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Sud Quotidien N° 6395 du 26/8/2014

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Karim Wade à la barre, hier: "Ma candidature à la présidentielle hante le sommeil de Macky"
Publié le mercredi 3 septembre 2014   |  Sud Quotidien


Karim
© AFP par DR
Karim Wade, fils de l`ancien président sénégalais Abdoulaye Wade


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Attrait à la barre hier, mardi 02 septembre 2014, Karim Wade ne s'est pas laissé entraîner dans l'interrogatoire sur le fond voulu par la Cour présidée par le magistrat Henri Grégoire Diop. Par le biais d'une déclaration, l'ancien ministre des Infrastructures, de la coopération internationale et de l'énergie s'est prononcé par contre sur toutes les accusations formulées à son encontre. Qui plus est, il a décidé de ne plus répondre à une quelconque question de la Crei, «tant que Bibo Bourgi ne se sera pas soigné et en état de comparaître». Karim Wade qui s'est adressé pour la première fois à la Cour a expliqué par ailleurs que le pouvoir cherchait à le condamner afin de l'empêcher de se présenter à la prochaine élection présidentielle car sa candidature hante le sommeil du Président Macky Sall.

«Le pouvoir cherche à me condamner afin de m’empêcher de me présenter à la prochaine élection présidentielle car ma candidature hante le sommeil du Président Macky Sall». Karim Wade s’est voulu formel face au président de la Crei Henri Grégoire Diop. Refusant de répondre aux questions de la Cour qui voulait l’interroger sur le fond, le prévenu qui s’est dit «otage politique», s’est adressé pour la première fois au tribunal, à travers une déclaration en date d’hier, mardi 2 septembre, dans le cadre de son procès ouvert le 31 juillet dernier. «D’ailleurs, vous avez dû être étonné comme moi de la conférence de presse tenue par les avocats de l’Etat, sur ma probable candidature».

L’ancien ministre des Infrastructures a noté qu’il lui est reproché d’avoir profité des hautes fonctions que lui a confiées l’ancien président de la République. Or tous les faits liés aux fonctions ministérielles qu’il a exercées ne peuvent être appréciés que par la Haute Cour de Justice. C’est pourquoi, «devant les hommes et les femmes de ce pays, devant tous ceux qui nous observent, devant nos partenaires et pour démontrer le caractère politique des poursuites à mon encontre, j’aborderai, avec vous, cette affaire montée de toutes pièces». «Je suis un prisonnier politique. J’ai été pris en otage pendant seize (16) longs mois, privé de liberté, de ressources, de l’affection et de la présence des miens, calomnié, injurié et présenté aux Sénégalais comme un prédateur de leurs maigres ressources et soumis à une procédure où mes droits ont été constamment violés», a déploré Karim Wade.

«JE REFUSE DE PAYER LA RANÇON…»

Face à cette injustice supposée, l’ancien ministre libéral s’est résolu à ne pas payer la «rançon» tout en réclamant justice. «Ce que j’avais à dire n’intéressait pas ceux qui m’accusent. Et c’est au bout de six (06) mois, le jour de l’expiration du premier mandat de dépôt, que j’ai été interrogé sur des biens et un patrimoine qui m’ont été attribués juste pour justifier une liquidation politique». «Je refuse de payer la rançon et je m’explique devant le peuple au nom de qui la justice est rendue».

Car, a-t-il affirmé, il a géré plusieurs départements et personne ne lui impute de malversation dans leur gestion. En outre, selon lui, les sociétés visées lui «ont été arbitrairement imputées et sans aucun fondement juridique. J’ignore tout d’elles, de leur création à leur fonctionnement. Je n’en suis ni fondateur ni actionnaire. Je n’ai aucun intérêt dans ces sociétés. Je ne suis pas bénéficiaire économique. Je n’ai aucun intérêt économique ou financier avec elles ou avec leurs actionnaires. Leurs propriétaires ne sont pas mes prête-noms».

