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Sud Quotidien N° 6360 du 12/7/2014

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Centre de formation professionnelle de Podor: La pédagogie de l’approche par métier à l’épreuve
Publié le dimanche 13 juillet 2014   |  Sud Quotidien




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Le Centre de formation professionnelle de Podor, ex-Centre d'enseignement technique féminin (CETF), est en plein dans l'APC (Approche par compétence). Avec cette pédagogie de l'''approche par métier'' mis en avant dans l'apprentissage conformément à la directive du ministère de l'Enseignement technique et de la Formation professionnelle, l'école est sûre de mettre sur le marché des «produits» aptes à l'emploi ou à l'auto-emploi. Seulement le nombre élevé de formateurs-vacataires sans aucune formation en pédagogie et en législation, l'absence de structures d'accueil pour les stages, les baisses fréquentes de tension électrique, le déficit de salles pédagogiques, d'ateliers ainsi que les nombreux cas d'abandons, constituent autant de freins à cette ambition affichée par les autorités à Podor.

«Il y a beaucoup plus de vacataires que de fonctionnaires (ndlr-au Centre de Formation professionnelle de Podor). Il nous faut deux à trois mois pour les familiariser à la pédagogie. D’où la nécessité de revoir le mode de recrutement de ces formateurs qui n’ont reçu aucune formation en pédagogie et en législation». C’est Mme Thiam Ndèye Arame Diack, directrice du Centre de formation professionnelle de Podor, ex-Centre d’enseignement technique féminin (CETF) qui décline ainsi le problème crucial de son établissement.

En effet, le centre compte un personnel enseignant (encadrement technique et formateurs) de 30 professeurs, dont l’écrasante majorité a le statut de vacataire. Le personnel administratif est au nombre de 7 contre 7 autres éléments d’appui. Le reste des effectifs est composé d’un gardien, de femmes de chambres et de techniciens de surface. Suffisant pour la directrice d’inviter les autorités à corriger le système et le mode de recrutement des formateurs qui «doit intégrer l’éthique et la déontologie, le sens de responsabilité, les droits et obligations. Il faut revoir le mode de recrutement des enseignants: si nous voulons des produits de qualité, il nous faut des enseignants de qualifié.

Une formation de qualité requiert des formateurs de qualité, des renforcements de capacités pour être au diapason. Car les métiers enseignés (cuisine, couture, coiffure, etc.) évoluent avec le temps». Il s’agit de permettre à l’encadrement de «s’adapter. Les choses évoluent et l’enseignement et l’équipement doivent bouger avec pour être toujours au diapason». Quant à l’administration, elle a besoin d’être au top en matière de management et de marketing. «Il faut aussi renforcer le personnel administratif en management et en marketing», suggère-t-elle.

La coopération pour sauver…

Le centre offre plusieurs filières de formation suivie de métiers, selon la «pédagogie de l’Approche par métier». Les élèves sont formés aux métiers de cuisinier, de coiffeur, d’agent de santé communautaire, d’agent de développement local, de transformateur de produits agroalimentaires, de couture, etc. Or, «l’APC (Approche par compétence) que nous appliquons demande beaucoup de moyens pour le suivi. Il faut avoir le même nombre d’élèves que de postes pour un meilleur suivi des pensionnaires. Mais les moyens ne suivent pas, aujourd’hui, nous avons 2 à 3 élèves par poste», déplore la Directrice. De même, sur le plan infrastructurel, l’établissement traine un déficit de salles pédagogiques (qui sont au nombre de quatre) et autant d’ateliers. C’est pourquoi elle sollicite l’équipement du centre avec du «matériel haut de gamme, des équipements de pointe en quantité et en qualité».

En attendant, cet établissement qui dispense une formation à l’insertion peut compter sur le soutien de la coopération luxembourgeoise (Lux-Dev) avec respectivement les programmes ‘’Sen 018’’, ‘’Sen 24’’ et ‘’Sen 28’’ qui sont des paquets, d’une durée de 5 ans chacun, à travers un appui, soit à l’auto-emploi et à l’emploi salarié. Il y a aussi l’appui de l’ONUDI (Organisation des Nations-Unies pour le développement industriel), du BIT (Bureau International du travail) pour accompagner l’insertion: «sur demande, Lux-Dev et le BIT accompagnent la formation pour l’auto-emploi alors que l’accompagnement de l’ONUDI c’est au niveau de la recherche de l’emploi en mettant les élèves en situation. Aussi le PNUD (Programme des Nations Unies pour le développement) exploite les plans d’affaires jusqu’au financement», se félicite Mme Thiam Ndèye Arame Diack.

