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Le Quotidien N° 3454 du 6/8/2014

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Ndongo Ndiaye, conseiller en sport du chef de l’Etat : «On ne peut plus se contenter de participations honorables»
Publié le jeudi 7 aout 2014   |  Le Quotidien




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Ancien international de basket, Ndongo Ndiaye, présente le profil idéal pour le poste de conseiller en sport qu’il occupe aux côtés du président de la République. Dans cet entretien, il revient sur les contreperformances de certaines disciplines en compétitions internationales, avant de déplorer les «participations honorables». Ndongo Ndiaye s’est aussi exprimé sur la préparation des Lions au Mondial de basket et sur les chances des hommes de Cheikh Sarr en Espagne.
Les Lions du basket, qui préparent le Mondial espagnol, ont connu quelques difficultés liées au paiement des assurances et autre réservation d’hôtel pour le stage de Malaga. Finalement, les choses sont rentrées dans l’ordre. Comment avez-vous analysé ces impairs ?
Il faut d’abord saluer les efforts des uns et des autres. Pendant une bonne période, il y avait quand même un certain désordre. Ce qui nous a obligés à nous remuer les méninges pour arriver à ce résultat. Aujourd’hui, l’ordre est rétabli. L’Equipe nationale est dans des conditions optimales pour continuer sa préparation et avoir une bonne participation à la Coupe du monde. Ce qui est important c’est que ce qui devait être fait, l’a été. Autant le ministère des Sports, la présidence de la République, le Cnbs, tout le monde a fait le maximum pour que la situation se décante. Maintenant, il faut savoir que c’est une solution à la hâte et qu’il est temps de trouver la bonne formule pour que des situations de ce genre ne se reproduisent plus.

Justement, comment faire pour ne pas rencontrer ces mêmes problèmes ?
C’est un problème récurrent. On ne doit plus accepter qu’une Equipe nationale, en préparation pour une compétition, subisse des situations de ce genre et soit contrainte d’observer une grève parce qu’il y a un problème d’assurance, de billets d’avion… Ce n’est pas normal. Surtout que le programme est connu depuis longtemps, les dates sont connues. Il faut sonner la rupture dans la manière de gérer des situations de ce genre. Maintenant, comment ? Je dois dire qu’il ne s’agit pas d’un problème d’argent, contrairement à ce que les gens avancent à chaque fois. Le problème d’argent est là, il a toujours été là et il sera là demain. Du coup, il faudra trouver un budget additionnel ou on diminue simplement nos besoins. Et je crois que la seconde hypothèse est la bonne. Il faut désormais songer à un arbitrage budgétaire. Aujourd’hui, c’est une constante : l’Etat du Sénégal est dans l’impossibilité de gérer 50 fédérations. Et il faut que les gens le comprennent une bonne fois pour toutes. Il faut choisir certaines disciplines qui ont des chances de médailles et qu’on leur donne les moyens suffisants avec des objectifs clairs pour asseoir leur politique. Pour le reste, on les accompagne avec des programmes bien définis. L’objectif assigné à notre Haute compétition, c’est de gagner. Ce n’est plus normal de se contenter de participations honorables. On ne doit plus donner l’argent du contribuable pour aller faire du tourisme sportif. A défaut, on va donner juste le strict minimum à tout le monde et au finish, personne n’est content parce que ce n’est pas suffisant. Et après, on accuse l’Etat, le ministère, la Présidence… Voilà le vrai problème.

Est-ce que l’Etat ne devrait pas songer à augmenter le budget du ministère des Sports. Sur­tout que c’était une promesse du Président Macky Sall ?
Le budget sera augmenté. Il continue d’ailleurs d’être augmenté. Le Président avait promis qu’on allait atteindre 1% du budget national, on est sur la bonne voie. Mais, on ne peut pas financer toutes les fédérations. Nous sommes un pays en voie de développement. Et il faut dire le sport, ce n’est pas seulement la haute compétition. On n’investit plus dans la petite catégorie, le recrutement, l’encadrement. C’est un rôle que doivent jouer autant les fédérations, le ministère des Sports, mais également les collectivités locales. Il y a des acteurs qui sont inactifs. Ce sont les collectivités locales, le secteur privé, le bénévolat qui doivent accompagner le sport de base. Aujourd’hui, on doit construire à la base notre sport. On doit être en mesure d’avoir une idée sur le potentiel dont on dispose dans chaque catégorie, de 12 à 16 ans par exemple et être en mesure de les suivre pendant de longues années. A partir de là, on pourra espérer gagner une médaille olympique dans dix ans ou construire une équipe de football ou de basket d’avenir. Le potentiel est là. Malheureusement, c’est un potentiel inexploité. On doit se remettre au travail et avoir le courage d’adopter un changement.

