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Enquête Plus N° 960 du 27/8/2014

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Zero cas d’ébola au Sénégal: Questions autour du dispositif préventif
Publié le jeudi 28 aout 2014   |  Enquête Plus


Le
© AFP par SEYLLOU
Le Sénégal teste son dispositif de lutte contre Ebola
Mardi 8 Avril 2014. Aéroport de Dakar. Au cours d`une visite du ministre de la Santé du Sénégal pour vérifier les mesures de sécurité mises en place pour combattre à nouveau, un hygiéniste sénégalais montre comment se protéger contre le virus Ebola.


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L’épidémie d’Ebola continue de se propager dans la sous région. Mais le Sénégal n’a jusque-là enregistré aucun cas confirmé. Une batterie de mesures préventives a été prise par les autorités. Toutefois, de l’avis de nombreux spécialistes de la santé, l’on ne peut pas encore déterminer le degré de performance du système préventif, tant que l’on n’a pas encore eu le premier cas.

Le désarroi continue d’habiter l’ONG Médecins sans frontières dans sa lutte contre l’épidémie Ébola. Le virus a atteint une vitesse de propagation jamais égalée. Et selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il faudra six à neuf mois avant de l’arrêter. Le Liberia est le pays le plus touché. Au Sénégal, il n’y a pas de cas confirmé du virus Ebola. Une batterie de mesures allant de la prévention à la prise en charge des malades, et à l’enterrement d’éventuels morts a été déployée par les autorités sanitaires.

La fermeture des frontières sud, la suspension temporaire des marchés hebdomadaires et l’identification des salles d’isolement font partie des autres décisions prises par le gouvernement sénégalais. Les services sanitaires sont en état d’alerte. A cela s’ajoute la mise en place d’un plan de riposte élaboré et adapté au contexte de l’épidémie d’Ebola. Celui-ci concerne cinq domaines d’intervention, à savoir : les activités de surveillance et de laboratoire, le tirage des soins des patients, les mesures de contrôle des infections, la santé mentale, les soins massifs et les logistiques.

Selon le directeur général du Service national de l’éducation et de l’information pour la santé (Sneips), Docteur Aloyse Waly Diouf, si le Sénégal est toujours à ce stade, c’est parce que le plan de riposte a été mis en place très tôt. ‘’Après avoir formé l’ensemble des acteurs, le Sénégal a projeté la mise en place de son plan de communication. Ce qui a permis aux populations de pouvoir disposer d’information permettant de prévenir le virus Ebola.

Le Sénégal a été aussi l’un des premiers pays à fermer ses frontières avec la Guinée pour se préparer et cela avait fait l’objet de petites polémiques avec l’OMS. Nous avions fermé nos frontières pour mieux nous préparer’’, a expliqué Dr Diouf. Aujourd’hui dit-il, la population est consciente du danger que représente ce virus. Et les dispositions prises par le ministère de la Santé aussi bien au niveau des frontières aériennes, terrestres que maritimes permettent, pour l’instant, de prévenir l’entrée du virus au Sénégal. ‘’C’est un dispositif performant mais que le ministère de la Santé continue de vérifier, de vivifier et d’améliorer’’, a-t-il souligné.

‘’Le système préventif n’est pas mis à l’épreuve’’

Mais pour le professeur Noel Manga, épidémiologiste à l’hôpital Fann, on ne peut encore déterminer le degré de performance du système préventif, tant que l’on n’a pas encore eu le premier cas. En tout état de cause, soutient-il, c’est un dispositif qui fonctionne très bien pour les maladies courantes du PEV (la méningite, poliomyélite, etc.). Maintenant pour la fièvre Ebola qui est très différente de ces maladies, on ne peut déterminer son degré de performance, nous n’avons pas encore eu un seul cas.

Le dispositif est encore efficace, mais attendons de voir comment ça va fonctionner’’, a dit Pr Manga. A l’en croire, un dispositif, c’est plusieurs choses : d’abord le fait de détecter les cas, et deuxièmement comment réagir lorsqu’un cas est détecté .C’est à dire dans le diagnostic, l’isolement et la prise en charge. ‘’Pour le moment, dans la détection, on peut faire confiance au dispositif mis en place. Surtout au niveau aéroportuaire. Le ventre-mou du système, c’était la frontière terrestre avec la Guinée. C’est pour cette raison qu’il y a eu la décision récente de fermer les frontières, vu que les villages frontaliers commençaient à enregistrer des suspicions de cas’’, a-t-il précisé.

