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Les innovations du programme Jangandoo sont les clés de sa réussite, selon le Pr Abdou Salam Fall
Publié le samedi 7 decembre 2013   |  Agence de Presse Africaine




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Le coordonnateur du Programme Jangandoo au Laboratoire de recherche sur les transformations économiques et sociales (LARTES), le Professeur Abdou Salam Fall, justifie la réussite de cette initiative par les « innovations majeures » qu’elle a su opérer en matière d’évaluation des apprentissages.



S'exprimant au cours d'une interview avec APA, en prélude à la présentation, le 11 décembre, des résultats de l'évaluation des apprentissages pour 2013, M. Fall a entrevu plusieurs perspectives au programme Jangandoo affirmant qu'il s'agit notamment « d'institutionnaliser une démarche d'évaluation dans le système éducatif de manière générale et aussi au travers de l'ensemble des formes d'apprentissage ».

Cette institutionnalisation devra se faire, selon M. Fall, de « façon interne et externe », ajoutant que « le LARTRES entend aussi travailler à mettre en relief l'importance de la diversité des formes d'apprentissage.
« Si nous voulons atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), si nous voulons arriver à une qualité des apprentissages, c'est nécessaire de considérer la diversité des apprentissages », affirme le professeur Fall.

A ses yeux, il appartient à l'Etat d'accompagner les acteurs qui portent le système d'éducation pour que d'abord ces systèmes soient suffisamment normalisés et qu'ils tendent vers une meilleure performance.
« Cela passe non seulement par un accompagnement en termes de mise à disposition d'enseignants, d'inspecteurs, de manuels, d'instruments de support d'éducation, mais cela signifie aussi travailler à mettre en place des subventions et des budgets qui puissent accompagner leurs efforts ».

Au sujet des innovations, M. Fall a indiqué que la première est de mettre au point une méthode de mesure des apprentissages à partir du niveau médian d'apprentissage. Selon lui, « les résultats d'une enquête menée par des inspecteurs de l'éducation et des enseignants à travers toutes les régions du pays ont considéré que ce niveau médian correspond au Cours élémentaire première année (CE1) ».

La deuxième innovation repose sur le fait que l'enfant est évalué dans son ménage et non dans son lieu d'apprentissage. Tous les enfants de 6 à 18 ans trouvés dans les ménages sont testés sur les mêmes épreuves (lecture, calcul et culture générale). Cependant, pour le choix de la langue (français ou arabe), il appartient aux enfants de se déterminer, a-t-il précisé.

« La troisième innovation du programme vient du fait que l'enfant est testé en présence des membres de sa famille à qui sont immédiatement transmis les résultats. On échange avec les parents pour voir les facteurs qui devaient être pris en charge dans un futur temps par les enfants », avance M. Fall qui lie lie la dernière innovation du programme Jangandoo à la mesure de la qualité des apprentissages à travers les acquisitions fondamentales des enfants.

« Mais l'objectif est, en identifiant des problèmes, d'inviter les acteurs à agir pour le changement », avance le coordonnateur du LARTES expliquant que c'est pour cela que sa structure choisit ses enquêteurs dans les communautés où ont lieu les évaluations.

« C'est ainsi que nous collaborons avec une dizaine d'ONG dans les 14 régions du Sénégal. Elles ont en charge la mise en œuvre de l'évaluation sous notre encadrement et accompagnement », soutient M. Fall.

Le coordonnateur du programme Jangandoo fait aussi remarquer que « les conclusions issues des concertations sur l'enseignement supérieur ont insisté assez fortement sur la nécessité pour les universités de resserrer leurs liens avec les communautés et de travailler à être des lieux d'aide à la prise de décision au niveau des autorités publiques d'une part et d'autre part au niveau des différents acteurs du développement ».

Se prononçant sur le bilan à mi-parcours de Jangandoo, le professeur Fall rappelle qu'une enquête pilote réalisée en 2012 a permis de mettre au point la méthode et d'exprimer les résultats auxquels le programme pouvait arriver avec la mise en place d'un baromètre indépendant sur la qualité des apprentissages.

« En 2013, le programme est passé à l'échelle nationale », a-t-il dit ajoutant que « c'est ainsi qu'une enquête a été menée auprès de 5.000 ménages permettant de couvrir 5.200 enfants âgés de 6 à 18 ans dans les 14 régions du Sénégal avec un échantillon représentatif au niveau régional ».

Après avoir été présentés aux autorités du Ministère de l'éducation nationale, les résultats seront soumis à l'appréciation du public. « Nous comptons poursuivre cette démarche en allant dans chacune des 14 régions pour y présenter les résultats », affirme le professeur Fall expliquant que « l'objectif visé à travers cette démarche est de permettre aux acteurs d'avoir des instruments de mesure et d'agir sur le système éducatif en général ».

« A l'échelle du Sénégal, sur la base des 15.277 enfants que nous avons interrogés en 2013, nous avons un taux d'échec d'environ 81% c'est-à-dire que 81% des enfants n'ont pas réussi à obtenir la moyenne dans les épreuves qu'ils ont subies », déclare le professeur Fall, relevant qu'en calcul, le taux d'échec se situe à 77% contre 70% en lecture. En culture générale par contre, il y a un taux de réussite de 75% ce qui lui fait dire que « le niveau d'ouverture des enfants est plus élevé que leur niveau de maîtrise de la lecture et du calcul ».

A ses yeux, « cette situation nous interpelle parce que cela peut signifier que le modèle pédagogique qui est mis en œuvre n'est pas en adéquation avec l'ouverture d'esprit et la relation que les enfants ont avec leur environnement ».

Parlant ensuite de l'enseignement en langue arabe, le coordonnateur du LARTES a indiqué que 3.000 enfants sur les 15.277 testés l'ont été dans cette langue.
Mais, affirme-t-il, « c'est une langue beaucoup enseignée dans le système non formel et informel. C'est pour cela que cet enseignement n'est pas totalement normalisé.

Compte tenu de cette situation, le dispositif d'accompagnement, et surtout d'évaluation, n'a pas fonctionné ».

De plus, avance le professeur Fall, plusieurs autorités ont indiqué que c'est la première fois qu'il y a une évaluation externe en langue arabe à l'échelle du Sénégal avec une démarche souple qui s'appuie sur une évaluation des enfants trouvés dans les ménages.

Un autre challenge pour le LARTES c'est d'arriver à avoir un échantillon représentatif jusqu'au niveau départemental de façon à permettre aux décideurs de ces localités de disposer de mesures et résultats qui soient opérationnels.

Enfin le professeur Fall a avancé l'idée d'une offre à la carte pour les différentes collectivités locales et communautés qui veulent, à partir d'une expérience novatrice comme celle de Jangandoo, disposer de mesures de la qualité des apprentissages à l'échelle de leur localité pour inviter les parents d'élèves et les acteurs du système éducatif à apporter les changements nécessaires.

MS/od/APA

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