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Sud Quotidien N° 6390 du 20/8/2014

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Les pages vertes de Sud- La pierre contre la terre, l’arbre et les fleurs Dakar bétonné
Publié le jeudi 21 aout 2014   |  Sud Quotidien


Khalifa
© AFP par SEYLLOU
Khalifa Sall, président du Comité national de pilotage des élections


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Un maire qui travaille. Les Dakarois l'attendaient depuis un moment. Pour leur rappeler les bonnes vertus d'une ville qui n'a jamais été simple à diriger et organiser, Khalifa Sall est arrivé comme par miracle en mars 2009. Après cinq années d'un mandat marqué par quelques mesures fortes et des erreurs à corriger, le nouveau maire et son équipe ont été réélus, il y a quelques semaines, pour conforter le repositionnement de la capitale dans le socle des grandes cités du monde : New York, Rome, Berlin etc. De ville d'affaires, le maire réélu s'est lancé le pari de faire de Dakar, une cité numérique africaine. Autre grand défi de l'homme, la transformer la capitale en ville verte. Mais, au-delà des mots et des concepts, le challenge, loin d'être impossible, demande beaucoup des moyens, mais aussi du génie et de l'imagination. Choses que ne savent pas souvent attendre les politiques qui ont un planning et une feuille de route souvent à l'opposé de l'imaginaire du peuple.

Deux à trois millions d’habitants aujourd’hui. Le double dans 30 ou 50 ans… Que sera Dakar à cette échéance si l’exode se poursuit au même rythme et si les mêmes causes qui produisent les mêmes effets ne sont pas éliminées à temps ? Mauvaises odeurs, pavage des rues, liquidations des espaces de verdure, forte concentration d’activités et de populations dans le centre, la ville et ses autorités semblent encore loin du vrai bilan qui permettra à la capitale, mais aussi aux grandes villes de l’intérieur, de sortir de la crise urbaine qui les secoue. Jusqu’à quand, sont tentées de se demander les populations averties, les organisations et associations qui militent pour une cité plus vivable adaptée au temps et à la réalité du monde d’aujourd’hui et de demain.

L’ambiance et la tension des dernières élections locales passées, le moment est venu de voir comment les villes sénégalaises vont faire face à leur avenir pour les cinq prochaines années. Les 20 dernières années n’ont pas vu des changements notables dans la vie des citoyens. A Dakar où l’on a fini de célébrer la victoire du maire sortant Khalifa Sall, l’agglomération est encore en proie à de sérieuses difficultés pour respirer, se désencombrer davantage et souffler. Du souffle et de l’air, Dakar en a besoin au moment où Khalifa Sall et ses équipes ont choisi de remettre partout ou presque les pavés et le béton à la place de la terre. L’idée pour rendre certaines artères plus respirables et plus propres, n’est certes pas saugrenue, mais, la ville dont la terre est par endroits, argilo-sableuse, garde une très faible capacité d’absorption et d’infiltration des eaux à certains endroits. Ce qui explique les énormes inondations connues dans le centre comme en banlieue.

Ajoutez à cela, des canalisations qui ne fonctionnent presque pas, des couvercles de caniveaux souvent enlevés en plein jour pour aller dans des fonderies, que vous n’avez pas fini de boucler la boucle. Aujourd’hui, la leçon que devraient retenir les autorités municipales et l’Etat, serait de curer avec force toutes ces vieilles tranchées de canalisations qui ont été bouchées non pas par le sable, mais les saletés innommables que l’on jette à l’intérieur. Dakar a besoin de poubelles publiques aux abords des grandes voies. Et partout. Car il en existe. Face à un sol saturé à la moindre occasion, des quartiers comme Castors et son marché, Derklé, Dieuppeul, Maristes et Hann sont sous les eaux à chaque fois qu’une pluie dite efficace tombe sur la ville.

