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Le Quotidien N° 3470 du 26/8/2014

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10 milliards de la Guinée saisis par les Douanes sénégalaises : Conacrie pour rien
Publié le mercredi 27 aout 2014   |  Le Quotidien


Alpha
© Autre presse par DR
Alpha Condé, président de la République de Guinée


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Pour justifier des transferts de fonds saisis, les dirigeants de la banque centrale de la République de Guinée expliquent qu’elles ont l’habitude d’opérer régulièrement ce genre de transaction. C’est leur droit. Ce n’était pas en leur pouvoir de dire qu’ils avaient contacté les douanes sénégalaises, alors qu’ils n’ont pu en apporter la preuve. Mieux, les justificatifs qu’ils présentent, les enfoncent encore plus.

En plus de leur droit de réponse, des «dirigeants» de la Banque centrale de la République de Guinée (Bcrg), nous ont envoyé des documents pour étayer leur argumentaire. Cependant, comme dit dans l’édition d’hier, les vraies questions soulevées par la saisie de la cargaison de Dakar, attendent toujours réponse, malgré les gesticulations des uns et les menaces des autres. La première remarque à porter sur ces documents, est que l’on n’en connait pas les expéditeurs. Leur «droit de réponse» n’est pas signé, même pas par le Chergé de communication de l’Institution, ce qui pourrait poser problème, n’importe quel quidam pouvant décider de nous jouer un petit tour et nous envoyer une missive de ce genre. De deux, tout le bruit autour de cette question n’élude pas les vraies questions.
La Douane sénégalaise a saisi 10 milliards de Guinée
Le vendredi 8 août dernier, des douaniers préposés à l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Dakar, ont interceptés des mallettes contenant des devises en dollars et en euros, pour une valeur équivalant à 10 milliards de francs Cfa, débarqués d’un aéronef venant de Conakry, et qui étaient destinés à être transbordés sur l’avion d’Emirates en partance pour Dubaï.
Il faut noter ici que Le Quotidien avait minimisé le montant saisi, qui était l’équivalent du double. Ce pour quoi nous battons notre coulpe.
Ce transfert n’avait pas été signalé à la Douane ou aux autorités sénégalaises. Ce qui a justifié la saisie par les douaniers. On notera que les «justificatifs» transmis par les dirigeants de la Bcrg, s’ils comprennent bien ce qui est appelé une «Attestation de transfert de responsabilité et de risques» signée par la société de transport d’argent Mss, pour le transport de 10 millions de dollars, auquel document s’ajoute une lettre d’information envoyée par la Bcrg à la Douane guinéenne, ainsi qu’un bordereau d’envoi, ils n’éclaircissent pas les mystères de Dakar.
Absence de notes envoyées aux autorités sénégalaises
Pourquoi n’avoir pas joint une note d’information aux douanes sénégalaises, ainsi qu’un quelconque accusé de réception des autorités de ce pays ? Faut-il croire que ce document n’existe pas parce qu’il n’a jamais été émis ou sollicité ?
S’il faut en croire les services du ministère de l’Economie et des Finances du Sénégal, Amadou Ba a été informé de la saisie par les services des douanes, qui venaient de contacter le ministre délégué au Budget. Ce n’est qu’après cela qu’il a contacté son homologue guinéen. Ce dernier de son côté, semblait tomber des nues, et a demandé du temps pour pouvoir s’informer. Ce bien longtemps après qu’il a pu confirmer que les devises étaient propriété de la Bcrg. A la suite de cette information verbale, les autorités sénégalaises ont pris la décision de laisser partir les fonds dans les soutes d’Emirates.
Des documents sans rapport avec les montants saisis
Autre chose avec les «justificatifs» venant de Guinée ; c’est leur date. Pour des fonds arrivés au Sénégal en début août, les documents de transport émis de Guinée, en plus de ne pas indiquer le montant exact, dont on rappelle qu’il équivalait à 10 milliards de francs Cfa, datent du 1 juillet pour le «Bon à enlever» délivré par les douanes guinées à la cargaison chargée dans le vol EK 795 depuis Conakry, ou du 23 juillet pour la note d’information de la Bcrg à la direction des douanes guinéennes, ou encore, du 25 juillet, pour l’attestation de transfert des responsabilité et des risques émise par Mss. Peut-on vraiment croire que les documents présentés en justificatifs, venus sans aucune note de la part d’autorités sénégalaises, peuvent vraiment constituer des justificatifs à ce qui est apparu à beaucoup comme une fuite de capitaux ?
Entrée en lice de partenaires au développement
C’est d’ailleurs le reproche fait au gouvernement sénégalais par les partenaires au développement, une fois l’information livrée par Le Quotidien. Aussi bien les représentants de l’Union européenne que de la Banque mondiale et d’autres partenaires au développement ont voulu se faire confirmer la véracité des informations auprès des autorités sénégalaises. Cela fait, plusieurs de ces représentants se sont permis de faire le reproche aux autorités du Sénégal, pour avoir pris sur elles de laisser partir l’argent au lieu de le saisir jusqu’à plus ample informé. Cependant, les collaborateurs du ministre de l’Economie confirment que pour Amadou Ba, du moment que le pouvoir de Conakry confirmait que l’argent lui appartenait, il ne pouvait plus être question de s’en mêler.
MSS Who ?
Pour finir sur la menace de plainte devant les juridictions que brandit contre Le Quotidien par une société dont on se demande ce qui la meut dans cette affaire, Mss Llc, basée à Washington Dc, pas loin de la Maison Blanche. Es qualité transporteur des fonds mis en cause, elle se permet de nous envoyer le Droit de réponse de la Bcrg guinéenne et une mise en demeure dans les 48 H.
D’abord, Le Quotidien n’a pas attendu cette entreprise pour respecter les principes d’éthique et de déontologie qui encadrent la profession de journaliste. Nous avions pris sur nous, dès hier matin, de mettre sur notre site internet, en bonne place, le «Droit de réponse» de la Guinée, alors qu’il nous est arrivé au moment où nous avions bouclé notre édition de la veille. Aucune loi ne nous obligeait à le faire.
De deux, cette société nous est totalement étrangère et ne peut nous ébranler par ses menaces. Nous ne l’avons cité dans aucun des articles mis en cause, et ne lui reconnaissons aucune autorité dans cette affaire. nous pouvons accepter l’intervention de la Bcrg en tant qu’entité du pouvoir en Guinée, et surtout en tant que société émettrice de devises, mais pas celle d’une société que nous n’avons nullement mis en cause dans nos papiers, bien que les documents à nous transmis montrent des pratiques sur lesquelles on pourrait avoir à redire.
Pour le reste, les lecteurs se feront leur opinion d’eux-mêmes
mgueye@lequotidien.sn

