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ITW Dr Babacar Diop, candidat à la Présidentielle : Le Guelewar veut marquer l’histoire
Publié le mercredi 15 novembre 2023  |  Le Quotidien
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© Autre presse par DR
Dr Babacar Diop
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Dans son bureau de l’Hôtel de Ville de Thiès, l’édile de la ville semble particulièrement à l’aise. Le candidat à la prochaine présidentielle donne l’impression d’une personne qui ne prend pas ses décisions à la légère, et que sa candidature ne s’est pas faite sur un coup de tête. Aucune question ne semble le gêner, qu’il s’agisse de celles portant sur ses ambitions présidentielles, sa place dans l’opposition, ses rapports avec le pouvoir, sa candidature, ou la gestion de la ville dont il est le maire. (Regarder l’entretien vidéo sur notre chaîne YouTube)

Maire de Thiès, vous êtes aujourd’hui candidat à la présidentielle, alors que vous n’avez pas encore fini votre mandat. N’avez-vous pas l’impression de brûler les étapes ?
Non je n’ai pas cette impression. Évidemment du point de vue de l’âge, je suis un jeune, engagé et militant dans le mouvement scolaire depuis le collège, ensuite au lycée Elhadj Malick Sy. J’étais président du gouvernement scolaire, à la Faculté des lettres et sciences humaines, j’ai eu à diriger la plus grande amicale de l’université, qui a plus de 35 mille étudiants. J’ai fait un cursus honorum, comme disent les Romains. J’ai fait un doctorat et je suis enseignant. Je me suis engagé en politique, au Parti socialiste où j’ai beaucoup appris. Le plus important ce n’est pas l’âge….

Je ne parle pas de l’âge. On a l’impression qu’à peine arrivé à la mairie de Thiès, vous visez une autre station plus haute, comme si ce tremplin était comme un marchepied, que vous n’êtes pas là pour servir les Thiessois, mais pour servir vos intérêts…
Lorsqu’on est maire de Thiès, on est naturellement prédestiné à jouer un rôle national. Ici, on est dans le bureau de Léopold Senghor qui fut le premier maire élu de Thiès et qui est devenu le premier président du Sénégal. Je rêve du même destin. Le problème n’est pas une affaire de mandat ou d’années, mais ce que j’ai pu impulser en termes de changements depuis que je suis à la tête de cette ville. Le plus important, c’est ce que retiennent les Thiessois, la dynamique de changement que j’ai lancée. Je suis prêt et je me suis préparé pendant de longues années pour faire de la politique au plus haut niveau. Je me suis préparé pour être maire de Thiès et je me suis préparé aussi pour être président du Sénégal.
Vous en êtes à la collecte des parrainages comme beaucoup de candidats, mais votre collecte semble connaître différentes péripéties, embûches. Com­ment analysez-vous les problèmes que vous rencontré ?
J’ai entamé une tournée nationale depuis plusieurs mois, qui m’a successivement conduit dans les régions de Kaolack, de Diourbel, de Louga, Saint-Louis de Matam, de Thiès, de Dakar. Quand j’arrive dans une région je fais au moins 3 jours, je sillonne tous les départements, je discute avec les gens. Parce que moi, je n’ai qu’un seul interlocuteur et c’est le peuple. Je dialogue directement avec ce peuple, j’écoute les doléances et ça me permet aussi de nourrir mon projet pour le Sénégal et le faire dans la co-construction. Mais récemment lorsque je suis arrivé à Sédhiou, j’ai été chaleureusement bien accueilli par les jeunes, par les femmes, par les sages. Le préfet a tenté de bloquer ma tournée avec son commissaire de police. Et il s’est rendu vite que son intimidation n’est pas passé et c’est ce que j’ai dit au commissaire, au préfet. Si un préfet n’est pas capable d’arrêter les tournées politiques de Amadou Ba, il ne doit pas avoir le pouvoir d’arrêter mes tournées politiques. Je poursuivrai mes tournées, j’irai à la rencontre du peuple, des sénégalais aucun préfet, aucun gouverneur ne peut arrêter mes tournées.