On bétonne en centre ville au lieu de le faire dans la banlieue où l’ensablement des voies est remarqué. Là où les routes sont envahies par le sable. Pour leur donner l’illusion de vivre en ville, certaines voies de la banlieue ont intérêt à être reboisées, protégées à certains endroits par une dalle en béton qui ne ferait que bloquer l’avancée du sable. Mais là, ce n’est plus Khalifa Sall seul, qui est pointé du doigt, mais tous ces nouveaux maires qui viennent d’arriver et qui risquent de repartir sans laisser de réelles empreintes derrière eux. Le risque est grand. Pikine comme Guédiawaye changent maintenant de maire à chaque élection victime de l’inaction.

La raison est dans le manque d’initiatives de leurs élus. Depuis la retraite de Kabirou Mbodji, son premier maire, Pikine a vu passer Demba Seck puis le dernier maire Pape Sagna Mbaye. Les deux derniers n’ont pas été longtemps à la tête de la cité. Tout près de là, Guédiawaye n’a pas été mieux lotie. Chérif Macky Sall a été l’incontestable édile de la cité perdue jusqu’à sa défaite en 2000 devant les élus du Pds et leur leader Bocar Sédikh Kane. Lui aussi ne pourra rien contre la révolte de mars 2009 avant que Chérif Macky Sall ne prenne sa revanche avant de partir suite à son décès en 2011. Pour rien finalement. Est-ce encore une ville, Guédiawaye ?

Remplacé par le jeune Cheikh Sarr, Guédiawaye aura la malchance de n’avoir pas eu tout le soutien des vainqueurs de la présidentielle 2012. En mal d’une véritable identité urbaine, la cité de la mer, aujourd’hui entre les mains du jeune Aliou Sall, fait face à un avenir compliqué…Sans économie réelle, ces villes divisées en communes sans reflet parce que sans richesses, sont dirigées par des politiques et non par de véritables managers.

Ville d’affaires, ville vertes, cité numérique ? Dakar et ses villes environnantes ont-elles les moyens de faire face à ces défis ? Le maire Khalifa Sall, dans ses nouveaux défis, s’est engagé à cela malgré les limites au plan budgétaire. Et, ce travail qui demande de la vision et une large concertation avec les forces vives de la cité, exige aussi le partage équitable des ressources de la ville des zones réputées plus nanties vers des zones de déficit d’infrastructures (écoles, terrains de sport, aires de repos, jardins...) Cette question du partage des richesses de la ville, ni l’Acte I, encore moins les Actes II et III ne l’ont réellement clarifié…

PAVES, PELOUSES SYNTHETIQUES…LA TERRE ET L'HERBE BANNIES

Entre la terre à la place du béton, les populations dakaroises ont choisi leur camp depuis belle lurette. Khalifa Sall qui a été très mal à l'aise dans l'affaire de la corniche devrait rester comme ces mêmes populations le perçoivent : un homme droit dans ses sandales et juste dans la manière d'être.

Elles l'ont montré récemment avec cette « histoire » de terre cédée à une ambassade à Dakar. Dans cette grande agglomération où l'affaire de la corniche a été calmée par les autorités, suite à l'abandon pour le moment du projet de construction de la future ambassade turque, d'autres horizons semblent moins prometteurs. L'exemple est la disparition progressive des espaces verts, mais aussi des arbres exotiques qui bordent la voie qui en mal de projet de renouvellement des espèces sont condamnés à brève échéance par la tendance des autorités municipales à mettre le pavé partout à côté des grandes avenues au lieu de reboiser et entretenir le patrimoine vert de la cité.

Le théoricien de la gouvernance participative qu'il proclame, se devrait de savoir que même si les populations ont tendance à passer à chaque rue sans avoir le temps de contempler le type de végétation qu'elles y trouvent, de temps à autre, il y'en a qui s'arrêtent pour déplorer le mauvais traitement et le manque d'entretien de ces arbres qui n'ont été mis ici par hasard. Quand on a comme défi, la ville verte, on ne peut pas se permettre de mettre de la pierre partout. Un recensement des espaces où ces pierres étaient utiles ou non devraient être fait au préalable. Mais, la tentation était trop grande d'aller vite face au manque de solutions pour éviter que le sable ne bouche les voies d'eau de la ville. Le développement durable et la gestion du cadre de vie exigent du temps. Alors que les politiciens en manquent beaucoup, du temps. La voie était donc libre, vu que l'argent était là, de paver les voies les plus en vue après la corniche et l'autoroute. Général De Caulle, Bourguiba, le boulevard Dial Diop sont prises d'assaut par les bétonneurs qui plantent sur le sol de la pierre, histoire de faire plus joli. Tout autour, même les parties laissées à l'herbe comme l'esplanade du magasin Casino de Liberté 1, ont disparu de la carte verte.

