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Encourager et accompagner le président Macky Sall à aller plus loin
Publié le jeudi 13 juillet 2023  |  Enquête Plus
Macky
© aDakar.com par DR
Macky Sall, président de la République, en visioconférence
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J’écoute et observe depuis quelques jours les réactions à la suite de l’annonce du président Macky Sall renonçant à une 3e candidature manifestement illégale mais surtout profondément illégitime.

1. Les uns ont félicité le président pour avoir strictement respecté les dispositions de la Constitution.

2. Les autres ont félicité le président pour avoir surtout respecté sa promesse et n’avoir pas trahi la sacralité de la parole donnée ; il n’a pas, contrairement à son prédécesseur, fait du « waax waaxet ».

3. Certains ont estimé qu’il n’y a pas lieu de le féliciter, il n’y aurait aucune « prime » supplémentaire à accorder à quelqu’un qui respecte les lois de son pays, surtout lorsqu’il est le gardien désigné de ces dernières.

4. D’aucuns ont dit qu’il ne faut pas le féliciter parce que s’il a renoncé à sa candidature si tardivement et après tant de morts causées par des nervis armés par son pouvoir et agissant impunément auprès des forces de défense et de sécurité, c’est à cause de pressions extérieures et internes, et qu’il se savait si impopulaire que même en forçant une 3e candidature, il n’aurait pas résisté à la vague de contestations anti 3e mandat ou tout au moins, aurait subi une humiliation électorale au soir du 25 février 2024.

5. Quelques-uns sceptiques et pessimistes pensent même qu’il userait de subterfuges et n’exclurait pas le scénario catastrophe d’une renonciation de dernière minute à la promesse initiale en évoquant quelque autre raison circonstancielle et non prévue, pour enfin déclarer sa candidature.

Tous ont leurs raisons ! Mais au-delà de ces premières réactions positives et enthousiastes les unes, négatives voire apocalyptiques les autres, reste une approche réaliste qui pense au-delà du geste d’un homme, ses possibles répercussions, pour sonder dans un futur proche, lequel scénario est à encourager pour le triomphe du Sénégal qui va bien-au-delà des hommes et femmes qui le dirigent et ceux et celles qui aspirent à conduire sa destinée.

La question est désormais celle-ci : comment encourager et accompagner le président pour que le capital engendré par son geste du 3 juillet ne soit pas ruiné d’ici à 7 mois par des querelles inutiles et autres petits combats de quelques partisans pensant à leur panse, gladiateurs « infortunés » par la peur des lendemains qui s’inscrivent hors des ors du pouvoir ? Ce faisant, voici, à mon humble avis, les gestes forts à poser pour que les retombées positives de l’acte posé par le chef de l’État puissent lui servir personnellement et bénéficier au Sénégal après le 25 février 2024.

1. Engager ce que l’on nommerait la « phase 2 » du dialogue qui serait cette fois-ci suffisamment inclusif en intégrant dans les débats son opposition la plus significative et la société civile la plus « radicale » dans la préservation des principes, et qui avaient fait du combat contre le 3e mandat le cœur de leur regroupement (F24) et de leurs mobilisations.

2. Désengorger les prisons en libérant tous les détenus politiques dont la plupart ont été si légèrement embastillés et le plus souvent pour des délits d’opinion, là où d’autres, situés dans le « bon camp » ont tenu de pires propos et circulent librement en toute impunité, narguant d’ailleurs leurs adversaires avec une arrogance médiatisée qui a largement contribué à ruiner le capital sympathie de leur chef. Une telle initiative contribuera à atténuer au moins temporairement (avant les grandes réformes de la justice) l’impression de « 1 poids 2 mesures » et les effets plus que nocifs de l’instrumentalisation d’une justice fonctionnant à double vitesse.

3. Rendre visite aux familles des victimes des événements de mars 2021 et celles de juin 2023, penser à leur offrir des réparations financières et en leur promettant fermement et sincèrement que justice sera faite.

4. Prêter une oreille plus attentive aux médiateurs qui invitent le chef de l’État à parler directement avec son principal opposant, Ousmane Sonko. Les deux devraient mettre leurs orgueils et « égos » respectifs de côté, penser aux effets fabuleux d’une image inédite qui les verrait « tailler bavette » sur l’avenir du Sénégal. J’entrevois des scènes de joie et d’extase de Sénégalais non partisans qui ne pensent qu’au Sénégal et qui gardent encore la lucidité et la distance critique leur permettant de comprendre que la stabilité et la pérennisation de l’exemplarité de la démocratie sénégalaise sont, à l’heure actuelle, largement tributaires de la réconciliation de ces deux hommes politiques.

Faire le contraire et se lancer dans une entreprise de liquidation d’un adversaire redouté et de son appareil en écartant sa candidature nous entraineront dans l’incertitude de lendemains dont les conséquences non maitrisées risqueraient d’anéantir tout le capital gagné après l’acte « historique » posé ce 3 juillet 2024. Ousmane Sonko n’aurait rien à perdre dans une réconciliation avec un chef d’État sortant malgré la douleur des injustices manifestement subies dans le cadre d’un combat politique âprement disputé ; et le chef de l’État sortant, lui aussi, n’aurait rien à perdre ; au contraire, il a, lui, tout à gagner en posant en un temps record deux gestes symboliques qui grandissent le pays de la Teranga et dont il tirera personnellement les dividendes en sollicitant cette fois-ci les « suffrages « du monde entier pour diriger son institution la plus représentative. Ce faisant, beaucoup auront la pudeur de parler de CPI, mais tout le monde aura à cœur le rêve de voir le nom de son pays associé à la plus haute direction de l’ONU.

Ce que je viens d’exprimer n’est même pas un rêve, c’est une éventualité dont la concrétisation ne coûte finalement rien, mais apporte gros pour notre cher pays. En tant que chef d’État sortant, il vous reste 8 mois pour réconcilier ce pays avec lui-même, avec ses vertus, prendre de la hauteur, s’élever au-dessus de l’ordinaire macabre des charognards de service et y gagner vous-même une sortie honorable (savez-vous que même chez les charognards, le chef de famille a un comportement de seigneur, il est toujours le dernier à s’en prendre au cadavre ?). Bref, tous ceux qui vous disent le contraire et vous font descendre dans les profondeurs abyssales de ce piètre combat de belluaires et autres mirmillons n’aiment pas le Sénégal. Tout comme ils vous enjoignaient hier de « violer » votre serment en désacralisant la parole donnée ; ils seront les premiers à vous quitter, et vous en aurez les preuves dès les prochains jours.


Ndiaga Loum, professeur titulaire, UQO
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