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Le Soleil N° 13201 du 27/5/2014

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David Rodriguez, commandant de l’Usafricom : La gestion des défis sécuritaires demande des approches régionales
Publié le mardi 27 mai 2014   |  Le Soleil




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Le symposium sur les affaires publiques militaires et les médias, organisé par le commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Usafricom) qui est un des six commandements géographiques au sein du département de la Défense (Pentagone), s’est déroulé du 12 au 16 mai 2014 à Garmisch, en Allemagne. Une table ronde entre le commandant de l’Usafricom, depuis le 5 avril 2013, David M. Rodriguez, et la vingtaine de journalistes venue d’une dizaine de pays africains (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Gabon, Guinée, Niger, Sénégal, Tchad, Togo) a mis fin à ces assises très instructives. « Nous ne faisons rien en Afrique sans l’approbation de la nation et la demande du gouvernement », a confie le général David Rodriguez. Du bilan de l’Usafricom après sept ans d’existence dans la lutte contre le trafic de drogue et le terrorisme, en passant par l’immigration clandestine, le premier responsable de l’Usafricom a, au cours de ce face à face avec la presse, répondu à toutes les questions sécuritaires en Afrique. « Gérer les défis demande des approches régionales. L’Usafricom permet à ses alliés et partenaires de renforcer leurs capacités et de les rendre performants pour gérer les défis de sécurité », affirme-t il avec force.

Morceaux choisis d’un entretien par centre d’intérêt.

SIEGE DE L’USAFRICOM A STUTTGART (ALLEMAGNE)
Ce n’est pas parce que le Pays de l’Oncle Sam ne veut pas être accusé de nouveau colonialiste que l’Usafricom n’a pas établi ses quartiers sur le continent africain. Tout au moins, le général David Rodriguez, commandant de l’Usafricom, explique la décision de l’établissement du siège du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique à Stuttgart en Allemagne et non sur le continent noir par des opportunités qu’offre le pays d’Angela Merkel. « C’est une décision qui a été prise parce que nous avons du potentiel ici. Nous avons la possibilité de coordonner nos activités avec nos partenaires qui ont des missions en Afrique. Et puis, « Il y a aussi des questions fiscales ».

BILAN DES 7 ANS D’EXISTENCE DE L’USAFRICOM
Si l’on en croit le général David Rodriguez, commandant de l’Usafricom, après sept ans d’existence, le scepticisme de certains pays africains sur les missions de l’Usafricom a fait place, aujourd’hui, à la confiance. « Il y a eu, au début, une mauvaise perception des choses ». Seulement, « depuis ses balbutiements, l’Usafricom « a fait un bon boulot ». Résultat : « Il y a un grand nombre de pays africains qui se soutiennent mutuellement ».

RELATIONS MILITAIRES-CIVILS
Pour le commandant de l’Usafricom, « il faut préserver la confiance entre les militaires et la société civile. C’est important que les sociétés civiles continuent de soutenir les militaires qui se sacrifient sur les terrains d’opération. » David Rodriguez estime que « le continent africain a beaucoup de défis à relever. l’Usafricom continue de soutenir les efforts du gouvernement américain. On travaille avec des agences ».

MENACE EL SHEBAB
Le commandant de l’Usafricom estime qu’ « on assiste aujourd’hui à la croissance des réseaux transnationaux criminels organisés ». C’est sans nul doute pourquoi la lutte contre les organisations extrémistes et terroristes violentes et leurs réseaux fait partie des préoccupations de l’Usafricom.