Pour vous c’est deux poids deux mesures ?
Oui c’est deux poids deux mesures. Amadou Ba est venu ici à Thiès sous prétexte d’une tournée économique, il a utilisé les institutions de l’Etat, il a utilisé la gouvernance pour recevoir son parti politique, pour recevoir les membres de sa coalition, pour recevoir des notables, pour recruter, pour débaucher, pour autant personne n’a trouvé mot à dire.Et nous on lui a laissé le terrain, en tant que maire on a eu un comportement correct. Je suis Sénégalais j’irai à la rencontre des Séné­galais. Aucun préfet je le répète, aucun petit fonctionnaire de l’Etat, ne peut m’empêcher de faire mes tournées politiques.

Concernant les parrainages, pour les parrainages de Ousmane Sonko on assiste à la situation où la Cena a été totalement modifiée. Il y a des spécialistes qui s’insurgent contre cette situation. Quelle est votre analyse à vous ?
Ce qui s’est passé c’est un coup de force. La Cena n’a fait que se conformer à la loi, à une décision de justice rappelant à la direction générale des élections qu’on est dans un État de droit. Un État de droit, c’est un État soumis au droit. A partir seulement d’une lettre de la Cena, le président de la République a pris la décision de manière unilatérale, avec une brutalité que personne ne comprend, de limoger les membres de la Cena…
Néanmoins, certains rétorquent que les membres de la Cena limogés étaient déjà forclos depuis très longtemps….
S’il avait pris la décision depuis fort longtemps, personne n’aurait trouvé mot à dire. En limogeant les membres de la Cena, un corps très important dans le processus électoral, et une élection doit fortement être marquée par des consensus forts. Le président de la République ne peut pas de manière unilatérale sans consultation, sans concertation, sans dialogue avec l’opposition, nommer de nouveaux membres comme ça dont nous doutons de leur impartialité, nous doutons de leur intégrité, de leur neutralité. Ce qui fait que nous avons un processus électoral corrompu qui est source de violence pré et post-électorale. La prochaine présidentielle risque d’être très violente et je pense que Macky Sall en portera l’entière responsabilité.

N’est-ce pas paradoxal pour une présidentielle où le sortant ne se représente pas, cela aurait dû être un scrutin plus pacifique?
Oui mais lorsque vous avez le complexe de Senghor, vous pensez que vous avez un statut dans l’histoire de votre pays qui va vous permettre d’avoir un dauphin, Macky Sall aurait dû avoir le courage d’aller jusqu’au bout en réformant la Cons­titution et faire revenir l’article 35. Ce serait plus facile pour lui, plus logique et à partir de ce moment faire face au peuple sénégalais.

Mais personne ne l’aurait accepté ?
Cela aurait été plus cohérent en tout cas vu sa démarche aujourd’hui. Mais tout ceci également, c’est l’absence d’une opposition capable de prendre en charge la question électorale. Si vous voyez les deux alternances que nous avons eues, il y a eu des divergences au niveau de l’opposition ; ce n’est pas la première fois. Et les gens ne s’entendront jamais, ou bien ils s’entendront autour de l’essentiel. En 2000 j’étais plus jeune, mais je pense que les gens ont pu trouver une entente sur la question électorale qui a réuni tous les candidats, toutes les forces vives de la Nation pour exiger des élections libres et transparentes. Et ce rapport de force a permis à l’opposition d’imposer au président Diouf de nommer une personnalité neutre au ministère de l’intérieur. Il y a eu l’Onel, Ceni… C’étaient des acquis démocratiques. Le président Abdoulaye Wade en 2012 a été acculé par l’opposition Benno siggil Sénégal. Pourtant, les gens ne s’entendaient pas au sein de cette opposition, Ousmane Tanor Dieng était candidat, Moustapha Niasse aussi. Il y avait de fortes têtes au sein de cette opposition ; Abdoulaye Bathily, Amath Dansakho étaient des foretes têtes. Mais les gens ont pu taire leurs querelles et se retrouver autour de l’essentiel. Abdoulaye Wade était obligé de reculer et il nous a trouvé un ministre chargé des élections en l’occurrence Cheikh Gueye. Notre opposition aujourd’hui, manque de maturité, c’est cela la vérité. Elle n’a pas un agenda politique précis sur des questions, c’est cela qui nous a amené cette situation qui fait que Macky Sall peut dérouler sans avoir un contre-pouvoir assez sérieux capable de prendre en charge les questions essentielles. Regardez notre opposition sur ces questions essentielles vitales, elle est quasiment absente. Et on veut aller vers des élections libres et transparentes. Il est urgent pour l’opposition sénégalaise de construire un Front démocratique pluraliste qui devra rassembler tous les candidats de l’opposition, toutes les forces démocratiques, les mouvements citoyens, les mouvements sociaux et qui luttent pour la défense de notre démocratie et pour exiger, imposer des élections libres, transparentes et inclusives.

