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Sud Quotidien N° 6395 du 26/8/2014

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Virus ébola: Changement de comportement au marché Castor
Publié le vendredi 5 septembre 2014   |  Sud Quotidien


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© Autre presse
Les marchés hebdomadaires du sud du Sénégal sous haute surveillance
Pour prévenir la propagation du virus ébola qui sévit en Guinée, Les marchés hebdomadaires du sud du Sénégal sont sous haute surveillance


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L'annonce du virus Ebola dans nos murs n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Un tour au marché Castor de Dakar nous a permis de constater le changement de comportement aussi bien chez les clients que les vendeurs. La bouteille d'eau de javel ou de détergent est devenue un fidèle compagnon. Le lavage des mains est subitement devenu une habitude. Reportage.

Marché Castor de Dakar. Il est 9h passés de 35minutes. Lieu de rendez-vous des acheteurs et commerçants. Castor grouille de monde. En ces premières heures de la matinée, les détaillants prennent d’assaut les étals où sont exposés les légumes et autres produits. Le soleil, qui a entamé sa remontée vers le sommet du ciel, darde ses rayons.

Occasionnant ainsi une chaleur insupportable. Le visage de certains acheteurs et vendeurs est perlé de sueur. Mais cela n’entame en rien cette volonté de faire de bonnes affaires, aussi bien du côté des acheteurs que des vendeurs. Dans ce marché, les produits les plus prisés sont les légumes, le poisson, la viande et les fruits. Mais c’est la vente de légumes qui fonde la réputation de ce marché.

Les vendeurs occupent de façon anarchique l’espace. Moralité, il est difficile de circuler entre les étals, tellement les produits sont disposés n’importe comme, sans un souci d’hygiène. Les charretiers, les pousse-pousses et les conducteurs de moteurs jakarta et les porteurs de bagages offrent leurs services à des acheteurs venus chercher le ravitaillement du mois. Les marchandages vont bon train. Même les vendeurs de sacs et de sachets en plastique «revendiquent » leur part du gain, en proposant leurs produits aux acheteurs de légumes et autres produits.

Les vendeurs de sachets d’eau ne sont pas en reste. Eux aussi font de bonnes affaires dans ce marché toujours animé.

Dans ce désordre indescriptible, un vendeur de «tangana » attire notre regard. Le propriétaire s’appelle Fodé Bâ , grand FO, selon les intimes. A l’entrée de son kiosque, deux bassines d’eau, une bouteille de javel et un liquide détergent pour les clients qui viennent prendre leur petit-déjeuner. Nous nous sommes approchés de lui pour en savoir davantage sur son comportement depuis l’annonce du virus Ebola dans notre pays. Grand FO est hésitant, comme si c’était une maladie taboue. Puis, il prend son courage à deux mains pour répondre à notre interpellation : «J’ai pris toutes les mesures d’hygiène pour me défendre du célèbre virus Ebola et aussi pour protéger mes fideles clients qui viennent chaque jour prendre le petit-déjeuner».

L’air rassurant, il déclare : «En ce qui me concerne, je n’ai pas attendu aujourd’hui pour être propre. Car, comme je le répète souvent à mes voisins, la vente de la nourriture doit toujours s’accompagner de propreté et d’hygiène». Nous sommes loin du masque de départ, celui que Grand Fo a porté à l’entame de l’entretien. Notre interlocuteur se permet même de faire quelques suggestions : «Aujourd’hui plus que jamais, ces mesures doivent être renforcées étant donné que la maladie est entrée dans le pays et on peut rencontrer n’importe qui et recevoir de l’argent de partout».

Et de renchérir ; «je peux assurer que la maladie ne va jamais arriver ici, parce que chaque client, avant d’entrer dans mon «tangana», se lave proprement les mains et les essuient sur ces différents serviettes que vous voyez». Grand FO ne cache pas sa mine joviale, en parlant des dispositions prises pour rendre propres ses ustensiles. L’atmosphère devient de plus en plus lourde du fait de la chaleur omniprésente. Nous allons prendre congé de notre interlocuteur, lorsque Tata Arame Thioub fait son apparition. Cette habitante de Derklé est venue faire ses achats au marché Castor. Accompagnée d’une fillette, Tata Arame porte une robe ample, de couleur bleue et orange et un foulard noué autour de la tête de manière fantaisiste.