Pour Karim, il s’agit de biens appartenant à d’autres personnes, qui lui ont été faussement attribués pour gonfler artificiellement son patrimoine et manipuler l’opinion. C’est le cas «d’abord, pour les sociétés commerciales faussement évaluées à 34 milliards qui constitueraient 34 % du patrimoine inventé». Aussi, en ce qui concerne les comptes bancaires, «au final, après deux (02) années d’enquêtes planétaires impliquant le Sénégal, la France, l’Angleterre, les États Unis, les Pays-Bas, de très nombreux pays et la Banque Mondiale, seize (16) mois de d’emprisonnement, d’isolement, de privation, deux (2) ans d’interdiction de sortie du territoire, m’ont totalement blanchi des accusations fantaisistes. (…) Le faux compte de 47 milliards à Singapour a été créé pour tenter de justifier les accusations de corruption et créer des flux et liens financiers artificiels entre les prétendus complices et moi-même», a-t-il dénoncé.

«JE SUIS VICTIME D’UNE MACHINATION ORCHESTREE PAR MACKY SALL»

Aussi a-t-il considéré «l’invention» de compte de 47 millards de F Cfa comme une «meilleure illustration de cette machination (…) orchestrée par la Présidence de la République, avec la complicité de l’expert Pape Alboury Ndao du cabinet RMA et la complaisance de la Commission d’Instruction». A propos des biens immobiliers et les terrains qui lui sont octroyés, Karim Wade dira au président de la Crei : «je ne vous apprends pas, Monsieur le Président, que les énonciations du livre foncier créent un droit définitif et inattaquable».

Dans sa déclaration, Karim Wade réfute également la fortune estimée à 117 milliards de F Cfa «acquis illicitement» qu’on lui a attribuée. Revenant sur la totalité du patrimoine de 117 milliards F Cfa, il a révélé que ses avoirs ont été surévalués. «Ainsi, vous pourrez constater que mon patrimoine réel a été surévalué de près de cinquante (50) fois par rapport à l’arrêt de renvoi et près de trois-cent (300) fois par rapport aux accusations de l’Etat du Sénégal de 840 milliards fondées sur les deux (2) mises en demeure et les 47 milliards du faux compte de Singapour».

A l’en croire, «tout cela démontre le caractère grotesque et fantaisiste de l’accusation déjà anéantie en France par le classement sans suite fait par la justice française de la plainte déposée par l’Etat du Sénégal pour corruption, détournement de fonds et biens mal acquis en France contre moi. J’ai été blanchi par la Justice française». Le fils de l’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, dit s’être consacré au développement de son pays, le Sénégal, notamment dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie, de la coopération internationale et la recherche de financement pour améliorer le sort des populations sénégalaises.

«JE NE REPONDRAI A AUCUNE QUESTION TANT QUE…»

Mieux, a-t-il martelé, ayant eu le grand honneur de bénéficier de la confiance du président de la République, «j’ai exercé avec dignité, abnégation et honnêteté les fonctions qui étaient les miennes. J’ai la conscience de ceux qui ont fait leur travail avec vertu. J’ai la conscience tranquille et je n’ai rien à me reprocher». Toutefois, Karim Wade a «foncièrement mal» pour ses amis d’enfance «qui ne sont là que pour répondre du délit d’amitié. J’ai mal pour tous ces prétendus complices innocents qui n’ont rien fait, qui n’ont jamais bénéficié d’un moindre marché de l’Etat. Ils sont les victimes collatérales de cette machination; de ce complot dont l’objectif unique est de me détruire politiquement», a-t-il relevé non sans remercier ses parents qui lui ont inculqué des valeurs et qui lui ont donné une éducation et une formation dans l’une des meilleures filières de notre génération.

A l’endroit du président de la Cour, Henri Grégoire Diop, Karim Wade a lancé: «j’ai une ambition, une seule : que mon pays occupe la place que lui assigne notre peuple, un peuple d’hommes et de femmes libres et fiers, un peuple qui a l’audace de prendre son destin en main au sein de l’Afrique». Et d’ajouter : «pour terminer, je ne répondrai à aucune question tant que Bibo Bourgi ne se sera pas soigné et en état de comparaître», a-t-il prévenu dans le document signé les avocats du collectif pour le compte du «prisonnier politique» Karim Wade.

