Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Senegal    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Art et Culture
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Art et Culture

Au Sénégal, un "journal télé rappé" en rythme et rimes (MAGAZINE)
Publié le lundi 28 juillet 2014   |  AFP




 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Dakar - En 2013, les rappeurs sénégalais Xuman et Keyti ont lancé "le journal télé rappé", où ils mettent l’information en rythme et en rimes. Un programme diffusé chaque vendredi sur une télévision locale et une chaîne YouTube dédiée, comptant aujourd’hui près de 12.500 abonnés.

"C’est un journal comme n’importe quel journal sauf qu’il est rappé, qu’il y a de l’humour dedans. On ne s’arrête pas à donner l’info, on commente des positions qui sont très subjectives et qui sont assumées aussi", résume à l’AFP Keyti, de son vrai nom Cheikh Sène, 41 ans.

L’idée a germé il y a plusieurs années dans un coin de la tête de Xuman, nom de scène de Makhtar Fall, longiligne quadragénaire aux longues dreadlocks.

Xuman anime régulièrement des émissions à la radio et à la télévision, durant lesquelles il est obligé de céder l’antenne à des journalistes pour des sessions d’information.

"Je me suis dit que ce ne serait pas mal (...) de pouvoir mélanger le rap, l’information et l’éducation ou bien le divertissement", raconte-t-il.

Pour leur "journal télé rappé" ou "JTR", ils font appel au compositeur sénégalais No Face Undacova pour la musique, la réalisation et le design étant assurés par la société locale de production Level Studio.

L’émission est présentée par Xuman en français, la langue officielle du pays, et par Keyti en wolof, langue parlée au Sénégal mais aussi en Gambie et en Mauritanie.

Le programme, qui en est à sa deuxième saison (à raison de six mois par saison), est diffusé chaque vendredi soir sur la chaîne de télévision sénégalaise privée 2STV, puis mis en ligne sur le compte YouTube de l’émission, lui offrant une large audience internationale (avec près de 12.500 abonnés lundi 28 juillet).

Les liens des vidéos sont aussi postés sur les pages de réseaux sociaux du JTR. Sur Twitter, il comptait lundi plus de 1.950 abonnés et sur Facebook, plus de 5.500 mentions J’aime.

- Deux ’journartistes’ libres -

Quatre jours après sa mise en ligne, près de 12.800 personnes avaient regardé sur YouTube la vidéo de l’émission diffusée le 18 juillet (http://youtu.be/Usepw1k7fu8), ayant traité de sujets liés à la politique locale, à la religion et à Gaza, avec comme invités deux jeunes rappeurs : Hyde pour la partie française, et Elzo Jamdong pour la partie wolof.

"Salam, shalom en direct de Gaza (...). L’Etat hébreu est bref sur les erreurs qu’on lui prête. (...) M. Netanyahu parle de faire le nécessaire pour ramener le calme. Donc, il s’arme et le monde doit se taire", expose Hyde, arborant casque et gilet pare-balles, debout dans le décor d’une maison détruite.

"C’est sûr qu’il y aura toujours des gens qui vont dire : +Tu n’aurais pas dû dire+" ceci ou cela, mais "je n’ai fait que m’inspirer un petit peu des opinions à gauche, à droite, (...) sans forcément donner ma propre opinion", explique Hyde.

Les "pères" du JTR ne se préoccupent pas des accusations de partialité à leur encontre.

L’équipe "n’a pas de laisse", déclare Keyti. "Il n’y a personne pour taper sur les doigts, pour dire : +Vous ne pouvez pas dire ça+. Tant qu’on a cette liberté-là, on en use."

Les compères rappeurs égratignent par des sobriquets ou à travers des parodies, mais abordent aussi des sujets graves.

"On n’est pas des journalistes, on est artistes avant tout. Pour nous, (le journal rappé) c’est une oeuvre d’art", précise Keyti, tandis que Xuman préfère jeter un pont entre les deux bords, estimant que "+journartiste+ pour journaliste-artiste, c’est beaucoup plus approprié".

Samba Diaité, un Dakarois de 31 ans, fait partie des fans de l’émission. "J’adore le concept parce que ça allie divertissement, éveil des sens, information", et le journal rappé aborde "des questions et des maux qui gangrènent" le pays, dit-il.

Chaque semaine, c’est une course contre la montre pour produire l’émission, faite avec les moyens du bord et sur fonds propres, même si grâce à la "monétisation" des vues sur YouTube, l’équipe a pu se doter d’un matériel léger de tournage, selon les deux acolytes, qui n’entendent pas baisser les bras.

"La prochaine étape pour nous (...) sera de sortir le journal du Sénégal", dit Keyti, évoquant des projets d’émission similaire au Niger et en Côte d’Ivoire.

cs/stb/myl

 Commentaires