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Barsa wala barsax ou Ma caraa, ma Bordeaux !
Publié le mercredi 19 juillet 2023  |  Enquête Plus
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© Autre presse par dr
Une embarcation d`"environ 200" migrants localisée au large des Canaries
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Beaucoup de sénégalais ne savent pas que l'émigration est un vieux phénomène chez certaines ethnies. Dans les années 60/70, un ami historien m'a révélé que pendant une enquête à Waounde il avait posé la question de savoir qui avait émigré chez ces populations Soninké. Son répondant lui demanda s'il voulait parler aux anciens ou nouveaux migrants car tout le monde a migré dans le village !

La formule "Barsa ou barsax" est en réalité la traduction en wolof de la vieille formule Soninké "Ma craa ma Bordeaux" c'est à dire Bordeaux ou la mort. En pays Soninké tout homme qui n'est pas riche à 30 ans est considéré comme ayant raté sa vie et la migration est presque une obligation. Chez les Hal pulaar aussi il en est de même.

Ici à Dakar, plus récemment la migration clandestine telle que nous la vivons actuellement, a commencé vers l'Espagne il y a longtemps. Des piroguiers quittaient, dans les années 80 la baie de Soumbedioune pour aller travailler lors des vendanges en Espagne pendant l'hivernage pour revenir avec un pactole substantiel (ils gagnaient 50.000 CFA/jour). Ce besoin en main d'œuvre est consécutif au vieillissement de la population en Europe, car lorsque j'étais à Paris dans les années 70, il était courant que les étudiants aillent se faire des sous pendant les vendanges en été.

L'accord entre l'Espagne et le Sénégal ne fait qu'entériner une vieille pratique jadis clandestine puisque cette migration circulatoire existait déjà. Cependant si le Premier ministre espagnol s'est déplacé à Dakar pour nouer un accord, c'est que la situation a évoluée et la migration a pris une ampleur qui dépasse les besoins de son pays, sans les annuler pour autant.

En réalité les accords entre nous et les européens revêtent toujours un caractère rédhibitoire dans la mesure où, les migrants ne jouissent pas de leur droits "humains" de circuler à leur guise, mais sont tenus de rentrer chez eux au terme de leurs contrats. On voit d'ici les restrictions en termes d'autres droits humains que cette condition implique. Il faudra bien, qu'un jour, les migrants passent du statut de travailleurs clandestins à celui d'expatriés temporaires à partir d'une convention élaborée à travers un mécanisme de reconnaissance entériné par l'OIT.

Une solution plus responsable et pérenne, quelqu'en soient les conséquences par ailleurs, est de faire sauter " le Mur de Berlin" des visas Européens, à moins d'appliquer une réciprocité rigoureuse !


Par Boubacar TALL
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