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Le Soleil N° 13201 du 27/5/2014

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Amadou Sy, directeur de l’Arm, membre de la Ccr : « Le gouvernement a fait des efforts importants pour baisser les prix »
Publié le mardi 27 mai 2014   |  Le Soleil




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Amadou Sy, le directeur de l’Agence de régulation des marchés (Arm) estime que le gouvernement fait « des efforts importants pour baisser les prix des denrées » et assister les populations. Selon lui, cela est illustré par la récente chute du coût du pain, mais aussi celle de celui du loyer et le gel des importations de l’oignon et de la pompe de terre qui a permis aux producteurs de souffler. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, M. Sy qui est par ailleurs membre de la Convergence des cadres républicains souligne que l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck qui, selon lui, « a échoué à la Primature et au ministère du Commerce est mal placé pour donner des leçons au régime ».

Monsieur le directeur quel bilan tirez-vous de la campagne de commercialisation des produits locaux?
Nous tirons un bilan positif pour la commercialisation des produits locaux. Pour l’oignon, nous avons suspendu les importations et instauré le gel depuis le début du mois de février. Nous avons d’abord procédé à un assainissement à partir du mois d’octobre qui a consisté à contrôler les importations. En janvier et février, nous avons accordé des quotas de 10.000 et 17.000 tonnes suivant la part de marché de chaque importateur. La campagne se déroule bien. Depuis mi-février, il n’y a pas eu d’importations. Les producteurs nous ont dit qu’ils sont satisfaits de la campagne bien qu’au début, nous avons noté que les prix étaient très élevés.

Mais est-ce qu’ils ont pu bien approvisionner le marché ?
Le marché est bien approvisionné en oignon. Pour la pomme de terre, c’est pour la première fois que nous instaurons une campagne de gel de deux mois 10 jours. Cette campagne connaît une réussite. Et on est à la dernière semaine. Il y a eu 29. 600 tonnes de pomme de terre qui ont été produites sur le territoire national contre 15.000 tonnes l’année dernière. Ce qui a permis d’alléger la balance commerciale.

L’importation de la carotte est aussi suspendue depuis le mois de janvier. Il y a un déficit de la balance commerciale de près de 1.300 milliards de FCfa. Les produits alimentaires y représentent un poids très important. Nous prenons l’exemple de l’oignon. En 2013, sur les six mois d’importation, le Sénégal a importé 125.600 tonnes. Cela veut dire que le prix de revient d’une tonne est à peu près à 300.000 FCfa.

On se retrouve donc avec 38 milliards quand nous suspendons l’importation durant six mois. Nous contribuons à l’allégement de la balance commerciale. Nous avons le même constat avec la pomme de terre où le Sénégal a importé 56.415 tonnes à peu près 6.000 tonnes par mois quand nous suspendons pour deux mois 15 jours. Sur les 22 milliards d’importations, il y a un allègement de 6 milliards. La campagne de commercialisation permet aux producteurs d’encaisser de l’argent et à la balance commerciale de souffler durant les six mois. Le programme du gouvernement est l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire sur beaucoup de produits en 2017, ça nous permet d’aller vers l’autosuffisance et de pousser les Sénégalais à consommer les produits locaux.

Est-ce que des efforts sont faits pour améliorer la qualité des produits locaux ?
Le riz local connaît un léger mieux. Les Sénégalais l’apprécient davantage. La qualité a beaucoup progressé. On a même senti que, dans des grandes surfaces, le riz local est vendu. Cette année, les producteurs se sont mieux équipés. Nous sentons qu’il y aura une amélioration de la production. Le Sénégal fait partie des pays où il y a les meilleurs rendements, avec une production de 5 tonnes à l’hectare. Il suffit d’augmenter les surfaces emblavées pour aller vers l’autosuffisance en 2017. Pour la tomate industrielle, on vient de clôturer la campagne. Nous n’avons pas encore vérifié les déclarations des industriels. Il y a eu 53.000 tonnes de produits commercialisés par les producteurs. Cela représente 3 milliards de FCfa. Concernant la tomate, nous suspendons les importations au moment de la commercialisation. Les trois industriels achètent de la tomate et à la fin de la campagne, on fait le bilan. Ainsi voit-on le gap restant pour couvrir la consommation du Sénégal et en attribuant les autorisations des importations sur la base des proratas des quantités achetées chez les producteurs. La campagne s’est bien déroulée. On attendra mieux, l’année prochaine.

