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Inondations au Sénégal : Où sont passés les milliards dépensés ?
Publié le mercredi 27 juillet 2022  |  senenews.com
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© aDakar.com par BL
Visite du ministre de l`Intérieur dans les quartiers inondés de la région de Dakar
Dakar, le 23 août 2021 - Le ministre de l`Intérieur, Antoine Félix Diome, s`est rendu dans plusieurs localités de la région de Dakar pour constater les inondations causées par les pluies.
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Au Sénégal, il suffit que ciel ouvre ses vannes et bonjour les dégâts. Le constat est alarmant, la majeure partie des quartiers de Dakar, de la banlieue et de l’intérieur de pays est sous les eaux après plus d’une dizaine de millimètres de pluie. De Keur Massar à Rufisque en passant par Grand- Yoff, Ouakam, les Almadies, Yeumbeul, Guédiawaye, Zone de captage, Guinaw Rail ou encore Pikine, le décor est le même. Et pourtant , l’Etat du Sénégal avait mobilisé 766 milliards de Fcfa dans le cadre d’un plan décennal pour lutter contre les inondations.

Dix ans après le déclenchement de ce plan, le mal est profond. Plusieurs quartiers de Dakar et sa banlieue pataugent dans les eaux pluviales. De plus, le réseau d’assainissement au Sénégal est un véritable casse-tête. Le confinement des eaux pluviales, le stockage, la vidange, le transport , le traitement , la récupération et la réutilisation des ressources entre autres, les problèmes sont partout.

Et en plus de tous ces problèmes, l’étude sur l’évaluation des politiques d’assainissement montre qu’il y a une inadéquation des politiques d’assainissements et les réalités socio-culturelles. Ce qui cause des inondations au Sénégal.

Des milliards engloutis dans les eaux

Dakar, la capitale du Sénégal, est en proie à des inondations chaque été. Le réseau d’assainissement et d’évacuation des eaux ne résiste pas aux fortes précipitations. Il y a des constructions anarchiques en zones inondables, une démographie galopante et des infrastructures de drainage des eaux qui ne suivent pas. Résultat : les habitants vivent les pieds dans l’eau en saison des pluies.

L’ancien député, Abdou Sané, spécialiste des questions d’environnement et des fléaux liés aux changements climatiques, reconnaît que l’Office national de l’assainissement du Sénégal (ONAS) a présenté un bilan de 113 milliards FCFA qui, selon lui, ne répond pas à toutes les questions. « Ils ont un reliquat de 1 milliard pour Touba, un reliquat de plus de 910 millions pour Sédhiou, un reliquat de 1038 millions à Kaffrine. Comment expliquer ça aussi ? », s’interroge-t-il.

Sur les 511 milliards FCFA que le gouvernement dit avoir dépensé dans les inondations, M. Abdou Sané dit n’avoir pas vu de justificatif rendu publique que pour 398 milliards FCFA. Sur demande du président Macky Sall, du 15 septembre au 31 octobre 2020 , une mission d’information parlementaire effectuée a conclu que le Plan Décennal de Lutte contre les Inondations (PDLI) avait été exécuté à hauteur de 511 milliards FCFA, soit 66,65%. Mais l’ancien député Abdou Sané reproche aux élus d’avoir »tout simplement validé un rapport du gouvernement. »

Inadéquation des politiques d’assainissements, la source du mal

L’évaluation des politiques d’assainissement au Sénégal montre que la LPSD (La lettre de politique sectorielle et de développement) ne fait aucune référence aux normes existantes pour les niveaux de services avec ou d’autres sans égout tout au long de la chaîne de valeur de l’assainissement (confinement, stockage, vidange, transport, traitement, récupération et réutilisation des ressources, élimination). Cependant, des normes sont définies dans le code de l’assainissement, qui encadrent toute la chaîne de valeur de l’assainissement. Il y a également insuffisance de coordination intersectorielle entre ces différentes institutions mais aussi inexistence d’une entité unique et indépendante qui régule ce sous-secteur. A cela, s’ajoutent les insuffisances en termes d’harmonisation, de concertation et de complémentarité dans les approches et les interventions entre les différents acteurs. Cependant force est de constater que les experts à la question sont moins impliqués pour résoudre définitivement ce problème.

Invité dans une émission d’une chaine privée, le Dr Cheikh Gueye, géographe et responsable de la veille et prospective de l’Initiative prospective agricole et rurale (Ipar) à Enda Tiers monde, a soulevé un pan entier du problème.
« Les chercheurs sont moins. impliqués que les services de l’État. Pour moi, c’est une erreur parce que les inondations constituent un phénomène qui doit, comme le covid, comme d’autres défis mondiaux, interpeller tout le monde d’autant plus que mes collègues géographes ont fait pendant des dizaines d’années des travaux très importants qui peuvent déterminer un vrai changement et j’encourage l’État à produire ces espaces de discussions parce que les chercheurs sont là pour ça, notamment pour faire sortir l’État de cette logique politicienne dans la gestion des inondations« , a-t-il révélé.
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