégies de promotion de l’abandon.

L’enquête suggère la dissémination d’arguments religieux mettant en cause la justification de la pratique de l’excision par des textes islamiques. A ce propos, un argumentaire religieux a été dispensé à des imams de Kolda lors d’une formation, et il est prévu prochainement d’en faire de même à Tambacounda, a-t-il relevé.

Quatre activités majeures sont prévues ces temps-ci à Tambacounda, qui est la première étape de la délégation, avant Kédougou et Matam.

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