Selon le général David Rodriguez, pour ce qui est du réseau terroriste El Shebab, « 6 pays africains soutiennent l’effort de maintien de la paix en Somalie. »

Pour lui, « le Mali est un exemple de lutte contre le terrorisme. Il faut gérer la menace de la sécurité. En Afrique de l’Est, El Shebab continue d’attaquer. La criminalité maritime continue d’opérer en Afrique de l’Ouest. Il faut des efforts communs ». D’après lui, le groupe extrémiste somalien utilise une nouvelle tactique. « Comme vous le savez, les forces de l’Union africaine ont lancé des offensives qui contribuent à réduire l’influence d’El Shebab qui a changé de stratégie. Maintenant, El Shebab attaque et menace les pays qui aident la Somalie. Ils veulent les évincer de ces pays. Ils s’attaquent aussi aux troupes de l’Onusor. En ce moment, il y a des explosions au Kenya (Ndlr les propos ont été recueillis le 16 mai) ». Pour ce qui est de l’appui de l’Usafricom, « nous avons une équipe qui travaille avec l’Onusor. Nous travaillons à partager l’information et avoir le meilleur renseignement… Comme vous le savez, El Shebab a menacé les intérêts des Etats-Unis dans cette région, en Europe et en Amérique. Leurs offensives se sont ralenties avec la saison des pluies ».

RAPT DES FILLES PAR BOKO HARAM : INTERVENTION USAFRICOM ?
Sur la question d’une éventuelle intervention de l’Usafricom pour tenter de libérer les jeunes filles nigérianes enlevées par le réseau terroriste Boko Haram, le général Davis Rodriguez est on ne peut plus clair : « C’est une décision du gouvernement américain. Cette décision sera prise par les décideurs politiques au plus haut niveau. » Mais avant cela, il faudrait que Lagos sollicite l’aide de Washington. « Nous répondons aux demandes du gouvernement nigérian. Nous ne ferons rien sauf si l’on nous le demande. Nous allons lui fournir des informations dont nous disposons ».

Le patron de l’Usafricom est d’avis que pour plus d’efficacité, « la véritable lutte contre le terrorisme, c’est de s’attaquer à la racine ». Pour lui, c’est « sur le long terme que nous envisageons cela ». Selon le commandant de l’Usafricom, les questions de bonne gouvernance sont très importantes pour trouver une solution ; « c’est une approche globale ».

LUTTE CONTRE LA DROGUE EN AFRIQUE
La lutte contre le trafic de drogues fait partie des préoccupations de l’Usafricom. Pour le général David Rodriguez, « les réseaux de la drogue sont nombreux. Il y en a en Amérique Latine. Il y a également un réseau grandissant qui vient de l’Afrique de l’Est. La lutte contre le trafic de drogue est un vrai défi pour les nations africaines. L’Usafricom travaille avec les pays qui bénéficient des exercices de formation dont nous venons de terminer le dernier. Nous travaillons toujours avec les gardes-côtes. »

IMMIGRATION CLANDESTINE
Le général David Rodriguez considère l’immigration clandestine comme un grand défi sécuritaire. Selon lui, il ya « 400 000 immigrants clandestins africains qui vont en Europe chaque année ». Pour l’Usafricom, « nous devons créer les conditions pour aider les pays à avoir les capacités de contrôler leurs frontières. Nous soutenons et répondons aux demandes des gouvernements »

CRISE CENTRAFRICAINE
Pour ce qui est de la crise centrafricaine, le commandant de l’Usafricom considère que « Nous avons fait un certain effort. Quand la crise s’est développée, nous avons envoyé une équipe pour le transport et l’équipement. Nous avons soutenu des pays comme le Burundi et le Rwanda et nous continuons à les soutenir ».

RECUPERATION DES ARMES
Concernant la récupération des armes tombées entre les mains des rebelles comme ce fut le cas en Libye, le général David Rodriguez est d’avis que « Les armes qui étaient stockées en Libye ont été utilisées pour semer le désordre. Nous travaillons avec de nombreuses nations pour limiter la dissimulation de ces armes. Il faut mettre en place les forces nécessaires pour circonscrire la circulation des armes ».

