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Oussouye : le pardon et la réconciliation au cœur d’une cérémonie rituelle de femmes
Publié le samedi 5 juillet 2014   |  Agence de Presse Sénégalaise




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Des centaines de femmes venues de 21 villages du royaume d’Oussouye (Sud) ont bouclé vendredi une retraite spirituelle de trois jours dans le bois sacré au cours de laquelle elles ont fait des sacrifices et des prières pour une réussite de la dynamique de paix et de pardon enclenchée en Casamance.

Elles ont entamé cette retraite spirituelle le 2 juillet dernier avec la bénédiction des rois d’Oussouye, de Kalobone, de Djiwant et d’Essaout. Et l'ont observée auprès du fétiche ''Adjamo'' qui se trouve entre Siganar et Oussouye.

Portant toutes des pagnes traditionnels ornés de tissus blancs, elles ont formé une longue file indienne qui s’est ébranlée près des rizières du roi d’Oussouye, pour se diriger vers Oussouye.

La longue marche des femmes s’est dirigée ensuite vers le temple royal. Arrivées devant le domicile du responsable du fétiche parallèle ''Woumil'', elles se sont mises à chanter et à danser pour invoquer l’esprit des ancêtres, afin de leur demander d’intercéder auprès de Dieu, pour qu’il accepte leurs prières.

‘’Elles ont organisé cette longue procession pour faire des libations au niveau du fétiche royal et saluer le roi. Après la cérémonie, elles retournent dans le bois sacré pour terminer leurs prières, avant de regagner leur domicile, le soir’’, a expliqué François Diédhiou dit Pompidou, un oncle du roi d’Oussouye.

Pompidou estime que l’implication des femmes autochtones dans la recherche de la paix est une première. Les femmes de la zone sont à l’avant-garde quand une calamité s’abat sur la communauté, a-t-il rappelé.

‘’Quand les femmes interviennent dans cette prière adressée à Dieu par l’intermédiaire des fétiches, elles le font avec dévotion, avec foi, avec pénitence. Depuis deux jours, elles sont là-bas(le bois sacré) sous les intempéries, la pluie, le vent, la chaleur ou le froid’’, a-t-il indiqué.

Il a salué l’innovation consistant à associer les fils de la région méridionale dans la recherche de la paix, relevant que la plupart des médiateurs ignoraient jusque-là l’organisation sociale et les mécanismes traditionnels de règlement des conflits des Casamançais.

‘’C’est une innovation dans la recherche de la paix, qui consiste à faire participer ceux qui sont concernés effectivement par le conflit'', a-t-il souligné.

Les femmes ont payé un lourd tribut à la crise qui sévit en Casamance depuis plus de trente ans, a rappelé la responsable du groupe d'initiées, Judith Diagne Ciss.

’’C’est pourquoi elles se sont retirées pendant trois jours, dans le bois sacré pour se parler et prier pour un retour définitif de la paix’’, a-t-elle dit.

‘’Nous avons prêché le pardon et la réconciliation pour que ceux qui sont dans le maquis puissent revenir dans leurs familles. Mais nous avons demandé que ceux-là acceptent de venir discuter avec le gouvernement pour trouver une solution à la crise’’, a-t-elle ajouté.

‘’Chez nous, quand on fait des sacrifices et qu'il pleut, les gens disent que c’est pour laver le sang. Nous espérons que le bon Dieu va nous aider à trouver une solution définitive au conflit’’, a-t-elle poursuivi.

Pascal Manga, un membre du Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (GRPC), a laissé entendre que ‘’les femmes ne sortiront du bois sacré qu'avec des décrets’’.

‘’Elles prient pour que la sérénité soit retrouvée et que le serment pris soit délivré. L’autre message qu’elles vont transmettre, c’est le pardon et la réconciliation dans les villages’’, a-t-il fait savoir.

Nouha Cissé, un autre membre du GRPC, espère lui aussi que le serment pris par les combattants sera dénoués, après la retraite des femmes dans le bois sacré.

‘’Il ne faut pas oublier que ce conflit a pu connaître une forte adhésion aux positions du MFDC de la part des populations, sur la base de rencontres dans les bois sacrés où des serments ont été pris’’, renseigne un document remis aux journalistes.

‘’Il faut aussi noter que la plupart des combattants du MFDC, avant de rejoindre le maquis, sont soumis à des rituels dans le bois sacré’’, note encore le document.

‘’Pour toutes ces raisons, souligne-t-il, l’initiative d’organiser des cérémonies rituelles pour aller dans le sens du processus de paix est à encourager et à soutenir, surtout dans le contexte actuel où les conditions favorables sont réunies.’’

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