Qu’est-ce qui pourrait être fait dans l’immédiat ?
Que les gens reviennent à plus d’humilité, plus de maturité, plus de tolérance.

C’est ce qui avait été essayé avec Yewwi
Mais qu’est-ce que ça a donné ? Yewwi a foulé au pied ses propres principes, son propre texte, yewwi s’est perdu. C’est ça que je dénonce. Il faut accepter le pluralisme, personne ne peut avoir le monopole de la vérité. Giscard d’Estaing disait à François Mitterrand : «Vous n’avez pas le monopole du cœur», mais nul n’a le monopole de la vérité, personne n’a le monopole du patriotisme. Il faut respecter les gens, traiter les gens dans la dignité même si vous avez des différends. Il y a des gens qui ne s’agenouilleront jamais, au plus grand jamais, devant qui que ce soit. Parce que nous n’avons de leçons morales à recevoir de personne. On respecte les gens, on respecte les partis mais on revendique le même respect, sinon il y aura des problèmes. Oui je peux le comprendre dans toute organisation, il y a des mouvements dominants, des partis dominants ce sont des règles politiques que tout le monde peut comprendre mais ça ne signifie pas écraser des gens, ça ne signifie pas avoir le monopole de la décision et l’initiative, de l’orientation. Non il faut plus d’humilité, c’est ça que Yewwi n’a pas su comprendre. Aujourd’hui j’ai quelques inquiétudes lorsqu’on me dit qu’on veut mettre sur pied un front pour l’inclusivité sans Khalifa Sall et Karim Wade. Il n’y a pas de commission morale chargée d’étudier le comportement des gens, il faut arrêter. Vous savez, moi je ne suis pas le meilleur ami de Khalifa Sall tout le monde le sait. Parce qu’il a une entière responsabilité dans ce qui s’est passé au Yewwi. Il était là personne morale de Yewwi, il fait partie des gens qui m’ont exclu. Ce n’est pas pour autant une raison pour cautionner ce que Yewwi lui a fait. Ce n’est pas une raison pour mettre en place un front en excluant Khalifa. Khalifa. Khalifa est une réalité politique si on veut gagner. Il y aura forcément un second tour, on ne sait pas ce qui va se passer. Je ne suis pas sur la même ligne politique que Khalifa même si on me dit vous avez les mêmes valeurs politiques, mais moi mon socialisme est différent du socialisme des Boy Dakar de Khalifa et de Barthélémy Dias. Mon socialisme c’est un vrai socialisme africain, démocratique, progressiste, écologique. C’est ce socialisme-là renouvelé que je défends…