CI-DESSOUS, DOCUMENT DE LA BCRG

Ce document a été reçu hier aux environs de 1H du matin, alors que l’édition du journal Le Quotidien était déjà bouclée. Pour ne pas donner l’impression d’en occulter la publication, Le Quotidien l’a posté en un lieu très visible de son site internet. Nous y revenons comme promis alors, aujourd’hui dans notre édition papier, avec le commentaire qu’il nous inspire.
PRECISIONS DE LA BCRG
«Un article aurait paru ce samedi 23 octobre dans les colonnes du « Quotidien » (un journal Sénégalais), faisant état de la saisie de 4 milliards de francs CFA qui appartiendraient au Président Alpha CONDE.
La Banque Centrale de la République de Guinée, en démentant avec la dernière énergie une telle affirmation, apporte dans ces lignes les précisions qui s’imposent.
Il s’agit tout d’abord d’indiquer que les fonds qui ont fait l’objet d’investigations il y a deux semaines de la part des douanes Sénégalaises, sont et demeurent la propriété de la Banque Centrale de la République de Guinée.
Comme toutes les Banques Centrales, la BCRG procède de temps en temps, en fonction des demandes des banques primaires, à des expéditions de valeurs auprès de ses correspondants étrangers. Actuellement un contrat lie dans ce cadre la BCRG à la Société MSS LLC, une filiale de la société de transport international de valeurs, Brink’s en l’occurrence.
Les fonds sont transportés, faut-il le rappeler, par la Compagnie Emirates. En raison de la deuxième suspension de vols d’Emirates sur la Guinée due à la recrudescence de la fièvre hémorragique à virus Ebola en Sierra Léone et au Libéria, la Société MSS LLC a affrété, le 8 août 2014, un vol spécial pour récupérer les fonds à Conakry en vue d’un transbordement sur Emirates à Dakar, et ce, après toutes les formalités douanières sur place. Il convient de rappeler qu’avant l’expédition, la Société MSS a pris l’attache de la subdivision des douanes de l’Aéroport de Dakar pour information.
C’est justement lors de ce transbordement qu’un fonctionnaire des Douanes de l’Aéroport de Dakar a hâtivement porté l’opération à la connaissance du Ministre Sénégalais de l’Economie et des Finances.
Informé de la situation, le Gouverneur de la BCRG, M. Louncény NABE, a immédiatement pris contact avec le Ministre Délégué au Budget, puis avec le Ministre de l’Economie et des Finances du Sénégal, lesquels, après avoir regretté l’incident, ont donné les instructions nécessaires pour résoudre le problème. Le Ministre Sénégalais de l’Economie et des Finances aurait pris soin auparavant de demander l’avis de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui, il faut le signaler, procède très souvent à des opérations similaires, bien sûr de plus grande ampleur.
Comme on peut le comprendre, cette opération ne concerne ni le Président de la République, ni aucune autre Autorité politique ou administrative du pays. C’est une opération propre à la Banque Centrale destinée à l’approvisionnement des comptes de correspondants pour couvrir les opérations de transfert des banques primaires qui constituent des dépôts physiques auprès d’elle à cet effet. La question a été clarifiée par le Gouverneur avec les Autorités compétentes de la République du Sénégal sans aucune autre intervention.
Pour finir, il n’est pas superflu de préciser que la question du transbordement à Dakar n’a été posée qu’en raison de la suspension des vols d’Emirates sur la Guinée.
La Banque Centrale se propose de demander à son partenaire MSS de requérir du journal un droit de réponse en première page, avec à l’appui des excuses au Président de la République de Guinée. Faute de quoi MSS serait en droit d’engager des poursuites judiciaires contre l’organe de presse en question.
On peut trouver ci-joint, les dossiers administratifs y afférents.

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