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Au Sénégal, voter, quand même
Publié le dimanche 25 fevrier 2024  |  aDakar.com
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© aDakar.com par BL
Visite du ministère de l`Intérieur dans des centres de vote dans la région de Dakar
Dakar, le 30 juillet 2022 - Le ministre de l`Intérieur, Antoine Félix Diome a effectué une visite dans des centres de vote de la région de Dakar à quelques heures du démarrage du scrutin.
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Si tout s’était passé comme prévu, des millions de Sénégalais auraient fait la queue dimanche
devant des écoles pour élire leur cinquième président. Mais rien ne s’est passé comme prévu
et quelques-uns comme Amy Ndao Fall ont tenu à glisser un bulletin symbolique dans une
urne factice.
Amy Ndao Fall, comme Awa Mbow Kane, toutes deux médecins, se sont rendues dans un
simulacre de bureau de vote improvisé à Dakar par le collectif citoyen Aar Sunu Election
("Préservons notre élection") le jour où les Sénégalais étaient censés voter.
Amy Ndao Fall et Awa Mbow Kane font partie de ceux, nombreux, que le report a choqués
parce qu’ils considèrent le respect des échéances électorales comme une marque de
l’attachement à la démocratie qui fait la fierté du pays et le distingue dans une région en
proie aux faits accomplis.
Amy Ndao Fall et Awa Mbow Kane taisent leur âge. Mais Amy Ndao Fall dit qu’elle "vote
depuis (qu’elle) a l’âge de voter". Voter, et voter à la date convenue, "cela a toujours été dans
notre culture".
Pour elles et tous ceux qui voulaient conjurer l’adversité, Aar Sunu Election a disposé dans
une pièce à son siège, sous le drapeau national vert, or et rouge, une urne, un isoloir et trois
bulletins: un vert pour une "élection avant le 2 avril 2024", un blanc pour "le report de
l’élection", un noir pour "la démocratie en deuil".
Derrière une table siègent une présidente de bureau, la représentante d’une commission
électorale et un secrétaire. A la mi-journée, le secrétaire avait relevé à la main dans son
registre les identités, les numéros de téléphone et les signatures de 16 votants.
Au dehors, la capitale est livrée à la chaude apathie dominicale.
Un jour de vote, les Sénégalais se seraient alignés devant les bureaux avec une certaine
solennité. En fin d’après-midi se serait posée la question de savoir s’il fallait prolonger les
opérations pour permettre à tout le monde de voter. Les premiers résultats avant un éventuel
second tour auraient pu être connus dans la soirée.

Ce grand moment aurait occupé les radios et les télévisions en continu. Au lieu de cela ont
circulé abondamment sur les réseaux sociaux les messages "journée de deuil électoral".
Les Sénégalais ont toujours voté entre le 21 et le 28 février depuis 1978. Le président Macky
Sall a déclenché une onde de choc le 3 février en décrétant un report de dernière minute.
Il a invoqué les vives querelles auxquelles a donné lieu le processus de validation des
candidatures et la crainte qu’un scrutin contesté ne provoque de nouveaux accès de violence
après ceux de 2021 et 2023.
- "Nous voulons voter" -
Le Conseil constitutionnel l’a déjugé depuis, sans fixer de date. Un vaste mouvement
politique et citoyen réclame la tenue du scrutin avant le 2 avril, date de l’expiration oficielle
du mandat du président Sall.
M. Sall suspend la détermination de la date à un dialogue auquel il a convié les candidats
qualifiés et recalés et tous les acteurs politiques et sociaux lundi et mardi.
La Communauté des Etats ouest-africains (Cedeao) réunie en sommet samedi et dont le
Sénégal est un pilier a "pris note" de l’engagement du président Sall à partir à la fin de son
mandat le 2 avril. Elle appelle toutes les parties prenantes à "accorder la priorité au dialogue
pour préserver les acquis démocratiques" sénégalais.
Mais Aar Sunu Election et 16 des 19 candidats homologués refusent de prendre part aux
discussions. Les forces de sécurité ont empêché dimanche les 16 concurrents de se réunir sur
un terrain où ils avaient donné rendez-vous à leurs supporteurs.
Quelques-uns se sont rabattus sur le siège de l’un des principaux candidats, Khalifa Sall. Ils
ont eux aussi procédé à un vote fictif avec un bulletin noir unique "RIP 25 février", pour
"Repose en paix 25 février".
"Aujourd’hui est un jour sombre pour notre démocratie (...) le Sénégal est une démocratie
craquelée parce que, pour la première fois, on touche à cette mythique (ce mythe) qu’était
l’élection présidentielle", a dit Khalifa Sall (sans lien de parenté avec le président).
Au bureau de vote fictif d’Aar Sunu Election, Amy Ndao Fall est sortie avec de l’encre au petit
doigt, comme en vrai pour signifier qu’elle a voté.
Abdoulaye Bousso, encore un médecin, s’est encré deux doigts. Il a été aux avant-postes du
plan de lutte national contre le Covid-19. Le report de l’élection, c’est "encore une crise",
plaisante-t-il à moitié, maillot de l’équipe nationale de foot sur le dos.
Sérieusement: "nous voulons voter. Avant le 2 avril, c’est obligatoire. Cette campagne
interminable, ces manifs, tous ces gens tués depuis des années... Il faut tourner cette page et
se remettre au travail".

lal/cpy
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