En cette période hivernale marquée par la canicule, il n'est plus loisible de voir dans Dakar, quelques poches vertes composées de fleurs, de rosiers, hibiscus, camélias. La ville semble avoir laissé ses goûts et ses parfums de coté pour promouvoir autre chose à la place. Fier de son bilan encore bien incomplet, Khalifa Sall s'est lancé dans cette entreprise, sans avoir pensé aux conséquences qu'une telle tendance, pourrait avoir sur le futur de la ville dans un proche avenir. Ce maigre bilan a beau avoir contribué à l'avoir fait élire, qu'il ne lui donne pas le droit d'oublier que derrière le désengorgement de Sandaga et ses rues, se joue aussi un autre avenir pour la capitale, celui de la voir devenir une ville sans parfum. Parce que sans fleurs, mais encore sans des espèces d'arbres qui attirent le regard par leur feuille, leur fleur et la belle couleur du tronc. Or, en oubliant dans ses plans, malgré les déclarations, la réalité de la disparition de ses espaces verts, la mairie de la ville, même dotée d'une direction des espaces verts, ne peut laisser se détruire le patrimoine de la ville autour de ses essences comme les caïlcédrats, les Cassia senegalensis, le badamier (Terminalia Catappa) qui ont fait la beauté de ces avenues.

SEQUOIAS, CAILCEDRATS, ORANGERS, OLIVIERS…

En Californie et dans le sud des Etats Unis, le séquoia a beau être un arbre gigantesque, il fait partie des plans d'urbanisme et d'aménagement de la cité. Ces arbres qui peuvent vivre entre 2 et cinq siècle sinon plus, font partie du décor de certaines villes du sud de l'Amérique. Espèce tropicale, le cailcédrat est par son ampleur et sa force de présence l'un des arbres de prédilection des villes africaines. Dakar, Thiès, Mbour, Kaolack sont des villes assimilées à cet arbre. Mais qu'en reste-t-il ? Or le cailcédrat comme le séquoia est aussi une espèce qui brille par sa majesté…

Plantés sur les grandes rues des villes africaines depuis plus d'un demi-siècle, certains spécimens de cet arbre exigent un entretien plus soutenu. Le vieillissement de l'espèce a fait perdre à certaines rues de la ville leur attrait. Tous ces arbres qui pourrissent le long de la rue 10 du coté de l'Enam, du lycée Blaise Diagne en sont un parfait exemple.
Qu'attend-t-on pour les remplacer par d'autres espèces exotiques ? Sur l'avenue Lamine Guèye coté centre ville, nombre de cailcédrats et de figuiers (dobalé en Wolof) sont partis rognés par le ciment, le béton, le manque de respiration du à l'absence de poches d'infiltration des eaux de pluies. Entre bouleaux, érables, séquoias, cailcédrats, figuiers jusqu'aux arbres fruitiers, comme l'oranger, l'olivier, les villes du monde sur leur grandes avenues ont comme symbole l'empreinte du passage des grands hommes qui les ont bâties par la présence d'arbres exotiques. On peut citer des exemples comme l'olivier pour Casablanca, l'Oranger pour Marrakech, l'érable pour Montréal ; le cailcédrat pour Ouagadougou… Adapter donc, l'arbre au mode de vie des populations urbaines et le cadre de vie, voilà qui a été réussi au Maroc et qui risque d'être bien difficile ici au Sénégal.