Parmi les solutions, on a beaucoup parlé d’un fonds de financement du sport, mais toujours rien de concret…
C’est une vision du chef de l’Etat. La création d’un fonds ou encore d’une fondation, voilà des choses qu’il faut mettre en place dans l’urgence. Il est impératif de trouver des moyens additionnels. Mainte­nant, pour une participation du secteur privé, il faut qu’il y trouve son compte. Il faudra songer à réformer les textes de financement. Mais la rupture s’impose. Il y a du travail à faire et il est temps de parler au monde sportif pour qu’ensemble les gens se disent la vérité. Au cas contraire, on ne pourra prétendre à de meilleurs résultats par rapport aux autres. Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. C’est la stricte réalité.

Il y a quand même certaines fédérations qui ont déjà entamé la rupture en finançant elles-mêmes certaines compétitions internationales surtout au niveau de la petite catégorie. Malheureusement, les problèmes demeurent toujours…
C’est une bonne chose. Il faut oser le dire. Certaines fédérations ont fait un travail remarquable en ce sens. C’est le cas de la Fédé­ration de football qui a fait des pas de géant. Maintenant, une fédération doit tendre vers l’autonomie. Les grandes fédérations internationales sont autonomes. Il faut qu’on parvienne à cela. Cela aux fédérations permettra d’être indépendantes et d’asseoir une politique sportive réelle. Aujour­d’hui, les hommes politiques imposent leur rythme parce que c’est eux qui financent. Et comme on dit, qui paie commande.

Revenons au basket. En tant qu’ancien basketteur, comment voyez-vous les chances du Sénégal au Mondial ?
L’objectif, me dit-on, est au moins de gagner un match. Ce qui serait une grande première. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que le basket africain n’a pas encore le niveau mondial. Il faut oser le dire. J’espère que je n’aurai pas raison cette année. Donc on ne peut avoir trop d’ambitions pour ce Mondial. L’ambition principale est de gagner un match, mais surtout de donner à cette équipe, un vécu pour préparer les joutes à venir comme la Coupe d’Afrique des nations. L’objectif de cette équipe, c’est d’être championne d’Afrique. Donc il ne faut surtout pas aller en Espagne avec trop d’ambitions. C’est ce qui nous arrive souvent, et à la fin, il y a trop de déception, l’équipe se disloque, l’entraîneur est viré et on recommence à zéro. J’ai connu cela quatre à cinq fois avec la sélection. Il ne faut pas tomber dans cette erreur.

Après le basket, ce sera au tour du football avec les éliminatoires de la Can 2015 en septembre. Pour ne pas connaître les mêmes problèmes de logistique, la Fédération sollicite un vol spécial pour les Lions. Est-ce que la Présidence est déjà saisie à ce sujet ?
Nous sommes informés de la situation, mais pas encore de façon officielle. Ce rôle revient au ministère des Sports. Maintenant, s’il y a un besoin et que nous sommes informés officiellement, la Prési­dence va intervenir. Que ce soit l’avion présidentiel ou affréter un vol spécial, ou encore donner des moyens additionnels, nous sommes là ! L’équipe sera mise dans les meilleures conditions pour jouer à domicile contre l’Egypte et ensuite lors du déplacement au Botswana.

Comment appréciez-vous la nomination d’un nouveau ministre des Sports, en la personne de Matar Bâ ?
Je crois que c’est quelqu’un qui connaît suffisamment le milieu. Il a côtoyé le sport et il bénéficie de la confiance du chef de l’Etat. Il est rompu à la tâche. On est obligé de collaborer. Ce qu’il convient de faire, c’est de travailler pour le sport. Ce qu’il nous faut, c’est oser rompre avec ce qui se faisait avant. Il faut beaucoup de courage pour changer les choses.

Doit-on supprimer le ministère des Sports comme le soutiennent certains membres du milieu sportif ?
En tous les cas, la structure ministère des Sports ne me gêne pas. Elle est conforme à notre nomenclature gouvernementale. Cependant, on ne peut pas toujours nous focaliser et nous concentrer uniquement sur la haute compétition. Si on prend l’exemple de l’Allemagne, voilà un pays qui a pris le temps de construire son football, le Jamaïque de même dans le domaine de l’athlétisme, les Etats-Unis avec le basket. En Afrique, on a l’exemple du Kenya en athlétisme également, de l’Angola en basket… On doit prendre le temps de construire notre sport. C’est le travail de tout le monde. Il faut tendre vers une nation sportive. Si nous arrivons à gagner une coupe d’Afrique, ce sera juste quelque chose de spontané. On parle souvent de moyens, mais un projet bien ficelé trouve facilement les moyens. Malheureu­sement, on met souvent en avant le problème de moyens en occultant le projet. L’argent, c’est le dernier maillon de la chaîne. Il nous faut imposer une rupture sportive. Elle s’impose. J’aurais pu devenir l’un des meilleurs basketteurs sénégalais, si je n’étais pas né à Sadio, dans le département de Mbacké, qui n’a pas un seul terrain de basket. C’est après le Bac que j’ai appris le basket à Dakar. Ce n’est pas normal qu’après tant d’années, qu’il n’y ait aucune politique orientée vers l’intérieur du pays à la recherche de talents rares. On doit être en mesure de pratiquer le sport dans les villages du pays. Et pour cela, les collectivités locales ont également leur rôle à jouer.

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