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Art et Culture

saer maty ba, écrivain et "explorateur du ressenti"
Publié le lundi 22 aout 2022  |  Agence de Presse Sénégalaise
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Dakar, 21 août (APS) - L’écrivain sénégalais Saer Maty Ba, dont 5 des ouvrages publiés en France entre 2019 et 2022 seront présentés à Dakar, se veut adepte du récit imagé et refuse plus que tout d’être soumis au "diktat" de quelque genre littéraire que ce soit.



"Mon écriture n’est pas soumise au diktat de la forme", affirme l’écrivain qui séjourna actuellement au Sénégal où il va présenter 5 de ses ouvrages, vendredi, à partir de 16 heures, à la Maison de la culture Douta Seck, à Dakar.



"Qu’est-ce qu’un roman ? Qu’est-ce qu’une nouvelle ?", se demande Saer Maty Ba, professeur d’études anglophones (cultures visuelles, littératures) en France et au Royaume-Uni.



"J’essaie d’écrire le ressenti plutôt que les faits. Je ne suis pas un journaliste, ni un Emile Zola (écrivain et journaliste français 1840-1902), ni encore un naturaliste ou un réaliste, je suis écrivain (…). Je me vois en tant qu’explorateur du ressenti, de l’affect, de l’altérité, je vais vers l’autre", a-t-il dit dans un entretien avec l’APS.


L’écrivain considère que la particularité de ses livres se trouve dans la mise en scène et le récit imagé proposés aux lecteurs.



Il estime que la forme de son écriture est surtout dictée par l’histoire, les personnages, l’atmosphère, les thèmes et les situations.


"J’aime dire que les écrivains et écrivaines qui m’ont plu à travers l’histoire mondiale sont celles et ceux qui, bien sûr, ont connu les codes, les formes, mais les ont plus ou moins bafoués, changés et les ont mis de côté", a-t-il indiqué.



Saer Maty Ba a évoqué en particulier la romancière américaine Toni Morrison (1931-2019), prix Nobel de littérature en 1993 et prix Pulitzer de la fiction en 1988.


Les comités de lecture qui ont lu ses ouvrages ne s’accordent jamais sur le genre, selon lui.


UN ÉCRIVAIN QUI FILME AVEC SA PLUME

Saer Maty Ba, dont la plume filme, se voit à travers ses écrits comme un metteur en scène, un scénariste, un producteur.


"Ma plume n’est pas une caméra, ma plume filme et je la voudrais metteuse en scène, scénariste, productrice, une cinéaste. Mais quand il s’agit d’écrire et de décrire, on la compare à une caméra donc j’essaie de filmer avec la plume", souligne le docteur en études cinématographiques qui enseigne la textualité et l’intertextualité dans le documentaire noir.


Il refuse toutefois d’être présenté comme "un écrivain qui filme avec sa plume", car dit-il, le cinéma, les techniques cinématographiques, l’histoire et l’esthétique ainsi que l’éthique du cinéma et des images font partie de ce qui l’ont fait "écriveur".


Il dit être venu à la littérature par amour pour l’écriture, "par amour de la combinaison des 26 lettres de l’alphabet" afin de créer un rythme, des histoires, des contes et des fables, des tournures qui lui sont propres.



Une envie de lecture acquise au sein du cercle familial, avec l’aide de jeux de l’esprit pratiqués dans le cadre familial.


"Cette bibliothèque, cette envie de lire qu’on nous a donnée depuis très jeune, ma sœur et moi surtout, et mes jeunes frères, par des parents qui ont créé une bibliothèque pour nous et nous ont encouragés à faire des fiches de lecture, ont créé l’envie de coucher sur papier quelque chose de personnelle, de moi", fait valoir l’écrivain.


Après, l’environnement familial a aussi contribué à cet amour de la lecture, avec un père officier de gendarmerie habitué à écrire des rapports et une mère qui s’y est mise par le biais de l’encadrement en aidant régulièrement ses enfants à faire leurs devoirs.


C’est ainsi que lui est venu "le goût de la lecture, de la littérature et l’enseignement de la littérature", accompagnant l’élève qu’il était, l’étudiant de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar ensuite et désormais l’enseignant qu’il est devenu.


Saer Maty Ba a publié cinq ouvrages marqués par des "thèmes universels très variés", de l’éducation au métissage, en passant par l’enfance, la paternité et la culture en général.


L’Afrique traverse ses livres même s’il faut aller parfois chercher le continent dans "Prothèses poussiéreuses, le continent au cinéma", son premier récit publié aux éditions "Sydney Laurent", à Paris, en 2019.



Ce livre revient sur les souvenirs d’enfance de l’auteur dont la dernière œuvre ("Ces mots dans mes veines"), publiée en 2022 aux éditions "Lys Bleu", est plutôt classée comme un recueil d’essais.



’’L’AFRIQUE EST LÀ, EN MOI’’

"Ces textes les uns plus longs que les autres sont situés aux confluences de la méditation, de la confession et du manifeste. J’ingère même de la fiction, du mystique sur ce que devait être le réel du point de vue cartésien", note-t-il.

Entre les deux, il a publié "Femmes fortes" en 2021 et un roman intitulé "Fissure" la même année, après avoir sorti en 2020 "Le serment du maitre ignorant", autre roman.

"L’Afrique est là, c’est évident parce qu’il est en moi au même titre que je puise de l’Afrique", soutient Saer Maty Ba, avant de justifier la décision, "l’obligation" de présenter ses cinq ouvrages au Sénégal.

Une première raison est liée selon lui à l’hommage qu’il veut rendre de ce fait à ses parents aujourd’hui disparus et qui, dit-il, ont été "très influents" sur le devenir de l’’homme qu’il est devenu et ce qu’il produit.

Il y a ensuite que "ceux et celles qui m’ont lu pensent que ces ouvrages profiteraient à un lectorat local (…)". "Il est arrivé à un moment de ma création littéraire ou des gens du livre, de la culture, très sérieux, qui ont lu les cinq ouvrages, m’ont dit : il est temps de faire quelque chose pour que l’on puisse profiter de ces ouvrages et vous mettre sur la carte des auteurs sénégalais, c’est au-delà de ma personne", confie-t-il.

L’écrivain sénégalais qui a fait tout son cursus scolaire et universitaire à Dakar estime que la littérature est un médicament pour la société.

Selon lui, la littérature est quelque chose d’utile et non de secondaire. "Elle est centrale à ce que l’on est mais pour déterminer cela, il va au-delà de l’auteur", dit-il.

Saer Maty Ba considère par ailleurs que l’écriture constitue une partie de son ADN et estime que "la littérature est utile à la société, à l’être humain, à la connaissance et à toute personne essayant de naviguer ces agrégats d’écueils qu’on appelle la vie".

Natif de de Dakar où il a également grandi, Saer Maty Ba a enseigné au Royaume-Uni pendant vingt ans et est désormais professeur indépendant en France.
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