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Enquête Plus N° 918 du 5/7/2014

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Mendicité au Sénégal: Quand les mendiants étrangers envahissent Dakar
Publié le lundi 7 juillet 2014   |  Enquête Plus


Des
© Autre presse par DR
Des mendiants maliens


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Dakar est de plus en plus l’eldorado des mendiants étrangers. En cette période de ramadan ou la fibre généreuse des donateurs est fortement sollicitée. Mendier devient une sinécure est attire davantage d’adeptes. Un phénomène que décrient de plus en plus les Sénégalais, sidérés par cette pratique qui enlaidit le pays.

Qui dit ramadan dit générosité ! Une période de traite pour les mendiants qui prennent d’assaut mosquées, rues et places publiques en quête du gain journalier. Quand les étrangers s’en mêlent, l’affaire prend une autre tournure. Dans l’optique de survivre, beaucoup d’étrangers ont choisi la mendicité pour gagner leur vie dans la capitale sénégalaise.

Les plus connus restent les Maliens et quelques Maures. Ils sont de plus en plus nombreux au niveau de certains ronds-points ou endroits stratégiques et très passants de la ville. C’est le cas à l’intersection Cité des Eaux, au Boulevard Dial Diop face à l’Ecole nationale d’administration (ENA), à la devanture de la mosquée de Dieuppeul qui jouxte le camp des sapeurs pompiers et au campus universitaire où les mendiants sont tous « presque » maliens, en majorité de sexe féminin. Avec quelques rares hommes, presque tous des aveugles.

« Nous venons tous du Mali. Une fois à Dakar, nous essayons de travailler avec les aveugles pour solliciter de l’aumône, ensuite on se partage l’argent où la nourriture reçue », raconte une dame, la trentaine. Elle sert de guide à un aveugle, à la devanture de la mosquée de Dieuppeul, sur les allées Khalifa Ababacar Sy menant au rond-point du Jet d’eau. Qui ne parle pas bambara aura du mal à discuter avec eux. « Nous ne comprenons pas wolof. On ne parle que bambara. Il y a que quelques-uns de nos enfants qui essayent tant bien que mal de s’exprimer en langue sénégalaise », fait savoir une autre dame, assise à même le sol, son bébé dans les bras.

Au rond-point de la Cité des Eaux, ce samedi, les mendiants maliens sont beaucoup plus nombreux que d’habitude, à cause du marché hebdomadaire de friperie sur les allées du Front de terre. Ce lieu est leur principale demeure. Des mendiants de tous les âges y vivent. En plus de la mendicité, ils s’adonnent au change. Le procédé est pour le moins déconcertant.

Du change en plus de la mendicité

« Que voulez-vous ? De la monnaie ? », Lance un jeune garçon d’à peine onze ans, monnaie sonnante et trébuchante entre les mains. A peine s’est-il tu qu’arrivent en courant ses « frères », les mains remplies de pièces de monnaie. « Monsieur, nous pouvons vous faire l’échange pour n’importe quelle somme. Nous avons beaucoup de pièces avec nous », s’exclament-ils. Pour l’échange de monnaie, trois pièces de 25 F équivalent à 100 F. « Pour la monnaie de 100 F, nous vous remettons 75 F, en pièces de 25 F. C’est comme ça que nous faisons de la monnaie », explique le jeune garçon du nom de Boubacar Diarra. Ce type de troc fait pourtant le bonheur des apprentis de « cars rapides » et des receveurs de minibus, toujours à la recherche de monnaie.

Ici, les mendiants ont tous comme patronymes Diarra, Traoré ou Coulibaly. Six bambins, serrés les uns contre les autres comme des sardines, dorment par terre, à côté de leurs parents qui discutent. Autour d’eux, une aire est aménagée pour malades mentaux. Bidons et seaux par-ci, aliments en tout genre par-là, l’endroit est indescriptible. Une odeur nauséabonde se dégage à cause des saletés qui dictent leur loi. Pour ces mendiants, c’est le cadet de leur souci. « Ces gens ne se soucient pas des dangers qui peuvent les guetter. Il n’y a que l’argent qui les préoccupe », se désole Aminata Ndiaye rencontrée aux abords du marché samedi.

Les règles élémentaires d’hygiène foulées aux pieds

Le feu rouge s’allume, les femmes mendiantes se précipitent vers les voitures pour demander l’aumône. Chacune d’elles est accompagnée d’un enfant. Selon certaines personnes, c’est une façon de « jouer sur la conscience » du donateur. « Elles font exprès de venir quémander en compagnie d’un enfant. C’est juste pour susciter la pitié chez la personne qui donne», informe ce conducteur qui attend tranquillement que le feu passe au vert. Pour un autre chauffeur, les mendiantes maures sont expertes dans le genre. « Elles te présentent même leur enfant avec une fausse ordonnance dont l’achat sauverait la vie de celui-ci», explique-t-il.

Au restaurant « Argentin » du Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD), une vieille dame aveugle, la soixantaine révolue, avec une forte corpulence, est assise sur un seau en compagnie d’une adolescente. C’est une mendiante. « Cette dame vient souvent à l’université. Je la vois presque tous les deux jours dans le campus en compagnie d’une petite fille ou parfois de deux enfants pour solliciter de l’aumône. Moi, je m’inquiète plus pour les enfants, car nous sommes maintenant dans un monde où la perversion a atteint une dimension extraordinaire », s’inquiète Cheikh Tidiane, étudiant en histoire. Selon lui, des mesures devraient être prises pour éradiquer le phénomène. Non sans avertir que l’Etat du Sénégal doit tout faire pour mettre fin à ce phénomène.

Quand les enfants servent d’appât

Pour une autre étudiante, ces mendiantes peuvent être des vecteurs de maladies. Elle prévient : « Ces mendiantes, à vrai dire, sont souvent sales. Elles ne prennent pas bien souvent soin d’elles, ni de leurs enfants. Cela peut entrainer des maladies. Pour moi, c’est un problème très sérieux que l’Etat doit prendre à bras le corps. Il ne faut pas attendre qu’il y est problème pour agir ». Ailleurs, une scène très « émouvante », au populeux quartier de Niary Tally. Une dame est assise dans la rue. A côté d’elle, deux enfants du même âge sont couchés à même le trottoir. « C’est grave. Comment peut-on faire coucher des enfants qui n’ont même pas deux ans comme ça sans aucune protection ?», s’interroge un passant. Les deux enfants dorment profondément.

Prostitution et exploitation d’enfants

Avec les Maliennes coexiste une forte communauté de Maures. Les mendiantes maures sont, comme leurs voisines maliennes, accompagnées de leurs enfants. Seulement, de l’avis de plusieurs interlocuteurs, les femmes maures « exagèrent » dans leur façon de quémander. Lorsqu’elles voient quelqu’un venir, elles poussent leurs enfants à aller prendre la main du passant, dans la logique de lui soutirer quelque chose. En face du restaurant situé au pavillon B, une jeune dame de teint clair, le bébé pleurant derrière le dos, sollicite de quoi payer une ordonnance à des étudiants assis sur un banc public.

« Cette fille est une Maure, je pense. Car il y a de cela quatre ans, je la voyais rentrer dans les chambres des étudiants à des heures tardives (20h-21h) pour solliciter de l’argent. Je suis même surpris de la revoir avec un bébé », dit un étudiant qui a requis l’anonymat. Il renchérit : « Des lois devaient être proposées, pour mettre un terme à ce type de mendicité. Cela est une forme même de prostitution déguisée et une exploitation d’enfants par leurs propres parents ».

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