Mais vous revendiquez tous l’héritage de Senghor ?
Vous savez, j’ai un parcours un peu différent des Khalifa et autres. Ma différence avec ces gens-là, à un moment je peux être Senghoriste ou senghorien. Mais si vous êtes Senghoriste il faut l’être jusqu’au bout. Etre Senghoriste, c’est de savoir que Senghor avait intégré un grand parti dirigé par Me L’amine Gueye, la Sfio. Être Senghoriste jusqu’au bout c’est de retenir et de savoir qu’en 1948 il a eu le courage de démissionner à travers une lettre qui est restée célèbre, la Lettre à Guy Mollet, et il est allé former l’une des formations les plus historiques de notre pays. Ces gens là n’ont pas eu le courage de Senghor. Moi j’ai eu le courage de partir et d’adresser une lettre à Ousmane Tanor Dieng, de lui dire que je vais sortir pour bâtir une formation qui va être plus importante socialement que le Ps: Fds les Guelewaar et je veux que cette formation politique soit l’une des plus importantes du 21e siècle. C’est cela être Senghoriste si ces gens-là se revendiquent de Senghor. Ma différence avec eux, c’est que j’ai fréquenté Senghor à travers les textes. J’ai lu Senghor certains de ces gens-là n’ont rencontré une seule ligne dans les Libertés de Senghor. Moi j’ai lu les 5 volumes des Libertés de Senghor. Je les ai dans ma bibliothèque. J’ai fait un mémoire sur la pensée politique de Senghor, une thèse sur la pensée politique de Senghor. Mais à côté de cela, j’ai eu la chance de fréquenter physiquement et spirituellement le président Mamadou Dia. Je suis un fils spirituel du président Dia. Si je suis Senghoriste, je le serai du premier Senghor, celui du Bds, celui des textes de jeunesse, celui d’avant la rupture en 1962, ce Senghor qui était engagé avec Mamadou Dia dans une révolution démocratique, africaine, dans une utopie africaine. Mais le Senghor d’après 1962, est un Senghor rattrapé par la corruption politique, par le clientélisme politique. Parce que c’est un Senghor affaibli politiquement parce qu’il s’est séparé de Mamadou Dia et le camp politico-affairiste a pris le dessus et a contrôlé le pouvoir politique.

C’est paradoxal de vous entendre dire cela alors que vous avez été militant du Parti socialiste sous Diouf et sous Tanor
Non, pas sous Diouf. Je suis arrivé au Parti socialiste après la défaite quand, après ma licence à l’Université, vers 2005-06n je me suis rendu compte que le seul parti structuré dans l’opposition était le Parti socialiste. Mais vous savez, moi, on ne m’enferme pas. Je suis un insoumis. C’est cela être Guelewar.
Je ne m’agenouille pas devant Senghor. J’ai beaucoup de respect pour lui. Quand je vois des jeunes insulter Senghor à travers les réseaux sociaux, je me dit qu’il n’y a que l’ignorance pour conduire à cela. On peut ne pas être d’accord avec lui, mais si on fait l’affort de s’approcher de Senghor, on ne peut qu’avoir du respect pour lui. Pour autant, je ne m’agenouille pas devant lui. Je ne m’agenouille pas non plus devant Mamadou Dia, qui est pourtant mon père spirituel. Il a fait des erreurs politiques, c’est cela la vérité de l’Histoire. Les gens créent aujourd’hui des mythes au Sénégal ; chacun parle de Mamadou Dia, sans jamais avoir lu une seule ligne de lui.

A partir de ce moment, qu’est-ce que je fais ? Mon interlocuteur, ce n’est ni l’opposition, ni Macky Sall. Je n’ai qu’un seul interlocuteur devant l’histoire, et c’est le peuple sénégalais. Le seul qui aura à me juger.

Aujourd’hui, ce peuple semble déchiré entre deux pôles, qui sont l’opposition concentré autour de Ousmane Sonko et le pouvoir du président Macky Sall. Pensez-vous qu’il y a de la place pour une troisième voie, celle que vous prônez ?
L’histoire n’est jamais pleine, il y a toujours de la place pour ceux qui veulent y croire, ceux qui sont audacieux.

Un candidat à la présidentielle vient de se retirer de la course sous le motif qu’il y a une pléthore de candidatures. Cette pléthore ne serait-il pas un signe d’une certaine maladie de notre démocratie ?
Moi, je ne me trouve pas d’excuses. S’il y avait 1000 candidats et que l’Etat du Sénégal exigeait 100 mille signatures pour participer à la présidentielle, je participerai. Il n’y a pas d’excuses. Je me suis préparé à faire de la politique. Je suis allé à la politique aussi naturellement que le canard va à l’eau, comme disait Jean Jaurès. J’ai pris le temps de ma préparer intellectuellement pour engager une carrière politique. J’ai aussi pris le temps de faire un «Cursus honorum», comme disent les Romains. Je pense que moralement, politiquement, intellectuellement, socialement, je suis prêt.

Il ne faut jamais chercher des excuses qui pourraient donner des prétextes à M. Macky Sall. Il faut être prêt, faire un diagnostic réel de la situation et se donner les moyens de triompher.

