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Le Quotidien N° 3489 du 18/9/2014

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CELEBRATION - 57 ans après son Manifeste : Le PAI renaît de ses cendres
Publié le vendredi 19 septembre 2014   |  Le Quotidien




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Le 15 septembre 1957, 23 fils d’Afrique rédigèrent et signèrent ensemble à Thiès le manifeste fondateur du Parti africain de l’indépendance (Pai). Les amis du Pai se sont retrouvés lundi à Douta Seck pour le point d’orgue de ces festivités. Auparavant, ils avaient organisé samedi à la Fondation Rosa Luxembourg une réflexion sur le marxisme, libéralisme et religion : espace de rencontres, espace de rupture.
A défaut d’avoir conquis le pouvoir et transformé la société, les signataires du Manifeste de 1957 comptent leurs disparus. Aujour­d’hui, ils ne sont plus que trois survivants. En eux, est conservée la mémoire vivace d’une génération dont Rufisque était l’épicentre d’une formation aux idées marxistes de transformation sociale de l’ordre établi par le colonialisme français. C’est là-bas, selon Bécaye Diop qui se considère comme un enfant du Pai (Parti africain pour l’indépendance), que ce vivier de jeunes esprits constitués par l’Union culturelle musulmane (Ucm) et les Jeunesses ouvrières catholiques (Joc) a garni les rangs de ce qui allait devenir le Pai dirigé par Majmouth Diop.
Car les premiers marxistes sénégalais vivaient en France où ils avaient épousé les idées socialistes par leur contact direct avec cette dernière. Mais ils militaient au sein d’un Parti communiste français (Pcf) fondé en 1920 dont, à l’image du Rda au lendemain de la deuxième guerre mondiale, il était devenu nécessaire de revendiquer la libération de la tutelle coloniale par la conquête de l’indépendance face aux positions nettement moins tranchées du Bds (Bloc démocratique sénégalais) puis de l’Ups (Union progressiste sénégalaise). L’indépendance conquise, le grand soir lui a été remisé parmi les oripeaux de la gauche sénégalaise. Qu’importe, Victor Hugo écrivait en 1871 au lendemain de l’écrasement de la Commune de Paris : «Le cadavre est à terre, l’idée est debout.» Des idées, il reste celle d’accommoder le marxisme, critique scientifique de l’ordre social, à celle d’une culture empreinte d’un syncrétisme indéboulonnable. On considère à tort le marxisme comme une pensée athée, certes le culte du parti s’est souvent substitué dans l’histoire du socialisme à celui de l’autorité divine. Socialisme et anarchisme se distinguent autant que Marx et Bakounine s’opposent sur la question religieuse.
On attribue la maxime «La religion est l’opium du Peuple» comme l’anarchiste se revendique du «Ni dieu ni maître» et pourtant, selon les professeurs Iba Der Thiam, Thierno Diop et Amadou Aly Dieng, la paternité de cette phrase précède le philosophe allemand. Pourtant, elle a semé la confusion dans les esprits en particulier au Sénégal où les premiers militants étaient mis à l’index pour athéisme. Ces trois personnalités ont toute légitimité à restituer la réalité d’une époque où marabouts et communistes se regardaient en chien de faïence.
Pour les premiers, la curiosité et l’inquiétude s’affrontaient au jugement péremptoire des seconds de les percevoir comme exploiteurs de talibés ou agents supplétifs de la pacification coloniale. Iba Der Thiam qui s’affirme comme un profond musulman tout en ayant été un compagnon de route du Pai rectifie ce jugement simpliste du rôle des religieux dans la lutte des classes au Sénégal. Selon lui, les Bamba et autres chefs religieux ont constitué un frein et une résistance pacifique à la politique impérialiste d’assimilation culturelle de la France tout comme l’indépendance acquise, Baye Niass organisât et permit à Majmouth Diop, chef du Pai, de fuir en Gambie, car traqué par le pouvoir politique en place. Les perceptions de l’Histoire sont souvent biaisées par un imaginaire collectif qui voudrait ne garder qu’une lecture simpliste et dépourvue de contexte. Les célébrations ont au moins le mérite de dépoussiérer les vérités du moment.

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