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Le Quotidien N° 3441 du 19/7/2014

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Passation au ministère de la Culture : Mbagnick Ndiaye débarque en pompier
Publié le dimanche 20 juillet 2014   |  Le Quotidien


Passation
© aDakar.com par DF
Passation de service au ministère de la culture
Dakar, le 18 Juillet 2014- Le nouveau ministre de la Culture Mbagnick Ndiaye a promis, vendredi, de poursuivre la mise en œuvre des chantiers ouverts par son prédécesseur Abdoul Aziz Mbaye à la tête du département en privilégiant, entre autres démarches, la communication.


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Hier, après plus d’une heure de temps en huis clos avec son remplaçant dans le bureau ministériel du 3e étage au Building administratif, Abdoul Aziz Mbaye a cédé son fauteuil à Mba­gnick Ndiaye. Le désormais ex-ministre de la Culture a fait ses adieux au monde de la culture. Et son bilan final reste sans grande avancée pour le département.
Un an et neuf mois. C’est le temps passé par Abdoul Aziz Mbaye à la tête du ministère de la Culture et du Patrimoine historique classé. Ce fut au regard de nombreux acteurs culturels «un très long magistère». Ceux-ci ne s’en cachaient plus. Ils souhaitaient véritablement le départ de ce «ministre qui n’écoute personne et qui ne fait que des tournées nationales qui n’ont aucune portée, aucun impact significatif…». En 21 mois, Abdoul Aziz Mbaye, nommé le 29 octobre 2012 en remplacement de Youssou Ndour qui a dirigé le ministère pendant sept mois, n’a d’ailleurs fait que se heurter aux remous du monde culturel. L’homme, disait-on au départ, avait le profil du poste et pouvait faire changer les choses. Il était vu comme celui qui véritablement portera le combat des acteurs culturels et fera avancer les nombreux projets entamés par son prédécesseur. Mais au final, il y a eu plus d’espoir que de bons résultats.
Un bref retour sur le magistère de Abdoul Aziz Mbaye à la tête du département permet en réalité de se rendre compte que l’ex-ministre est totalement passé à côté des attentes du monde de la culture. D’abord, il y a son «Grand projet de la diversité culturel» qui, pour lui et son équipe, est une réussite totale, mais qui en réalité a été très controversé dans le milieu. Des mois durant, de nombreuses personnes se sont d’ailleurs levées pour dénoncer le fait que ce ministre torde les mains aux chefs de service et directeurs pour financer son fameux programme de «diversité culturelle». Et dans ce projet sans réelle planification, il a engouffré beaucoup d’argent, sans grand résultat. Certaines sources bien au fait du fonctionnement du ministère notent que «ces dépenses n’ont jamais été inscrites dans le Cadre de dépenses sectorielles à moyen terme (Cdsmt »). Et pourtant, un document du Service de communication du ministère de la Culture explique que ces visites vont permettre l’identification des expressions et produits culturels des régions.

Beaucoup de moyens pour de gros ratages
«Ce programme s’inscrit dans le cadre de la territorialisation des politiques publiques. Dix expressions ou produits culturels représentatifs aux yeux de la communauté seront identifiés et documentés dans chaque département du pays», rappelle le texte justifiant ce «cher et coûteux programme» de Abdoul Aziz Mbaye. Le docu­ment précise par ailleurs qu’au total, 450 objets-témoins, œuvres artistiques ou expressions culturelles significatives seront retenus sur l’ensemble du territoire national. La restitution devrait se faire lors du prochain sommet de la Francophonie en novembre 2014. Sûrement le ministre sortant en a dressé hier les contours à son successeur lors de leur tête à tête. Mais ce programme hautement contesté se poursuivra-t-il ? Serait-il encore possible de réaliser ce rêve de l’étalage de la diversité culturelle sénégalaise au prochain sommet de la Francophonie ?
Seule la direction que prendra Mbagnick Ndiaye pourra édifier l’opinion. Sachant qu’outre le piètre résultat du troisième axe du programme prioritaire de la politique culturelle du gouvernement, ce nouveau ministre hérite du chantier de l’instauration d’une Société de gestion collective et celui du statut de l’artiste. Et si la Société de gestion collective des droits d’auteurs est aujourd’hui une réalité (sinon presque), il reste que le vaste chantier du statut de l’artiste reste au point mort. A cela s’ajoute le fait que les acteurs culturels n’ont pas eu de bons rapports avec le ministre sortant et qu’il faudra que le nouvel arrivant en tienne compte pour réussir sa mission. Il debarque un peu comme un sapeur pompier. En effet, sous Abdoul Aziz Mbaye, il y a eu beaucoup de remous et de démissions. On se souvient la démission de la directrice du Livre et de la lecture, Mariama Ndoye Mbengue en mars 2013 suite à un désaccord avec la tutelle, puis deux mois plus tard celui du secrétaire général du ministère, Pape Massène Sène qui a rendu le tablier, suite à un désaccord d’avec le ministre sur le traitement des animateurs culturels contractuels. S’ensuivra celui de Massamba Guèye, ex-directeur du Théâtre Daniel Sorano, puis de Babacar Mbaye Diop, secrétaire général de la Biennale des arts Dak’art, qui a fini par se raviser.

Un départ salutaire
C’est donc dans un climat incommodant lié à de nombreuses frustrations d’agents du ministère de la Culture que Abdoul Aziz Mbaye s’en va. Hier encore, peu avant ses dernières déclarations devant la presse, une atmosphère lourde régnait dans son bureau au 3e étage du Building administratif. Pendant qu’il recevait les derniers cadeaux symboliques qui lui ont été remis par le Secrétaire général de la Biennale ainsi qu’une représentante de son département, l’homme, qui habituellement avait le punch, le verbe et le bon mot pour égayer son auditoire, avait le visage lointain, la mine avachie. Sûrement, part-il le cœur gros et insatisfait d’avoir ouvert des chantiers sans grand résultat au final ? Peut-être s’est-il enfin senti impuis­sant sous les regards inquisiteurs des nombreux directeurs et chefs de service qu’il avait, confie-t-on, «l’habitude de brimer ou de rabrouer sans mettre des gangs» ?
Le ministre sortant, nonobstant tout, n’a pas manqué de louer personnellement ses efforts et saluer ses fidèles compagnons pour le travail accompli. La page Abdoul Aziz Mbaye est ainsi tournée. Celle du nouveau ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye, s’ouvre. Avec beaucoup d’espoir dans les rangs du monde de la culture et peu d’enthousiasme chez les plus avertis. Ceux-ci, à juste raison, préfèrent juger à l’œuvre le nouveau ministre.

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