Elle tenait entre ses mains une petite bouteille dont le contenu laisse apparaitre un liquide blanc. Voulant satisfaire notre curiosité, après les salutations habituelles à la sénégalaise, nous avons tenté de l’interroger sur le contenu de ce flacon.

«Depuis l’apparition de la maladie dit Ebola, je ne sors plus sans ce liquide sur moi. Et partout où je vais, aux cérémonies, au marché comme dans les transports en commun, je ne me départie pas de ce liquide. Je prends ces dispositions parce que je crois que c’est plus prudent ainsi pour ne pas s’exposer à cette dangereuse maladie qui gangrène notre société» lâche-t-elle, l’air très rassurant. Et de recommander aux populations, particulièrement les femmes, le renforcement les mesures d’hygiènes : «C’est la meilleure façon de se prémunir de la maladie». Après répondu à nos questions, Tata Arame se faufile entre les étals pour faire son marché.

Le soleil s’approche du zénith et la fièvre du marché Castor ne baisse point. Ndèye Ndiaye est en plein marchandage avec une vendeuse de légumes. Nous sommes aux aguets et nous attendons la moindre opportunité pour l’interroger. Enfin, nous l’interceptons entre deux étals. Cette riveraine du marché Castor se prête volontiers à nos questions :«Il est temps de contrôler davantage ce que nous mangeons et la manière de préparer les repas. On doit toujours laver nos légumes avec de l’eau de javel et bien couvrir nos aliments. L’autre chose que je juge importante est qu’il est nécessaire de renforcer la surveillance des enfants en leur demandant de se laver avec de l’eau de javel. Mais aussi avec du savon surtout qu’ils passent la majeure partie de leur temps à jouer».

Les vendeurs s’en mêlent

Entre battements de mains et invite, les vendeurs sont en pleine opération de séduction pour attirer la clientèle. Eux aussi sont conscients des mesures d’hygiène à prendre pour se prémunir du virus Ebola. C’est le cas de Mamadou Séne, un vendeur de viande. Entre pessimisme et résignation, il lâche : «Dieu seul peut nous protéger et nous lui demandons sa grâce. Avec notre travail, il est vraiment très difficile de vouloir se défendre. Chaque jour on reçoit de l’argent de différentes personnes comme on en donne et dans ce cas, il est quasiment impossible de se prévenir».

Son voisin, Babacar Diop, qui attend avec impatience les clients, s’invite à la discussion :«Depuis l’annonce de cette épidémie dans le pays, je n’expose plus mes marchandises par terre. Maintenant, je dispose d’une table que vous voyez et j’y mets mes produits. Je ne permets plus aussi à n’importe qui de venir toucher mes produits, car il y a une certaine clientèle qui touche un peu à tout avant de vous remettre leur argent». Notre interlocuteur dit avoir pris toutes les dispositions pour échapper à cette maladie : «J’ai toujours sur moi ma bouteille d’eau de javel et de détergeant. Et je recommande aux autres vendeurs de faire comme moi pour ne pas risquer leur vie, car Ebola est parmi nous», conseille-t-il. Quelques pas, nous sommes devant l’étal du vendeur de légumes, Ndiaye «Gueweul» marchand de légumes aussi. Il ne déroge pas à la règle. Depuis l’annonce du virus Ebola, Ndiaye Guéweul porte des gants pour vendre ses produits qu’il lave proprement avec de l’eau de javel chaque fois qu’il rentre.

Ebola fait le buzz

Le virus Ebola a fini de faire sa publicité. Et pour parler de façon triviale, nous pouvons dire qu’il a créé le buzz. A preuve, même le jeune Mohamed Ndiaye, âgé de 12 ans est suffisamment sensibilisé : «C’est une maladie dangereuse qui ne guérit pas et qui tue rapidement. Je demande à nos mamans de faire plus attention à notre alimentation et notre propreté, car on ne veut pas être malade, on veut grandir sain et sauf».

Le ballet se poursuit….

Il est 14h et la chaleur se fait de plus en plus insupportable. Le ballet des clients se poursuit, dans un désordre indescriptible qui donne envie au visiteur de faire le marché à pas de charges, tellement l’environnement est peu viable. L’heure est venue pour nous de regagner la rédaction sous un soleil de plomb.

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