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[Affaire classée] Casse de banques et de pharmacies, meurtre de Jean Philippe d’Almeida : L’équipée sauvage de "Pape Hlm" et sa bande
Publié le lundi 18 decembre 2023  |  seneweb
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© aDakar.com par PMD
Audience solennelle de rentrée des Cours et Tribunaux
Dakar, le 18 janvier 2022 - Le chef de l`État a présidé, ce mardi 18 janvier 2022, l`Audience solennelle de rentrée des cours et tribunaux à la Cour suprême autour du thème "Justice et conflits fonciers : application de la loi sur le domaine national".
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Encagoulés et armés jusqu’aux dents, ils ont semé la terreur partout où ils sont passés. Banques, pharmacies, rien n’a échappé à l’appétit vorace de «Pape hlm» et sa bande de malfaiteurs. Lors d'un de leur coup à la Pharmacie Actuel », ils avaient tué Jean Philippe d’Almeida et tiré sur sa copine. Seneweb revient sur la sanglante équipée de ces bandits, stoppée par Bara Sangaré alias « Cobra », actuel patron de la Sûreté Urbaine (Su) de Dakar, et son équipe.

Une balle dans la tête

Cette nuit-là, Jean Philippe d’Almeida est sorti avec sa chérie. Couple heureux qui croque l’amour à pleines dents, les tourtereaux passent une excellente soirée. Après ce rendez-vous galant, ils ont, bras dessus, bras dessous, pris le chemin du retour. Leur charmante escapade terminée, il fallait se reposer afin de pouvoir bien démarrer la semaine de travail qui les attend. Durant ses instants de bonheur pur, Jean Paul est loin de s’imaginer que la faucheuse guette. Alors qu’il s’apprête à rejoindre son appartement, en bas de la pharmacie « Actuel », sise non loin du «Canal IV» de Dakar, entre les quartiers «Fass» et «Point-E», il est saisi de stupeur en constatant qu'un groupe de cinq (5) braqueurs, lourdement armés, est devant les lieux : la pharmacie de sa tante, là où lui-même travaille.

Les malfrats ont déjà maîtrisé et ligoté le vigile et passent à l’étape suivante : vider la pharmacie. La scène, digne d’un film de gangsters hollywoodiens- avec des malfaiteurs lourdement armés et encagoulés- s’est passée sous le regard impuissant des autres vigiles. Qui, dans un réflexe de survie, parviennent tout de même à informer le Commissariat du 4ième arrondissement.


De son côté, Jean ne pet laisser les malfrats dépouiller ainsi la pharmacie de sa tante. Il tente de s’opposer aux assaillants, armés jusqu’aux dents. Une réaction qui lui coûtera la vie. Sans pitié, l’un des membres du gang se débarrasse du danger qu’il représente : Jean est atteint mortellement par une balle à la tête.

La copine de Jean reçoit une balle à la jambe

Froidement abattu, Jean Philippe Almeida s’écroule et se vide de son sang. Sa copine, quant à elle, est atteinte d’une balle à la jambe. La soirée se termine en cauchemar.

Jean et sa compagne à terre, les braqueurs-qui avaient raté leur coup- prennent la poudre d’escampette. Ils quittent précipitamment la scène de crime, laissant derrière eux, un mort et une blessée. La copine de Jean, admise aux urgences de l'hôpital Principal de Dakar, s’en sort. Jean Philippe d’Almeida lui, non. Il meurt. Alors qu’il n’avait que trente-cinq (35) ans.

L’enquête est ouverte dès le lendemain du drame. Le meurtre de Jean, durant cette tentative de cambriolage de la pharmacie «Actuel», a plongé le quartier dans l’émoi. Entre panique et psychose, les riverains ont eu du mal à cacher la grande angoisse qui les habite. Ils craignent encore pour leur sécurité. Cette énième attaque allonge la liste des pharmacies et autres officines cambriolées à Dakar et sur l’étendue du pays. À cet instant, seule l’arrestation des criminels peut les soulager.

Plus de 100 pharmacies cambriolées en 2 ans

Les pharmaciens privés du Sénégal montent au créneau. Dénonçant l'inertie de l'Etat, l’Ordre des pharmaciens décrète la journée du vendredi 24 juillet «journée sans médicament». Il décide, en outre, de ne plus assurer la garde de nuit dans le centre-ville, en attendant la tenue de leur Assemblée générale (Ag) du samedi suivant. Le président de l’Ordre, le Dr Cheikhou Oumar Dia, déplore, à l’époque, les cambriolages récurrents dont ils sont victimes et parle «d’au moins 100 cambriolages commis durant ces deux (2) dernières années». Ils accusent les commerçants de «Keur Serigne Bi (lieu de vente illicite de médicaments sis au centre ville)» d’être les receleurs des produits issus de ces casses.

Du côté de la police, les investigations pour mettre la main sur les malfrats s'intensifient. La bande, de son côté, continue à faire ce qu’elle sait faire de mieux. Cambrioler. Commettre des actes criminels. Même s’ils sont activement recherchés par la police, ils réussissent encore plusieurs coups.

