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Reportage – Restrictions sur l’axe Dakar-Ziguinchor : Un blocus 100 conséquences
Publié le lundi 26 juin 2023  |  Le Quotidien
Bateau
© Autre presse
Bateau Aline Sitoé Diatta
Le bateau assure la navette entre Dakar et Ziguinchor
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La population de Ziguinchor dénonce la suspension des bateaux, Aline Sitoé Diatta, Aguène et Diambogne, et de la ligne Dem Dikk Dakar-Ziguinchor. Cette mesure rend difficiles les déplacements à quelques jours de la Tabaski. Aussi, la situation accentue la cherté des denrées alimentaires et la rareté des montons.

Par Khady SONKO – La population au Sud du pays souffre de la suspension des bateaux, Aline Sitoé Diatta, Aguène et Diambogne, de la desserte de la ligne Sénégal Dem Dikk Dakar-Ziguinchor-Dakar depuis quelque temps. Difficile de quitter Ziguinchor pour Dakar ou l’inverse. Pour aller à Dakar ou quitter Dakar pour Ziguinchor, les voitures «7 places», les minibus ou les bus hebdomadaires, communément appelés «horaires», sont les seules alternatives qui s’offrent aux voyageurs. A la Gare routière de Ziguinchor, ils déplorent cette situation qui ne leur laisse pas beaucoup de choix. «C’est une nouvelle forme de discrimination qui ne passera pas. Si nous sommes un seul Peuple et des Pana­fricains, pourquoi suspendre alors le transport dans une partie du pays uniquement, sans donner d’explications», s’indigne Souleymane Sané, conducteur de Jakarta. Même si les prix des billets n’ont pas augmenté au niveau de Zi­guinchor, les taxes sur les bagages, aussi insignifiantes soient-elles, coûtent cher aux voyageurs obligés de payer le moindre bagage.

Assane Ndiaye, parmi tant d’autres, dénonce cette situation. «Je suis là malgré moi. J’aurais préféré prendre le Dem Dikk. C’est plus confortable et plus rapide. On arrive tôt à destination, mais là, regardez cette perte de temps», rouspète le jeune homme déjà en sueur. Il demande à l’Etat de lever cette suspension de la desserte Sénégal Dem Dikk à destination de Ziguinchor le plus rapidement possible pour permettre aux gens d’aller passer la fête de Tabaski en famille. Même son de cloche chez Aliou, passager partageant le même minibus encore loin de faire le plein. «On souffre vraiment de cette situation. Le pire, c’est qu’on ne sait pas quand est-ce cela va revenir à la normale», se plaint Aliou qui attend impatiemment que le véhicule fasse le plein.

La suspension plombe l’économie
Cette situation plombe l’économie de la région. Lourde de conséquences, la mesure de l’Etat, prise pour des raisons de sécurité, est venue au mauvais moment. La fête de Tabaski suscite beaucoup de déplacements étant donné que les gens préfèrent la passer en famille. «C’est aussi la période des fruits comme les mangues, madd, souvent transportés à Dakar via les bateaux, suspendus jusqu’à nouvel ordre. S’y ajoutent d’autres marchandises comme les denrées alimentaires, les tissus, entre autres produits commerciaux», souligne Al Hassan Ba.

Aujourd’hui, les commerçants sont obligés de se rabattre sur les horaires ou de suspendre leurs activités. Vu le prix élevé dans ces moyens de transport en commun, la marge de bénéfices semble inintéressante. Du coup, certains commerçants préfèrent suspendre leur commerce. «De toute façon, les gens trouveront nos produits chers. Soit on ne vendra pas, soit on sera obligés de vendre à crédit. Les gens me doivent déjà beaucoup d’argent», développe Fatou Dabo, qui s’active dans la vente d’habits, de chaussures et tout ce qui a trait à l’événement. «Le transport des bagages est très cher avec ces bus alors qu’avec le bateau, on ne payait pas beaucoup. Ce qui nous garantissait une marge de bénéfices», confie Modou Sylla, un commerçant.

Pour certains grossistes, la suspension du bateau et de la desserte Sénégal Dem Dikk n’impacte en rien les activités commerciales. A en croire des commerçants abordés au marché Boucotte, les marchandises transitent par des moyens de transport appropriés. «Nos produits viennent de Diam­niadio, Kaolack, Louga, les Niayes… à travers les horaires. Cette suspension du bateau et de la desserte Sénégal Dem Dikk ne nous concerne pas», indique Modou Sarr, commerçant établi au marché Boucotte.

Aussi, beaucoup de gens préféraient amener par bateau leur véhicule particulier pour éviter le long voyage et l’état cahoteux de la route, surtout en cette période hivernale. Cette suspension des bateaux et de la desserte Sénégal Dem Dikk reste une catastrophe pour Ziguinchor, analyse un confrère du Sud Fm. La route étant en reconstruction, le bateau était une belle alternative pour nombre de voyageurs de Dakar à Ziguinchor et vice-versa. Les gens souffrent en prenant des véhicules, mais pire, les billets ont flambé du côté de Dakar. «J’entends parler de 25 mille francs Cfa le billet dans les «7 places»», signale Ben Michel. L’autre conséquence, souligne le journaliste, est que c’est le bateau qui permettait de faire un transport à grande échelle. «Donc sa suspension est une situation difficile pour la région», analyse le confrère.

La peur toujours au ventre
Ici comme à la Gare routière de Ziguinchor, ce n’est pas encore le rush, à moins d’une semaine de la Tabaski. Nombre de personnes expliquent ce manque d’engouement par les récents événements juridico-socio-politiques qui étaient lourds de conséquences. Pire, les gens nourrissent des craintes par rapport au discours à la Nation du chef de l’Etat très attendu. «Tout est possible, quel que soit ce que dira le président de la République. Il peut y avoir d’autres troubles, d’autres manifestations, on ne sait jamais. Vraiment on a des appréhensions», confesse une jeune dame. Par mesure de précaution, elle a préféré faire le marché avant le message de Macky Sall. Annoncé hier, le discours à la Nation du Président Sall se fera finalement après la Tabaski.

La rareté des moutons, la cherté de certaines denrées et tant d’autres situations expliquent la peur qu’ont les entrepreneurs à investir dans ce contexte d’insécurité. «Rien ne garantit un investissement dans ces moments pareils d’insécurité. C’est même trop risqué de le faire. Imaginez que je contracte un prêt bancaire pour une opération Tabaski, j’achète des moutons à revendre ou autre chose et qu’il y ait manifestations avec des blocus partout. Comment ferais-je pour m’en sortir ?», interroge M. Bayo, administrateur de son état. «C’est pour faire plaisir aux enfants qu’on essaie de préparer cette Tabaski, mais les esprits ne sont pas au rendez-vous. Les événements ont découragé les gens et on sait que ce n’est pas encore fini. Les choses resteront ainsi tant que le Président tient à une troisième candidature et continue d’enfermer chez lui l’opposant Ous­mane Sonko (sic)», confesse un sieur qui a requis l’anonymat.
Les tentatives pour avoir la version officielle de la Cosama, chargée de la gestion des bateaux, sont restées vaines.
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