ATTENTE DE L’USAFRICOM DE L’UNION AFRICAINE ET DE LA CEDEAO
Pour le patron de l’Usafricom des organisations comme la Cedeao qui lors de la guerre au Nord Mali a pu « rassembler 11 pays et mettre en place un code de conduite » et l’Union africaine qui « travaille avec les Nations unies » sont en train de « faire un bon boulot ». Il estime qu’il faut « collectiviser les efforts. Quand l’Union africaine et la Cedeao veulent régler une crise, elles ont souvent besoin d’équipement. L’Union africaine travaille d’arrache pied pour mettre en place une brigade d’alerte. »

PRESENCE DE LA CHINE EN AFRIQUE
Répondant à la question de savoir ce qu’il pense de la présence de la Chine en Afrique, le général David Rodriguez dira que « dans le domaine de la sécurité, la Chine participe à des missions ». Il estime que les relations entre le pays de Mao et le continent noir sont « basées sur des intérêts économiques. » L’Usafricom n’a pas vocation à contrer l’action de la Chine en Afrique. « Nous avons des approches différentes. » Pour les Etats-unis : « notre intérêt, c’est de créer les conditions d’une stabilité et d’une bonne gouvernance ».

LES LECONS D’UN SYMPOSIUM MILITAIRES ET HOMMES DE MEDIA : DE LA COMPLEXITÉ À LA… SIMPLICITÉ DES RELATIONS
Gamisch : Le symposium sur les affaires publiques militaires et les médias organisé par le commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Usafricom) s’est déroulé du 12 au 16 mai 2014 à Garmisch (Allemagne). Pendant cinq jours, une cinquantaine de personnes (dont des membres de l’Usafricom, des militaires africains, responsables des relations publiques de leur armée, des « journalistes militaires » comme dirait l’autre, et des journalistes d’une dizaine de pays du continent noir) ont beaucoup échangé à travers des table ronde, ateliers et autres discussions.

Ce séminaire a d’abord permis aux participants d’avoir une bonne compréhension des missions du commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (Usafricom), créé en 2007 et dont le siège est à Stuttgart. « L’aide accordée aux pays africains dans le développement de leurs capacités de défense permet aux Africains non seulement d’aborder les menaces à leur sécurité, mais également de réduire les menaces contre les intérêts des Etats-Unis. « On réunit nos efforts pour contribuer à former des militaires compétents et professionnels qui respectent les droits de l’homme, adhérents à l’Etat de droit et contribuent d’une manière efficace à la stabilité de l’Afrique». Ensuite à l’occasion de ce symposium qui se veut « être une formation professionnelle et une occasion d’échanger en toute liberté dans le domaine des affaires publiques militaires et des organismes médiatiques », un autre objectif est de « Partager nos idées et nos expériences », pour « mieux se comprendre mutuellement » et ainsi « travailler mieux ensemble », a été atteint par le séminaire de Garmisch. Désormais, les hommes de média savent qu’en période de guerre », l’impératif de leur protection et de leur couverture sécuritaire restent difficilement conciliable avec l’impérieuse nécessité de se focaliser sur l’ennemi. » Conséquence, « l’armée ne souhaite pas avoir des hommes de presse sur la ligne de front ». En tous les cas, sur le terrain, même si les militaires considèrent la prise en compte de la sécurité des journalistes comme une impérieuse nécessité, le journaliste Eduardo Cue représentant régional des services en Afrique considère que « la vie du journaliste qui se déplace dans un conflit n’est pas de la responsabilité des militaires. Le journaliste prend des risques en connaissance de cause. » Autrement dit, l’homme de média qui se met sur la ligne de front pour suivre de plus près le théâtre des opérations et ainsi éviter les « manipulations », des « press show » de l’armée, le fait à ses risques et périls . Pourtant, en période de conflit, le journaliste devrait avoir confiance aux militaires qui considèrent que la « sécurité réside dans une presse libre. Il faut que nos eaux restent pures. Là où l’on peut lire une presse libre, il y a une sécurité ». Si les militaires ne révèlent pas certaines informations, ce serait tout simplement pour « ne pas mettre en danger la sécurité nationale et la sécurité des combattants ». Ce qui souffre de « l’impatience des confrères ».

Au final, militaires et journalistes ont pu, lors de ce symposium de Garmisch, mesurer la complexité pour ne pas dire la tension qui entoure leurs relations surtout en période de conflit et aussi explorer les voies pour mieux les huiler. Concilier « deux cultures impossibles à concilier ». Passer tout simplement de la complexité à la…simplicité des rapports.

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