Seuls 7 garçons sur 184 élèves…

En tout 184 élèves suivent les cours au Centre de formation professionnelle de Podor, avec une dominante de filles. Cette situation s’explique par le fait que les gens ne parviennent toujours pas à se départir de l’image de Centre d’enseignement technique féminin (CETF), donc un établissement alors dédié à la formation exclusivement destinée aux filles, qu’il était. C’est grâce à la nouvelle réforme qu’il est devenu un centre mixte. Malgré cela «il ne compte que 7 garçons sur les 184 élèves. C’est un problème réel: la réticence des garçons, c’est dû aussi à l’ancienne appellation», confie la Directrice.

Pour y accéder, l’inscription est fixée à 10.000 F Cfa par ménage, tout est compris à part la tenue professionnelle. Une somme jugée dérisoire par la patronne de l’établissement, mais que des parents éprouvent de la peine à honorer. «Même le coût du matériel minimum nécessaire dont doit disposer chaque élève est largement supérieur à cette somme (10.000 F Cfa). Par exemple en coiffure, chaque tête coûte 25.000 F Cfa: les élèves ont de la peine pour se la procurer alors qu’ils doivent travailler et s’exercer à la maison. Certains ménages également peinent même à s’acquitter de cette inscription. Donc la matière d’œuvre ne suit pas».

L’autre handicap est lié à la position du centre qui est très éloigné par rapport au centre-ville. Pour s’adapter à la donne, le système de journée continue a été institué, mais là aussi le problème de restauration se pose. L’établissement ne dispose pas de cantine scolaire et les nombreuses demandes adressées à qui de droit et à des partenaires dans ce sens sont restées pour le moment sans suite. Aussi, la Directrice sollicite-t-elle un bus de ramassage pour faciliter le transport et le placement en stage des élèves et leur suivi de manière régulière. «Ils sont obligés de faire des stages, car le stage est une partie intégrante de la formation. Il sont obligés d’aller à Saint-Louis ou à Dakar pour les stages, Podor n’ayant pas de structures appropriées», souligne-t-elle.

Des problèmes familiaux et tuteurs, mariages, des sources d’abandon

Des ennuis liés à l’électricité également ne manquent pas. Le centre étant situé dans une zone d’extension, «il y a souvent des baisses de tension au niveau du poste transformateur. Ce qui n’est pas sans répercussions sur nos matériels. On a souvent des courts-circuits», fulmine Mme Thiam Ndèye Arame Diack.

Malgré la forte demande de formation, les difficultés ci-haut citées, la position du site d’accueil et le problème d’hébergement des élèves sont autant d’obstacles qui freinent les jeunes. Ceux des villages et autres localités éloignés éprouvent de la peine à trouver des tuteurs à Podor ou, s’ils en ont, ces élèves, notamment les filles, ne peuvent pas suivre la formation à cause des travaux ménagers et autres croc-en-jambe qu’elles rencontrent au sein des familles d’accueil. Ce qui entraine des abandons. «Les cas d’abandons sont souvent notés et sont liés à la situation familiale, notamment mariage, niveau de vie familial, la distance, la chaleur, le problème de tuteur pour ceux qui résident hors de Podor, grossesses précoces, manque de matériel, etc.», précise-elle.

Il y a trois niveau de formation dans ce centre: le ‘’CAP’’ qui concerne les élèves ayant le niveau de la 4ième secondaire et plus, le niveau ‘’Attesté’’ pour ceux de 6ième et 5ième collège et l’’’Apprentissage’’ où sont admis des pensionnaires de niveau inférieur à la 6ième avec un niveau de français à relever pour ceux qui n’en ont pas un bon, la langue de travail étant celle de Molière.

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