Vous êtes de ceux qui disent craindre des élections violentes. D’autres, qui ont fait le même constat, prônent un report de la présidentielle.
Ceux qui entretiennent ce débat veulent apporter plus de confusion, alors qu’il y en a déjà trop. Je pense qu’on cherche de la visibilité et de la lisibilité. Ce débat-là est inutile, stérile. Comme lorsqu’il s’était posé à la veille de la Présidentielle de 2012. Je m’opposerai au report de la présidentielle. Le calendrier républicain doit être respecté. Nous irons à la présidentielle le 25 février 2024. Le peuple sénégalais choisira son nouveau président.

Dans l’éventualité d’un second tour, si vous n’y êtes pas, comptez-vous vous allier avec le candidat de l’opposition ou celui du pouvoir ?
La prochaine présidentielle ne doit pas seulement être une élection pour élire le 5ème président de la République. Ce serait alors simplement, un président de plus. L’enjeu, c’est de voter pour un projet de changement. De changement radical. Le Sénégal aspire au changement. Ma différence avec les autres est que ce changement radical doit être construit dans la paix, dans la stabilité.

Quel est le projet de changement des Guelewar ?
Quand je suis arrivé à la Ville (de Thiès. Ndlr), je me suis rendu compte que ce pays-là pouvait changer. Dans un contexte démocratique, que fait-on pour changer un pays ? On adopte une stratégie de pénétration des institutions. Il faut occuper les institutions, il faut être au cœur des institutions. Une fois à la tête de ces institutions, vous les transformez et faites en sorte qu’elles soient conformes aux attentes des populations. C »’est ce que j’ai réussi à Thiès. Transformer l’institution municipale pour qu’elle puisse répondre aux aspirations. C’est simplement comme cela que l’on mène une révolution démocratique, pacifique, écologique. Et c’est notre projet des Fds. Un projet de souveraineté démocratique. Le peuple doit avoir la possibilité de décider. Souveraineté économique. Aujourd’hui, nous sommes assujettis au Fmi, à la Banque mondiale. Le Sénégal est riche de son pétrole, du gaz, du fer, de notre forêt, du zircon, de la mer, mais ces richesses ne profitent pas aux populations. Elle ne nourrit pas nos populations. Cette richesse est captée par les multinationales.

Nous devons avoir la capacité de décider pour nous-mêmes, de faire nos propres choix économiques. Donc, souveraineté économique, souveraineté sanitaire, écologique, monétaire, ainsi que souveraineté sécuritaire et militaire. Je veux bâtir une seconde indépendance, une seconde émancipation de notre peuple. Une indépendance réelle.

Comment tout ce projet que vous exprimez ici, se traduit-il dans le champ de Thiès dont vous êtes le Maire ?
Lorsque je suis arrivé à la Mairie de Thiès, la première chose que j’ai fait a été de dire à toutes les grandes entreprises établies ici – Sonatel, Cbao, et autres, que, vous occupez des espaces appartenant à la propriété communale, et vous payez des montants dérisoires. Lorsque j’ai informé les Thiessois de ce que pait Sonatel, cela a été un scandale ! Je me suis rendu compte que la coopération décentralisé, servait à faire voyager des Maires, à donner des perdiems, à donner de la visibilité à certaines villes européennes. Nous avons ici une avenue de Caen. En dehors de cela, à quoi sert notre coopération ? Absolument à rie, et je l’ai dit au niveau international. En dehors de faire voyager les maires, à quoi sert cette coopération ? C’est pour cela que vous ne me voyez pas beaucoup voyager. Cela ne sert absolument à rien.
Je veux construire une coopération fondée sur la dignité de notre ville, sur le respect, et qui peut nourrir des projets pour la ville de Thiès.

Cette posture ne vous a-t-elle pas mis en conflit avec le pouvoir central ?
Je veux être honnête. J’ai tous les problèmes avec Monsieur Macky Sall. Mais je serais très malhonnête en disant que le gouverneur, ou le Préfet de Thiès a bloqué mes projets. Je n’ai pas de problème particulier avec le pouvoir. Il y a des divergences, c’est vrai. Par exemple, sur certains projets qu’ils gèrent, avec certaines direc­tions, ils ne sous associent pas, ce qui n’est pas normal. Mais je ne vais pas passer mon temps à pleurnicher. Moi, j’ai un mandat, je cherche à faire des résultats. Et dans ce but, il y a ce qui dépend de moi et ce qui ne dépend pas de moi. Il y a des choses qui dépendent de Macky Sall, de la coopération internationale.