Dans une ville touristique comme Marrakech l'oranger de rue est une richesse principale pour les populations. Les arbres entretenus par les autorités donnent des fruits délicieux que ne consomment pas chose bizarre, les populations locales qui préfèrent ceux venant des vergers. Mais, là est tout le charme de cette initiative qui consiste à laisser fleurir l'espèce, se développer et mûrir avec son sucre et ses parfums qui ajoutent au pittoresque de la cité. Dakar devrait s'inspirer de cet exemple en s'inspirant aussi de celui des oliveraies de la rue à Casablanca. Rien que de toucher les fruits des ces arbres peu encombrants plantés sur les allées des grandes avenues, fait le bonheur du visiteur au premier desquels, le touriste.

Pour revenir au mythe de l'arbre dans la cité, l'on retiendra l'histoire qui lie l'Etat de Californie au séquoia géant de la famille des taxodiacées qui porte son nom et qui reste selon les spécialistes de la botanique, comme le plus grand organisme vivant de la terre. L'arbre vous avez dit ? Toute une histoire. Ces arbres confondus à des « mammouths verts » peuvent mesurer jusqu'à 83 mètres avec un tour de taille de 31 mètres. Témoins d'histoire et aussi de la sociologie, comme les mégalithes, ils peuvent vivre plus de 2000 ans. Pour l'histoire, le nom « séquoia » lui a été donné pour honorer la mémoire d'un chef amérindien du nom de See-Quayah ou Sequoyah, qui fut l'inventeur de l'alphabet cherokee.

LE CAÏLCEDRAT - UNE ESPECE QUI RAFRAICHIT ET CACHE LES LAIDEURS

Retour en Afrique pour parler d'une autre espèce des grandes villes, le cailcédrat. De son nom scientifique « Khaya senegalensis », le cailcédrat borde les rues de nombreuses grandes villes dont une qui attire ici l'attention, Ouagadougou, capitale du Burkina Faso. Cette année, le Sénégal en a fait l'arbre parrain de sa journée annuelle de reboisement. Mais, y'aura-t-il une suite quand l'Etat et les collectivités ne s'entendent pas souvent sur le suivi du projet et les initiatives innovantes à prendre pour préserver ces espaces verts.

En Afrique de l'Ouest, cette ville est un modèle en matière de conservation de la biodiversité florale. C'est ainsi que dans son mémoire de fin d'études pour le Diplôme d'ingénieur du développement rural présenté en juillet 2012, Kando Lucie Fuwalagyé, indique que les rues et avenues de la ville de Ouagadougou sont parsemées d'arbres différentes d'environ 27 espèces parmi lesquelles, le Khaya senegalensis qui a été trouvé sur 100 rues de la ville. » L'ingénieur dit en avoir répertorié quelque 4177 pieds dont certains ont dépassé le siècle d'existence. De la famille des méliacées comme pour le « Darkassé » (l'acajou), on le trouve également au Bénin, au Cameroun, en République centrafricaine, au Tchad, en Côte d'Ivoire, au Gabon, en Gambie, au Ghana, en Guinée, en Guinée-Bissau, au Mali, au Niger, au Nigeria, au Sénégal, en Sierra Leone, au Soudan, au Togo, et en Ouganda.

En dehors de l'Afrique, c'est également par les administrations coloniales et comme arbre d'alignement qu'il a été répandu dans le monde. Il a ainsi été introduit par les Anglais en Australie du Nord, et par les Français en Indochine, où il constitue par exemple une des essences principales des rues de Hanoï, au Vietnam. Loin du gigantisme du séquoia, les Caïlcédrats (Diala chez les Mandingues, Dioula et Malinké) n'en restent pas moins de grands arbres pouvant atteindre 30 à 35 mètres de haut, avec un fût court et trapu qui peut avoir jusqu'à 2 mètres de diamètre. Son écorce est grise, souvent écaillée. Les feuilles sont composées pennées, avec 4 à 6 paires de folioles oblongues de 10 cm sur 4 à 5 cm à la pointe arrondies consommées par le bétail, restent disponibles toute l'année si l'arbre est bien entretenu.

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