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Déficit d’enseignants: La polémique fait rage !
Publié le mercredi 5 octobre 2022  |  Enquête Plus
Rentrée
© aDakar.com par SB
Rentrée scolaire 2018/2019
Dakar, 4 octobre 2018 - Les élèves ont repris le chemin des écoles, ce jeudi 4 octobre, pour l`année scolaire 2018/2019.
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La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep) a publié une information faisant état d'un déficit de 45 000 enseignants au Sénégal. Toutefois, le démenti ne s'est pas fait attendre du côté du ministère de l'Éducation nationale. Une situation qui a mêlé les syndicats de l'enseignement.

Octobre, mois coïncidant avec la reprise du chemin de l'école. C'est l'ouverture des classes pour la période 2022-2023. Mais le début ne s'est pas passé sans bruit. La nouvelle année scolaire a commencé par des polémiques. Cette fois-ci, c'est autour des chiffres. Les enseignants et le ministère de tutelle ont apporté, chacun en ce qui le concerne, des précisions sur l'information donnée récemment par la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (Cosydep).

En effet, celle-ci a révélé qu'il y a un déficit de 45 000 enseignants au Sénégal. Information battue en brèche par le ministère de l'Éducation nationale, à travers la Direction de la formation et de la communication (DFC). En réponse à cette révélation, la DFC écrit : "Une information parue dans la presse et circulant dans les réseaux sociaux fait état d’un déficit de 45 000 enseignants qui aurait été constaté. Le ministère de l’Éducation nationale informe l’opinion nationale que cette information fausse et dénuée de tout fondement rationnel n’émane pas de ses services.'' Et elle ne s'en limite pas là.

Ainsi, pour des besoins d'éclaircissements supplémentaires, elle déclare : "Ce déficit avait été enrayé en 2021, grâce à un recrutement spécial de 5 000 enseignants en sus de 3 800 autres issus des concours de recrutement des élèves maîtres et des élèves professeurs.'' Et de préciser aussi que le déficit en enseignants constitue un stock qui se renouvelle annuellement à cause des départs à la retraite, des cas de décès, des positions de disponibilité, de détachement, de mise en position de stage, des enseignants admis en commission santé…

Les syndicalistes entrent dans la danse

La DFC est revenue sur l'augmentation du personnel enseignant pour cette année en cours. Elle renseigne ainsi : "Au titre de l’année scolaire 2022-2023, la direction des ressources humaines a demandé, pour autorisation de recrutement, 5 726 enseignants dont 2 992 maîtres, 2 525 professeurs et 209 inspecteurs.''

Ceci dit, il faut noter, selon la DFC, qu'il y a aussi 1 075 enseignants en attente d'affectation, pour le compte de l'année 2022-2023.

Cependant, en dépit du rejet des chiffres de la Cosydep, les enseignants tiennent tête à leur ministère de tutelle. Même si les 45 000 enseignants de déficit révélés restent à revoir, il faut admettre qu'il y a un manque notoire d'enseignants dans le système. D'ailleurs, Aliou Diouf du Cusems y est revenu : "Je ne connais pas le nombre exact, mais ce qui est sûr, c'est qu'il y a un déficit. On ne peut pas le nier. Vous regroupez deux classes dans une salle et vous dites qu'il n'y a pas de déficit. C'est une façon de tromper. Imaginez qu'on éclate cette salle en deux classes. Là c'est pour, au moins, deux enseignants. Le manque est là. Il faut savoir qu'au Sénégal, il y a un nombre pléthorique d'élèves. Comme dans certaines écoles de la banlieue dakaroise où l’on met dans une salle presque 120 apprenants. C'est un phénomène qui était connu au primaire. Mais maintenant, c'est arrivé au niveau du collège et même au lycée.''

En révélant le déficit à hauteur de 45 000 enseignants, la Cosydep ne manque pas de rationalité. Et cela, on peut le justifier par la réaction de Faty. Pour le secrétaire général du Sels/Authentique, il y a, au minimum, un manque de vingt mille enseignants. Il avance : ‘’Nous affirmons qu'il manque, au moins, plus de vingt mille enseignants. On peut comprendre la Cosydep. Déjà, dans un pays normal, le ratio maître-élèves ne doit pas dépasser quarante. Aussi, il ne doit pas y avoir de classes multigrades, (effectif de deux classes dans une seule salle), ni de classes doubles flux (où une partie des élèves fait cours le matin pour ensuite céder la salle à l'autre partie qui va faire cours le soir). Alors, en tenant compte de tout problème de multigrade, de doubles flux que nous connaissons ici au Sénégal, on n'est pas du tout loin des chiffres de la Cosydep. Il y a même, dans le Fouta, où l’on regroupe trois classes dans une seule salle.''

Par rapport aux normes de l'Unesco, un enseignant doit avoir une quarantaine d'élèves, selon M. Faty. Et pour mieux appuyer la thèse du déficit d'enseignants, il rappelle : ''Faites le tour à Dakar, à la rentrée. Nos camarades dames qui vont en congé de maternité ne sont pas remplacées pour la plupart. Leurs classes restent vacantes, sinon c'est des gens qui les tiennent jusqu'à ce qu'elles reviennent. Cela dénote qu'il y a un manque d'enseignants.''

''Un déficit de 30 000 enseignants l'année dernière''

Le secrétaire général du Sels/Authentique a rappelé un grand déficit de l'année passée. Monsieur Faty révèle : "Ce qui est constant, c'est que, l'année dernière, il manquait plus de 30 000 enseignants. C'est pourquoi, d'ailleurs, l'État avait fait un recrutement spécial de 5 000 enseignants, au-delà des 3 000 recrutés classiquement.''

D'après lui, le recrutement supplémentaire ou spécial était fait pour résorber le gap des 30 000. Et s'il n'y avait pas de déficit d'enseignants, il n'y aurait pas nécessité de faire ce recrutement supplémentaire.

Cette question du déficit d'enseignants est due, en grande partie, à l'absence de concours organisé pour les recrutements. Déjà, pour cette année, le concours du Crem, qui concerne les enseignants du primaire, n'est, jusque-là, pas organisé. Même chose pour la Fastef qui forme les professeurs. ''Si l'État se met dans une dynamique de projection, il doit nécessairement faire coïncider les concours avec la rentrée scolaire. Mais au moment où l’on parle, le concours du Crem n'est pas encore organisé. Pis, ceux qui étaient en formation l'année dernière n'ont pas encore passé leur examen de sortie. C'est-à-dire qu'ils ne sont pas encore affectés. On devait organiser le concours du Crem et permettre aux admis de suivre leur formation de neuf mois. Ce qui aurait pu leur donner la possibilité d'être opérationnels dès le mois d'octobre''.

Cet avis est partagé par M. Diouf : ''Ces concours doivent être organisés régulièrement. Je ne sais pas pourquoi ce n'est pas encore programmé. Peut-être c'est lié au remaniement ministériel. Ils doivent se tenir chaque année, car le besoin est là chaque année.''
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