Ce qui dépend de moi, ma propre capacité à innover, à chercher des ressources, à augmenter les capacités financières de la ville, à engager des projets et à les auto-financer, c’est cela le plus important. Et je concentre mes efforts sur ce qui dépend de moi, car je sais qu’un mandat, ça va très vite.

Parlant de recettes, comment évoluent-elles ?
Je touche du bois. Quand je suis arrivé, j’avais trouvé un budget d’à peine 1,5 milliard. Mais je peux dire aux Thiessois que nous allons dépasser les 3 milliards bientôt. Pour une première dans l’histoire de cette ville, on a mobilisé des recettes de plus d’un milliard de francs Cfa.

Le premier point de ma politique, quand je suis arrivé à la tête de cette ville, a été la gouvernance. J’ai trouvé une mairie qui était à terre. Une institution municipale qui n’existait pas. Nous étions en train, de perdre la ville de Thiès en tant qu’institution. Elle ne servait plus qu’à faire des recrutements politiques et à payer quelques salaires. Il n’y avait pas de projet, pas d’ambitions, rien ! Aujourd’hui, on est en train de reconstruire la ville de Thiès, et je peux vous dire que, déjà, on est premiers au niveau du Pacasen, devant Dakar, Mbour et d’autres villes, en moins d’un an. Nous sommes l’une des rares mairies à avoir réussi une maitrise de notre masse salariale.

Parlant de la jeunesse, il y a le phénomène de l’émigration des jeunes qui prennent des pirogues pour l’Europe. Or, les politiques n’en parlent pas ou très peu. Ce n’est pas une préoccupation ?
Plus que cela, c’est un scandale moral, ce qui se passe. C’est le suicide collectif de notre jeunesse, au fond de la mer, dans l’indifférence totale. On a l’impression que la vie d’un jeune africain, d’un jeune sénégalais, n’a point de valeur. Quel est l’origine de ce phénomène ? C’est l’absence d’espoir, c’est des mauvaises politiques publiques fondées sur la corruption, qui ont causé tout cela. Ce qui se passe au fond de la mer est la preuve la plus éloquente de l’échec du président Macky Sall au plan économique et social. Il avait promis Xeyu ndaw nyi, qui devait mobiliser une enveloppe de plus de 450 milliards. Je pense qu’à part caser une clientèle politique, créer des postes pour des membres de son parti ou bien des gens de leurs familles, le Xeyu ndaw nyi a plus créé de chômage au Sénégal. Quels sont les résultats du Prodac ? Le président Macky Sall s’était engagé, au début de son quinquennat, de créér un million d’emplois. Où en est-on ? C’est ce que j’appelle la Nécro­politique, une politique qui produit la mort. Alors que la vraie politique doit créer la vie. Il faut reconstruire cette nation, recréer l’espoir. Il faudra reconcilier les jeunes avec leur pays, pour qu’ils aient le courage de rester au Sénégal et de construire ici.

Que faut-il faire ?
Récréer l’espoir. Voyez Singapour. C’est un pays dont la trajectoire n’est pas très éloignée du Sénégal. Lee Kwan Yew a réussi un grande prouesse en très peu de temps. La première phase de son travail a été une lutte farouche contre la corruption. Tant qu’il y aura des histoires semblables à celle de la Covid avec Mansour Faye et ses dossiers sans lendemains, on restera dans le sous-développement. Tant qu’il y aura des histoires semblables à celle de Mame Mbaye Niang, sans lendemain, on restera dans le sous-développement. Tant qu’il y aura des histoires semblables à celles de tous ces dossiers traités par l’Ofnac, sans lendemain, par ce que tous les incriminés sont protégés parce qu’ils font partie du camp du pouvoir, on restera dans la pauvreté. On ne peut pas bâtir le développement avec ce niveau de corruption.

Arrivera un moment où il faudra que l’on dise la vérité à notre jeunesse et à notre peuple. Le premier point de mon programme politique c’est la gouvernance. Et le premier point de cette gouvernance, c’est une lutte sans concession contre la corruption.
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