Une thèse soutenue par le manager de service de santé par ailleurs secrétaire général du Syndicat unique des travailleurs de la santé et de l’action sociale (Sutsas), Mballo Dia Thiam. Pour ce dernier, le système préventif n’est pas mis à l’épreuve pour le moment. Parce que, dit-il, dans les pays où il y a les défaillances, il y a eu un cas de maladie qu’on n’a pas géré ou qu’on n’a pas bien géré et l’épidémie s’est propagée.’’ Tous les cas qu’on a eus c’est des cas suspects qui sont négatifs. Donc s’il y avait un cas, qu’il soit bien géré et qu’il n’y ait pas de propagation on peut dire, que le système est performant, ou il résiste bien au virus.

Mais que Dieu nous en garde, nous avons des mesures de protection et nous continuons la surveillance’’, a soutenu M.Thiam. Qui s’empresse d’ajouter : ‘’jusqu’ici donc, le système n’a pas été testé, d’ailleurs c’est la raison pour laquelle au niveau du Sutsas, nous avons demandé à ce qu’on ferme les frontières pour mieux nous protéger de ce fléau auquel aucun remède n’as été apporté. Aussi, de l’avis du secrétaire général du Sutsas, il ne se pose pas un problème de résistance mais c’est parce qu’on a eu la chance de n’avoir aucun cas avéré d’Ebola. Toutefois, ‘’on n’est pas à l’abri. Aucun pays n’est d’ailleurs à l’abri, et le ministre de la Santé l’a bien dit’’ prévient-il.

Les campagnes de sensibilisation à l’honneur

De son côté, Docteur Mohamed Ly a souligné que dans le dispositif mis en place, les campagnes de sensibilisation sont surtout les mesures qui ont augmenté les chances du Sénégal de n’avoir pas enregistré de cas confirmés. ‘’ Il y a aussi la mobilisation, sur instruction du ministre de l’Intérieur, de l’ensemble des gouverneurs et préfets, en vue de prendre toutes les dispositions adéquates, comme la création et la réactivation des comités régionaux et départementaux de lutte contre les épidémies, la tenue des comités de développement dans les régions, le niveau de compréhension de la population ‘’, informe Dr Ly.

Il faut noter qu’un comité restreint de crise est mis en place pour partager des informations en provenance des pays où des cas ont été déclarés. Le Comité national de gestion des épidémies (Cnge), composé des services des ministères de l’Intérieur, des Forces armées, de l’Elevage, de la Pêche et des Transports terrestres, se réunit 2 fois par semaine.

POROSITE DES FRONTIERES

Le tendon d’Achille de la prévention

La fermeture des frontières fait suite à la visite du ministre de la Santé et de l’Action sociale dans la région de Kolda. ‘’Quand vous prenez la frontière entre la Guinée et le Sénégal, vous pouvez faire plus de 20 kilomètres à l’intérieur du territoire sénégalais sans aucun contrôle.

Compte tenu du fait qu’on avait la possibilité d’entrer dans le territoire sénégalais de cette façon, il fallait fermer les frontières pour permettre aux populations sénégalaises, surtout celles qui sont dans cette région, de pouvoir elles aussi se prémunir du virus’’, a soutenu Docteur Aloyse Diouf. Pour lui, chaque Sénégalais doit participer à la prévention en respectant les mesures de préventions qui ont été dictées. Ce n’est pas le fait seul du ministère de la Santé et du gouvernement.

Pour Mballo Dia Thiam la fermeture des frontières fait partie des segments de stratégies. ‘’Si l’on sait qu’au contact d’un malade, l’on peut créer les conditions de propagation du virus, il faut faire en sorte qu’il n’y ait pas de malade qui nous vienne des pays frontaliers. Mais, ce n’est pas une solution efficace à 100% car on peut fermer toutes nos frontières et avoir des cas de maladies parce que nos frontières sont poreuses. C’est dire qu’un ou des porteurs du virus Ebola peuvent passer par une voie de contournement ’’, a averti le syndicaliste du Sutsas.

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