AUTORISE A LIRE SA DECLARATION, APRES MILLE ET UNE PERIPETIES - KARIM WADE OPTE POUR LE MUTISME… «TANT QUE BIBO SE SERA PAS SOIGNE»

A l'audience qui s'est tenue hier, mardi, la lecture de la déclaration de Karim Wade a été au centre d'une véritable polémique. Au final, le prévenu qui a été autorisé de lire sa déclaration a déclaré : « je ne répondrai à aucune de vos questions tant que Bibo Bourgi ne se sera pas soigné et en état de comparaitre»

Attrait en effet à la barre pour les besoins d’interrogatoire, Karim Wade a demandé à la Cour de permettre à ses avocats de faire une déclaration. Une demande à laquelle la Cour n’a pas entendu céder. Et Karim Wade de dire : « je regrette la rupture des droits de la défense et fustige les accusations grotesques et fantaisistes de l’Etat ».Mais le juge Henri Grégoire Diop sort ses arguments pour justifier ce refus. Selon lui, « les avocats ont déposé des conclusions. La Cour doit d’abord procéder à l’interrogatoire avant toute déclaration effectuée par le prévenu ». A cet instant, les avocats entrent en action et brocardent la Cour. Voyant le mal persister, Me Félix Sow se départit de son manteau de conseil de l’Etat et s’adresse à la Cour en qualité de bâtonnier. « Le procès risque d’être émaillé par plusieurs incidents. Pour une bonne image de la justice, je demande à la Cour de donner la parole à la défense pour qu’elle effectue sa déclaration. Si vous constatez qu’elle va dans un autre sens, n’hésitez pas à la recadrer», précise-t-il.

LA RIPOSTE DU PARQUET SPECIAL ET DE LA PARTIE CIVILE

S’appuyant sur les dispositions 429 du code de procédure pénale, le procureur spécial, Alioune Ndao sera d’avis que le prévenu ne doit pas faire de déclaration préliminaire avant que la Cour n’entame pas son interrogatoire. Il s’agit, a-t-il fait savoir, « d’un interrogatoire mené par le Président ». Cependant, conseille-t-il, « il est libre dans ses réponses d’utiliser le contenu de ses déclarations écrites à l’avance ». Comme pour apaiser la situation tendue, Me Felix Sow, intervenant en sa qualité d’avocat de l’Etat, appelle la Cour à permettre à la défense de lire sa déclaration et d’user de ses pouvoirs de police de l’audience en cas de besoin.

KARIM AUTORISE ENFIN PAR LA COUR A LIRE SA DECLARATION

La Cour prit alors l’option de céder en donnant la parole à Karim Wade pour qu’il lise sa déclaration. Entre temps, le Président Henri Grégoire Diop avait tenu à rappeler que la Cour a demandé au prévenu de s’expliquer sur les faits qui lui sont reprochés mais ne l’a jamais empêché d’user de sa défense. Après la lecture à haute voix de la déclaration dans laquelle il se présente comme « prisonnier politique », Karim Wade a rejeté toutes les accusations à son encontre. L’ancien ministre d’Etat finira par conclure : « je ne répondrai à aucune de vos questions tant que Bibo Bourgi ne se sera pas soigné et en état de comparaitre»

A noter par ailleurs qu’à l’entame de l’audience d’hier, la défense de Karim Wade a été surprise à la lecture de la décision de la Cour consistant à rejeter toutes ses attentes de ce lundi. En effet, dans son délibéré, Henri Grégoire Diop a rejeté la demande de renvoi introduite par les conseils de la défense avant de dispenser également le co-prévenu, Bibo Bourgi, de comparution jusqu’à ce qu’il en soit décidé autrement. Aussitôt fait, la défense par le biais de Me Seydou Diagne, a sollicité de la Cour une suspension d’audience pour se concerter afin de faire face à la nouvelle donne.

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