Les casses et attaques se multipliaient et les indices renvoient toujours au même modus operandi que celui de la pharmacie “Actuel”.


Casses de la Banque atlantique, du crédit mutuel, des pharmacies et de magasins

Les habitants de Thiaroye, Médina, Colobane, Hlm subissent impuissants les menées de cette bande entre 2010 et début 2011. Période à laquelle, le commissaire Bara Sangaré dit Cobra et son équipe réussissent à les neutraliser. Leur arrestation survient en janvier 2011. Ceux-là qui avaient dévalisé la Banque atlantique, le Crédit mutuel ainsi que des pharmacies, des magasins de la ville et tué Jean Philippe d’Alemeida tombent enfin.

Les enquêteurs mettent la main sur Fallou Sène alias «Pape Sène», Pape Mody Niang dit «Pape Hlm», Ousmane Diamé dit «Pa Oussou», Ibrahima Tounkara alias «Ibs», Lala Ndiaye, Amadou Camara alias «Am», Mass Niass et Thierno Konaté alias Thié.

Durant l’enquête, le rôle de chacun est détaillé.

Armés, leurs visages cachés par des cagoules, ils se déplaçaient à bord d’une voiture. L’enquête révèle que c’est Fallou Sène qui faisait le repérage des boutiques à dévaliser et Tounkara volait les véhicules à bord desquels se déplaçaient les accusés.


Quant à Pape Hlm, il est le «flingueur» du groupe. Il n’hésitait pas à tuer lors des cambriolages. Le rôle d’Amadou Camara et des autres garçons consistait, selon toujours l’enquête, à forcer les portes des bâtiments dévalisés. Après l’opération, les receleurs Lala Ndiaye et Ibrahima Konaté étaient chargés d’écouler le butin.

A l’enquête préliminaire, ils reconnaissent les faits qui leur sont reprochés. Ils avouent même ignorer le nombre de sites dévalisés. Après ces aveux, ils sont inculpés pour association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec usage d’armes à feu, de véhicules, d’escalade et de violences suivies de meurtre, faux et usage de faux, recel de biens provenant de crimes.

Le procès

Six (6) ans après, la bande à «Pape Hlm» comparait à la barre. Ils font partie des accusés jugés lors de la première session des Chambres Criminelles du Tribunal de Grande Instance (Tgi) de Dakar de l’année 2017. Dans les huit (8) affaires, inscrites au rôle, ils font partie des dix-neuf (19) accusés jugés durant cette dite session, ouverte le mardi 17 janvier.



A la barre, les accusés- qui avaient reconnu les faits à l’enquête préliminaire- changent leur version des faits. Septuagénaire, Lala Ndiaye se lave à grande eau. Elle à qui le butin aurait été vendu se défend. «Je suis une grande commerçante qui travaille au Port et je fais venir des conteneurs à Dakar. Je ne connais pas l’origine des sacs de lait retrouvés chez moi par les enquêteurs. Par ailleurs, les tissus m’appartiennent », dit-elle. Ses co-accusés Fallou Sène, Pape Hlm et Ousmane Diamé s’embourbent dans des dénégations.



Seulement, Brigitte Mousso, propriétaire de la pharmacie «Actuel», reconnaît «Pape Hlm», celui qui a tué son neveu. Malgré l’identification de la partie civile, Mody Niang dit «Pape Hlm» tente de sauver sa peau. Et accuse l’inspecteur Bara Sangaré alias d’avoir chargé son dossier.



La casquette sur les lieux du crime porte l’Adn de… « Pape Hlm »

Mais, c’était sans compter sur les preuves retrouvées sur la scène du crime. Cobra qui, avec son équipe, a pourchassé ces malfaiteurs jusque dans leurs derniers retranchements, avait trouvé assez d’éléments probants pour faire coffrer «Pape Hlm» et sa bande. Les éléments d’enquête ont permis de révéler que la casquette découverte dans les lieux du crime porte l’Adn de «Pape Hlm».

Le Parquet juge, quant à lui, que cette enquête a été brillante et menée selon les règles de l’art. Le Procureur requiert la perpétuité contre Lala Ndiaye, Pape Hlm, Ousmane Diamé, Amadou Barry et Fallou Sène. Et demande l’acquittement de Mass Niass et 5 ans de travaux forcés contre Konaté et 200.000 Fcfa en guise de dommages et intérêts.

Perpète pour «Pape Hlm», Fallou Sène et Tounkara, la septuagénaire Lala Ndiaye prend 5 ans, le reste acquitté

La défense, de son côté, plaide une application bienveillante de la loi. «Pape Hlm», Fallou Sène et Tounkara sont finalement condamnés à purger une peine de prison à perpétuité. La septuagénaire, Lala Ndiaye, est condamnée à cinq (5) ans de travaux forcés. Pour les autres accusés, la chambre qui n’a pas assez de preuves contre eux, les acquitté.

L’affaire de ce gang cruel se termine ainsi avec la condamnation de ceux-là qui ont tué Jean Philippe d’Almeida et l’ont arraché à l’affection de sa copine et de ses parents.
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