Des commerçants dénoncent le gel des importations parce qu’ils estiment que la production locales ne peut pas assurer un approvisionnement suffisant…
Dans une économie, il faut lier deux choses. Quand on importe, on enrichit l’extérieur. Quand on favorise les producteurs, on crée de lamonnaie et de la richesse. Il faut faire la différence. En tirant le bilan de la pomme de terre, les commerçants ont montré qu’ils ont acheté la pomme de terre locale, parce qu’elle est bien calibrée et qu’elle est de bonne qualité. Elle est conditionnée dans des sacs de 25 kilos. Les producteurs d’oignon gagneraient à aller vers cela en mettant en place des unités de calibrage, de conditionnement pour avoir une bonne présentation du produit.

Malgré les efforts fournis pour promouvoir les produits locaux, une frange importante de la population préfère ce qui vient de l’étranger…
Les Sénégalais préfèrent souvent ce qui vient de l’extérieur, mais nous sommes en train de créer un changement de mentalité. La presse a un grand rôle à jouer. Il y a aussi un marketing à faire pour la promotion des produits locaux. Tout le monde doit jouer le jeu. De la culture jusqu’à la récolte, il y a une activité, mais à partir de la récolte, il y a une activité importante des opérateurs privés pour améliorer la qualité. Les acteurs sénégalais ont un rôle à jouer pour avoir des outils capables d’aider à la mise en marché des produits.

C’est pourquoi, il y a une proposition importante de l’Arm au cours des conseils des ministres décentralisés pour doter, chaque zone, d’une plateforme de commercialisation des produits agricoles. Nous envisageons avoir une plateforme à Ourossogui et à Guia. Nous avons prévu des plateformes à Bignona, entre Kédougou et Tambacounda et dans le bassin arachidier. Nous voulons aussi transformer le marché de Diaobé en marché sous régional et créer un grand centre de conditionnement vers Diamniadio pour fournir à Dakar en produits. Des cantines seront construites à Dakar pour la commercialisation des produits locaux.

Pourquoi l’Etat a décidé de baisser le prix du pain ?
La mesure de baisse du prix du pain entre dans le cadre général de la politique de baisse des prix qui a été initiée par le pouvoir depuis son installation. En avril 2012, le prix du riz indien qui était de 325 FCfa a connu une baisse de 45 FCfa. L’année passée, il y a eu une autre baisse qui a ramené ce prix de 280 à 260 FCfa. L’huile a également connu des baisses importantes. Et un comité de suivi des prix a été installé au ministère des Finances. Ce comité est composé du ministre des Finances et des autres services. On est en train de faire l’audit de toutes les structures de prix pour voir là où l’on peut gagner. C’est dans ce cadre que le commerce intérieur a initié une étude sur la filière de la farine. Ainsi, le prix est passé de 20.000 à 18.000 FCfa. Cela a impacté sur le prix du pain qui est passé de 175 à 150 FCfa. C’est une baisse importante de 25 FCfa par baguette.

Est-ce que des mesures sont prises pour accompagner la décision ?
La direction du commerce intérieur est chargée de surveiller la mesure. Il ne s’agit pas seulement de contrôler le respect de la baisse. Un contrôle est opéré sur le poids, mais aussi sur les conditions d’hygiène. L’Etat veut également augmenter la part des produits locaux, notamment le mil et le maïs dans la composition du pain pour diminuer la facture d’importation du blé. Quand nous faisons la synthèse de toutes les baisses, plus la baisse des impôts sur les salaires et la baisse sur le loyer, cela allège le panier de la ménagère. Contrairement à ce que disent certains, le pouvoir a fait des efforts importants pour baisser les prix. Le prix du riz est passé de 325 à 260 FCfa.

Que pensez-vous de la position de certains leaders de l’opposition qui estiment que le pouvoir ne fait rien pour assister les populations ?
Les baisses notées sur les prix du riz, de l’huile et de la farine sont des exemples concrets. A côté des baisses que nous avons énumérées, nous avons la mesure sur le loyer. C’est une baisse très importante. La baisse consentie sur la fiscalité et qui a permis une augmentation des salaires est également importante. On ne peut pas dire que le pouvoir n’a rien fait. Des possibilités ont été accordées aux producteurs pour les équipements et la subvention des semences. Il faut éviter, chaque fois que les gens parlent de commercialisation, certains pensent à l’arachide. L’agriculture est diversifiée au Sénégal. Le pays ne fait plus une monoculture. Nous avons la carotte, l’oignon, la pompe de terre, la banane, etc.

