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Sénégal : milliards engloutis, espoirs noyés – pourquoi les inondations persistent-elles ?
Publié le lundi 22 juillet 2024  |  RTS
Remise
© aDakar.com par BL
Remise de motopompes aux municipalités de la ville de Dakar
Dakar, le 10 septembre 2022 - Le maire de la ville de Dakar a procédé à une remise de motopompes à différentes municipalités de la Ville de Dakar pour soulager les populations impactées par les inondations.
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Chaque année, le Sénégal se transforme en un océan de désespoir, où des centaines de milliers de familles voient leurs maisons et leurs vies submergées par des flots incontrôlables. Malgré des investissements de plusieurs centaines de milliards de francs CFA, le problème des inondations reste non résolu, laissant les citoyens dans un désarroi total à chaque période hivernale.

Les programmes de gestion des inondations au Sénégal sont comme des barrages de sable face à un tsunami. Ils manquent de planification rigoureuse, de coordination efficace et de maintenance continue. Les experts dénoncent une urbanisation anarchique et une absence de vision à long terme. Les milliards de francs CFA investis semblent se dissoudre dans les eaux, sans apporter de solutions durables.

Les nouvelles autorités sénégalaises, dès leur prise de fonction, ont cherché à mettre les bouchées doubles pour limiter les dégâts. Cependant, les courts délais et les défis immenses rendent la tâche herculéenne. L’engagement des populations, à travers des initiatives comme “Setal Sunu Reew”, est louable mais insuffisant.

Il est fort heureux d’apprendre que les autorités de la troisième alternance entendent procéder à l’évaluation des actions de lutte contre les inondations déroulées dans cette dernière décennie pour ensuite engager une réorientation de la stratégie nationale d’assainissement en cohérence avec le renouveau des politiques en matière d’aménagement du territoire, d’urbanisme et d’habitat. Il faudrait s’en féliciter d’autant plus que les autorités envisagent aussi l’actualisation et la généralisation des Plans Directeurs d’Assainissement (PDA) et de proposer un nouveau Programme Intégré de Développement de l’Assainissement (PIDA). Espérons que ces initiatives privilégieront des approches de planification participative et de cesser aussi ou tout au moins réduire l’implémentation verticale des projets ou programmes sans une bonne implication des communautés. À ce niveau, les services techniques et les municipalités devraient se réunir avec les communautés, présenter les projets, les types d’actions et aussi les coûts et faire preuve de flexibilité pour opérer les réaménagements nécessaires. Aussi, la participation des communautés dans la mise en œuvre et le suivi, reste fondamentale, répondant ainsi aux impératifs de transparence et de redevabilité.

Une telle approche devrait aussi permettre de donner un contenu opérationnel aux concepts d’appropriation et de pérennisation. Les politiques publiques doivent en réalité être perçues comme des politiques communautaires, c’est-à-dire visant au premier chef le bien-être des populations. « Agir sans les populations, c’est agir contre elles », comme le disait Thomas Sankara.

Directeur des programmes à la Coopération japonaise, Directeur Afrique chez WaterAid à Londres, et Secrétaire Exécutif de l’Agence Panafricaine Eau & Assainissement pour l’Afrique. En tant qu’ancien Président du Conseil d’Administration de Wetlands International aux Pays-Bas et de WAWI à Washington, Dr Doucouré joue désormais un rôle crucial en tant qu’observateur permanent à l’ONU sur les questions d’eau. Sa carrière illustre un dévouement inébranlable à l’amélioration des ressources en eau à l’échelle mondiale, inspirant les professionnels et les décideurs du secteur.

Idrissa Doucouré PhD, Exécutive MBA, Master en planification stratégique et Ingénieur

Président du Conseil Mondial des Investissements et des Affaires, Londres
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