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Kédougou : la mort de Yéro Bindia relance le débat sur les conditions de vie des étudiants
Publié le mercredi 4 juin 2014   |  Agence de Presse Sénégalaise




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La mort par électrocution de Yéra Bindia, originaire du village d'Ethiolo (région de Kédougou), samedi dernier à Thiaroye Azur (banlieue de Dakar) sur un chantier, remet au goût du jour les conditions de vie des étudiants ressortissants de Kédougou dont certains sont obligés de s'adonner à plusieurs activités pour joindre les deux bouts.

Ses frères Thiara et Kaly Bindia, meurtris et amers, évoquent les circonstances de la mort de leur cadet Yéra. "Il avait promis de tout faire pour boucler son cycle supérieur et sortir la famille de la situation précaire dans laquelle elle se trouve", avance l’aîné Thiara.

"Yéra est mort parce qu'il voulait à tout prix étudier. Et sans argent, il a cru devoir travailler dans des chantiers de maçonnerie", a-t-il dit l'aîné des Bindia, ajoutant : "C'est dans des conditions tragiques qu'il s'est tué, qu'il remontait une barre de fer au deuxième étage" d'un bâtiment.

Ses deux autres compères Demba et Modou ont eux été projetés par terre, pour l'un, et l'autre à l'intérieur.

Kaly, lui, se dit très remonté contre les autorités qu'il accuse de laisser ces étudiants à eux-mêmes. Il comprend "mal pourquoi un étudiant qui vient d'aussi loin et avec ce statut si précaire reste sans sa bourse aussi longtemps".

Il pousse le bouchon plus loin, en indexant les sociétés minières implantées dans la région, qui devraient par obligation morale accompagner les étudiants plus conséquemment. Kaly estime en outre que "le système universitaire sénégalais favorise uniquement les riches au grand dam des pauvres qui tirent le diable par la queue".

Gabriel Boubane, président de l'Association nationale des élèves et étudiants bassaris (ANEEB), ne dit pas autre chose quand il déclare que "les conditions de vie des étudiants dans les immeubles sont très dures".

Pour s'en convaincre, il propose même une descente nocturne pour voir comment "les étudiants dorment entassés comme des sardines".

Le président de l'ANEEB ne donne certes pas les proportions exactes d'étudiants qui s'adonnent à d'autres activités, mais reste convaincu que le taux est très élevé.

Gabriel Boubane en appelle ainsi aux autorités pour qu'elles déroulent une discrimination positive en faveur des étudiants ressortissants des régions périphériques ou à défaut construire une université dans chaque région.

"Yéra Bindia aurait 24 ans, ce mardi 3 juin. Un anniversaire qu'on ne fêtera certainement pas, mais qui nous entraîne dans le recueillement le plus absolu avec comme unique refrain : +permettez nous d'étudier, même si nous sommes pauvres+", a observé Gabriel.

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