Que fait l’Etat en direction de la filière laitière ?
Pour le lait, c’est une facture de 60 milliards. On a constaté que le Sénégal importe beaucoup de produits laitiers et durant l’hivernage, dans certaines parties du pays, on jette du lait. Il y a de petites laiteries à Linguère, Matam et Ndioum. Nous sommes en train d’organiser les acteurs du lait en collaboration avec la Sca et le ministère de l’Elevage pour acheter le lait chez les producteurs pour le vendre dans les villes. Les industriels seront mis en contribution pour écouler ce lait. On veut valoriser le lait local.

Pensez-vous qu’avec toutes ces mesures le Sénégal peut atteindre l’autosuffisance alimentaire ?
Avec toutes ces mesures, le Sénégal peut attendre l’autosuffisance alimentaire. Mais il faut noter qu’il y a des investissements importants à faire. Concernant le riz, nous avons l’un des meilleurs rendements du monde. On a même des rendements qui sont supérieurs à ceux de l’Amérique latine et de l’Asie, alors que ce sont ces pays qui nous vendent du riz. Dans la vallée du fleuve, les aménagements ne font même pas le tiers des potentialités que nous devons aménager. Il y a l’Anambé qui a d’énormes potentialités. Nous avons aussi des partenaires qui ont développé le riz à travers le programme Croissance économique de l’Usaid qui permet de faire des rendements importants.

Nous avons la possibilité de faire deux saisons. Pour les semences, l’Isra est en train de faire des recherches pour des semences sélectionnées afin de booster la production. Si les aménagements et les investissements suivent, je suis optimiste. Le pays peut bien atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Pourtant l’ancien Premier ministre, Idrissa Seck a estimé que le pays est à genou sur le plan économique…
Idrissa Seck a été ministre du Commerce et de l’Industrialisation. J’insiste sur le mot industrialisation, parce qu’à l’époque, un journaliste lui avait posé une question pour l’interpeller sur ce terme. Il avait répondu que ce sont les socialistes qui gèrent les vieilles industries qui sont presque mortes et lui gère la créativité industrielle. Il n’a rien créé dans ce département. Il est passé à la Primature, mais c’est Wade qui a dit que c’est avec Macky Sall que ses projets ont émergé. S’il y a quelqu’un qui ne doit pas parler de l’incompétence, de la carence, c’est lui. Il symbolise cela. Il est incompétent et il pense que tout le monde est comme lui. Il est malplacé pour donner des leçons. Il a échoué partout où il est passé.

Que doit faire le régime face aux attaques ?
Le régime doit continuer à travailler. Il faut aussi faire une clarification. Certains estiment que le régime n’a pas de vision avec notamment le passage du programme « Yonou Yokouté » au Plan Sénégal émergent. Les axes du « Yonou Yokouté » visent les injustices sociales, une productivité, la sécurité, l’atteinte des bases du développement économique. Ceux du Pse prônent la transformation structurelle de l’économie, le développement du capital humain, la protection sociale et le développement. Quand on fait la comparaison, on constate nettement qu’il a une lecture croisée des deux programmes. Le Pse n’est qu’un approfondissement du « Yonou Yokouté ». Sur ce plan, le pouvoir qui a décidé de faire de l’agriculture une base, le monde rural un réceptacle, les femmes et les jeunes des acteurs, est sur la bonne voie.

Nous sommes à quelques semaines des élections locales. Comment la mouvance présidentielle doit-elle aborder cette compétition ?
Nous devons être sereins. D’abord, c’est une élection de proximité. Quelle que soit la contradiction entre deux individus candidats pour une même localité, la paix doit être privilégiée. Les élections locales sont un scrutin difficile. Mais les gens doivent être sereins en privilégiant le développement du Sénégal.

Partagez-vous l’opinion selon laquelle une victoire aux élections locales est un jalon essentiel pour la prochaine présidentielle ?
Je ne partage pas cet avis. Au moment de l’arrivée du président Abdoulaye Wade en 2000, quelles sont les localités qu’il contrôlait ?

Quelles sont les localités que Macky avait contrôlées avant les élections de 2012. C’est ça ma vision. C’est une élection importante, mais qui n’a rien à voir avec la présidentielle. L’élection présidentielle est la rencontre entre un homme et son peuple. Les élections locales sont le rendez-vous de plusieurs personnes avec leurs localités.

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