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Enquête Plus N° 977 du 16/9/2014

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Macky Sall répond à Khalifa Sall: ‘’Je ne peux pas engager des réformes sous l’angle politique’’
Publié le mercredi 17 septembre 2014   |  Enquête Plus


Macky
© aDakar.com par DF
Macky Sall a participé à l’ouverture d’une concertation nationale avec les exécutifs locaux
Dakar, le 16 Septembre 2014- Le président Macky Sall a participé à l’ouverture d’une concertation nationale avec les exécutifs locaux du Sénégal, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Acte 3 de la décentralisation.


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Le président de la République Macky Sall se défend de vouloir politiser les réformes sur l’acte 3 de la décentralisation pour combattre de potentiels adversaires politiques, comme le pensent certains.

Après le refus du maire de Dakar, Khalifa Sall, de présenter un budget pour la ville de Dakar au motif qu’il ne dispose pas d’informations suffisantes, notamment sur les recettes, le président de la République n’a pas tardé à réagir. Prenant part, hier, à la concertation nationale avec les exécutifs locaux au Grand théâtre, Macky Sall a indiqué que ‘’l’acte 3 de la décentralisation ne saurait être assumé avec des prises de position partisanes’’.

Par conséquent, il demande à ses détracteurs d’arrêter de lui faire «un mauvais procès». ‘’Je ne peux pas engager des réformes sous l’angle politique. (Alors), que l’on arrête de dire que l’on combat le maire de Dakar, ou de Guédiawaye, ou de Pikine. Cela ne correspond pas à la réalité de l’acte 3 de la décentralisation’’, s’est offusqué le chef de l’Etat. Une sortie destinée à répliquer à ceux qui l’accusent de vouloir ‘’liquider’’ un potentiel adversaire à la présidentielle de 2017, en l’occurrence Khalifa Ababacar Sall.

En supprimant les collectivités locales et les régions au profit de la ville, Macky Sall a souligné que son ambition est de ‘’réduire le clivage entre le monde urbain et le monde rural’’. Et à ce titre, il a rappelé au maire de Dakar l’article 254 du code des collectivités locales qui l’oblige à présenter un budget dans les trois mois suivant son élection. Mais faudrait-il que ce dernier dispose préalablement d’’’informations’’ relatives à la nomenclature budgétaire, a précisé le président de l’Association des maires du Sénégal (AMS), Abdoulaye Baldé. Pour le maire de Ziguinchor, l’inexistence de budget au niveau de certaines communes a entraîné le blocage de plusieurs projets au détriment des populations locales.

«L’Etat ne délègue pas, mais il se dessaisit des compétences».

En réalité, constate l’ancien ministre, ‘’le transfert des compétences’’ qui aurait dû profiter aux communes n’est qu’‘’un transfert de problèmes’’. Or, explique Baldé, ‘’en matière de décentralisation, l’Etat ne délègue pas, mais il se dessaisit des compétences’’. Et lorsque les communes souffrent de ressources financières du fait d’une portion congrue (5%) qu’elles perçoivent de la TVA, cela finit par ‘’gripper la collaboration’’ entre l’Exécutif et le pouvoir local.

Un constat que conteste le président de la République pour qui, ‘’l’Etat ne peut pas se dessaisir, mais (plutôt) transfère ses compétences’’ en tant que ‘’’pouvoir central’’. A ce titre, Macky Sall a dit avoir beaucoup fait pour les communes contrairement à ce que pensent Abdoulaye Baldé et Alé Lo, président de l’Union des associations d’élus locaux (UAEL), qui réclament la hausse de la part allouée aux communes. ‘’Je ne sais pas quelles sont vos (Baldé et Lo) bases de calcul, mais elles ne sont pas appropriées’’, a rectifié le chef de l’Etat.

‘’Que faites-vous des fonds de dotation qui sont de 18 milliard de francs Cfa, du Fonds d’équipement et des collectivités locales (FECL) qui est de 12,5 milliards, des Agences territoriales de développement (ATD) qui sont dotés de 4 ,3milliards de francs, des 12 autres milliards que l’Etat donne à l’Entente-Cadak-Car ?» s’est interrogé le président de la République comme pour interpeller l’opinion sur la responsabilité des élus locaux.

«Que faites-vous du Budget consolidé d’investissement (BCI) ?» a poursuivi Macky Sall. Qui a toutefois promis de soutenir davantage les communes notamment dans le recrutement du personnel à condition que les élus ‘’définissent leur périmètre de compétence’’. A ce sujet, il a annoncé la signature du décret créant des secrétaires municipaux et des secrétaires départementaux en plus du maintien des assistants communautaires.

Des mesures saluées par Alé Lo qui a néanmoins demandé le renforcement de capacités des élus locaux. ‘’Une décentralisation forte s’accompagne d’une bonne compétente des ressources humaines. Il faut que les élus locaux soient aptes pour pouvoir bien exécuter les passations de marchés publics», a plaidé le président de l’UAEL.

2,5 MILLIARDS DEBLOQUES POUR LES SECOURS

Macky coupe l’herbe sous les pieds de l’opposition

C’est sans soute un coup politique important pour le président de la République. Alors que la fête de Tabaski approche, en duo avec la rentrée des classes dans le cycle primaire, certaines populations se demandent si elles pourront cette année bénéficier d’aide des communes et de la ville de Dakar à cause de l’inexistence d’un budget (d’investissement) au niveau de certaines mairies. Hier donc, Macky Sall a annoncé le déblocage d’une enveloppe de 2,5 milliards de francs Cfa en guise de secours. C’était lors de la concertation nationale avec les exécutifs locaux.

Rassurant sur cette initiative, il a précisé que le décret relatif à la mesure a été pris depuis le 1er septembre. La manne sera partagée entre les 552 communes que compte le pays. Une manière sans soute de couper l’herbe sous les pieds de ses détracteurs qui l’accusent de vouloir asphyxier les communes détenues par l’opposition. Les secours constituant une arme…importante, sa distribution permet aux maires d’entretenir leur clientèle politique.



MOUSSA TAYE, CONSEILLER TECHNIQUE DU MAIRE DE DAKAR

«Soit Macky Sall n’a pas compris la loi…»

Réponse du berger à la bergère. Le conseiller technique du maire de Dakar, Moussa Taye, qui a contacté EnQuête, a tenu à apporter des ‘’précisions’’ par rapport à la sortie du président de la République qui s’est prononcé sur le refus de Khalifa Sall de ne pas voter son budget.

A ses yeux, le président de la République a eu tort dans son jugement en interprétant à sa façon l’article 254 du code des collectivités locales. ‘’Soit le président n’a pas compris la loi ; soit il n’a pas lu intégralement l’article’’, dit le chargé de communication de l’édile de la capitale. ‘’L’article (254) a bien précisé que le vote d’un nouveau budget est assujetti à la disposition d’informations indispensables à la nomenclature budgétaire’’. Ce dont le maire Khalifa dit n’avoir pas pris connaissance jusqu’à présent.

Pour éviter de faire de «l’approximation», le maire de Dakar avait refusé, le vendredi dernier, de soumettre au conseil municipal un nouveau budget pour le reste de l’année 2014.

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